Apic Reportage
Islande: On ne devient pas « missionnaire » ici comme dans d’autres régions du monde
Reykjavik, 27 septembre 2009 (Apic) « On dit que durant les longs hivers, la moitié des Islandais écrit des livres qui sont lus par l’autre moitié du pays…C’est un peuple qui cultive l’amour de sa langue et de ses traditions, même si la mondialisation est aussi passée par là! » C’est le constat que dresse le chancelier du diocèse de Reykjavik, le Père Jacques Rolland, un Alsacien né à Thann un jour de septembre 1956.
Séra Jakob, comme on appelle l’abbé Rolland en islandais, insiste sur l’importance de la culture pour ce petit pays nordique de quelque 103’000 km2. Situé à la limite du Cercle polaire arctique, sa population n’est que de 330’000 habitants et sa langue, un parler germanique scandinave puisant ses racines dans le norrois, n’a plus évolué depuis le Moyen Age, à la différence de ses lointains voisins: Norvège, Suède et Danemark.
L’isolement de l’Islande dans l’Atlantique Nord et son importante tradition écrite ont permis une conservation exceptionnelle de la langue originelle, non seulement dans sa version écrite, mais également dans sa version orale. La culture, c’est la fierté et la force de ce petit peuple qui a perdu de son importance stratégique après l’effondrement des blocs (*).
On ne devient pas « missionnaire » en Islande comme dans d’autres régions du monde, ici il faut sérieusement s’inculturer, insiste Séra Jakob, un ancien étudiant en théologie de l’Université de Fribourg. Et de relever que le pays n’a pas de grand héritage architectural (**), ni une grande signification économique ou politique. C’est pourquoi la culture, notamment la langue, y jouent un rôle si crucial. « Si nous, les prêtres de langue étrangère, voulons avoir accès aux Islandais, il est indispensable que nous maîtrisions leur langue. Nous devons absolument avoir des prêtres islandais. Pour les catholiques islandais, ce n’est pas si facile de se trouver dans une Eglise d’immigrés, ils ne se sentent pas toujours très à l’aise dans la communauté catholique… La politique de l’Eglise ici, quand on dit la messe pour tout le monde, c’est de la dire en islandais ».
Aujourd’hui, admet-il, avec 17 prêtres pour l’ensemble du diocèse, la situation est plus facile. « Mais au début, quand je suis arrivé, il n’y avait que quatre prêtres, et je faisais de 1’000 à 1’500 km de déplacement chaque week-end. On arrivait tout juste à couvrir les messes du dimanche, à baptiser. On partait le jeudi soir, et ce n’étaient pas les belles routes comme aujourd’hui. Parfois, on ne pouvait pas aller plus vite que 40 ou 50 km à l’heure. Je passais tout mon week-end en voiture pour aller dire la messe à l’intérieur du pays, pour 3, 5 ou 10 personnes ».
Quand le chancelier du diocèse de Reykjavik se rend dans les paroisses isolées, c’est encore un peu comme aux premières années de son ministère. Séra Jakob s’y rend généralement le jeudi, et passe dans les usines de poissons pour savoir jusqu’à quand le personnel travaille, car cela dépend de l’arrivage du poisson. Il fixe alors l’horaire de la messe en conséquence. Après cela, Séra Jakob passe dans toutes les maisons des catholiques pour leur annoncer l’heure de la messe. « Les catholiques de ces régions sont essentiellement des Polonais, et si on ne les rappelle pas, ils ne viennent pas à la messe », ajoute de sa voix douce le prêtre alsacien âgé de 53 ans.
Le prêtre catholique dit généralement la messe dans les églises luthériennes, avec lesquelles un accord a été passé. Il ne paie pas de location, mais donne une contribution pour le chauffage et le nettoyage des locaux. Les distances sont une chose, mais pour atteindre les Islandais, qui sont très conscients de leur identité, le problème culturel en est un autre…
En effet, l’Eglise catholique islandaise ne dispose pas de beaucoup de documents théologiques écrits en langue nationale. Tous les documents de Rome viennent dans une autre langue. « On ne peut pas traduire tous les documents du Vatican, il faut faire des choix en fonction des priorités », insiste Mgr Pierre Bürcher, évêque catholique de Reykjavik. Il faut donc trouver des traducteurs sur place, mais ce n’est pas si simple, car un bon professeur de langues n’a pas forcément une bonne connaissance aux plans théologique et spirituel, et il ne connaîtra pas nécessairement l’Eglise catholique.
Tout ce travail retombe finalement sur les prêtres locaux et cela prend beaucoup de temps. Ainsi la dernière encyclique de Benoît XVI n’est pas encore traduite. Avec l’abbé Hjalti Thorkelsson, curé d’Akureyri – le seul prêtre islandais parmi le clergé -, Mgr Bürcher a formé une commission pour la nouvelle traduction du missel romain qui n’existe pas encore en islandais en version officielle. « On travaille actuellement avec une traduction provisoire ».
Pour traduire le nouveau missel romain dans la langue de l’île, la première phase est de confier ce travail à un professeur d’islandais et de latin, car le texte de base est le texte latin. « Mais en général cela ne suffit pas. Le professeur fait une première ébauche, mais comme il est de confession luthérienne et pas de culture catholique, alors il faut lui adjoindre un théologien catholique pour traduire telle ou telle expression. Dans une troisième phase, nous devons faire appel à des catholiques islandais qui relisent tout et proposent des amendements ».
« Maintenant, pour le nouveau missel romain, on est dans la dernière ligne droite: ce mois-ci on va étudier ce texte à la Conférence des évêques des pays scandinaves et l’approuver, avant de le transmettre à la Congrégation pour la liturgie, qui donnera l’approbation finale. C’est un long processus ! », explique Mgr Bürcher. A Rome, le texte sera confié à des personnes compétentes qui non seulement parlent parfaitement l’islandais, mais qui connaissent aussi parfaitement la théologie, le contexte et la culture de ce pays. Comme la grande majorité des Islandais sont de confession luthérienne, cela complique encore la situation. Et il n’y a pas des centaines de milliers de personnes parlant islandais en dehors de l’île. Surtout, le peuple islandais est très sensible à la préservation de sa langue.
Durant les longs hivers, où la lumière du jour n’est là que pendant quelques heures, les Islandais prennent du temps pour lire et rédiger. La vie culturelle est très développée, et durant cette période, les Islandais se rendent souvent au concert ou au théâtre. Y compris dans le cadre de l’Eglise luthérienne.
« La majorité de la population est très axée sur la culture religieuse, plus que sur la foi d’ailleurs… Ainsi, souvent, dans les Eglises luthériennes, l’hiver, il y a davantage de concerts que de culte! Par contre, les enterrements sont très fréquentés », relève l’évêque d’origine haut-valaisanne. Chez les catholiques, qui comptent une majorité de Polonais ainsi que de Philippins et des Latino-américains, la réalité est évidemment très différente. « Ils sont très pratiquants et très présents, et cela arrive assez souvent que la cathédrale soit trop petite.
Et pourtant c’est la plus grande de tous les pays nordiques », poursuit Mgr Bürcher, qui note non sans fierté, que sa cathédrale, la plus septentrionale du monde, est la seule dédiée au Christ Roi de l’univers. JB
Encadré#
Mgr Bürcher est membre de la Conférence des évêques des pays scandinaves
Membre de la Conférence des évêques des pays scandinaves (qui regroupe le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède), Mgr Bürcher se réunit avec ses confrères deux fois par an, en mars et en septembre. Il faut pour se rencontrer au minimum trois heures d’avion: c’est la réalité de la dispersion des catholiques dans ces régions nordiques, une situation de diaspora aussi à l’intérieur du pays. « Chaque fois qu’il me faut aller donner la confirmation à l’extérieur, je suis obligé de prendre l’avion, sinon je passerais des journées entières uniquement sur la route. Sans compter qu’il y a encore de nombreuses régions où les chemins ne sont pas asphaltés. Si je veux aller en voiture au monastère des capucins de Kollaleira, à Reydarfjördur, dans les fjords de l’Est, il me faut au minimum dix à douze heures de voiture pour un aller simple. A cause de la neige, il arrive que la route soit coupée pendant un moment durant l’hiver. On peut être bloqué aussi si l’on prend l’avion, en raison d’un vent violent. On passe beaucoup de temps en déplacements… » JB
« J’ai été tellement bien accueilli dans ce pays quand j’y suis venu la première fois que je me suis dit que je n’avais pas besoin de chercher plus loin. A l’époque, je commençais seulement mes études. J’ai étudié la théologie à Fribourg et j’ai été ordonné diacre à Reykjavik en 1982 puis prêtre à Fribourg-en-Brisgau en 1983. J’ai passé un an à Strasbourg, mon diocèse d’origine, pour connaître une situation pastorale plus ordinaire que celle qui prévaut en Islande », témoigne le Père Jakob Rolland, Séra Jakob en islandais. Quand le prêtre français est arrivé dans cette île de tradition luthérienne, il y a un quart de siècle, elle ne comptait pas un millier de catholiques.
Pour un prêtre étranger, la langue est un véritable obstacle: « Alors que je suis ici depuis plus de 25 ans, j’arrive certes à prêcher à la cathédrale, mais je fais toujours corriger mes homélies par un Islandais. Pour être parfaitement islandophone, cela prend une vie! Les Islandais eux-mêmes font des fautes… »
En un quart de siècle, on a multiplié le nombre de catholiques par dix, et l’explication est principalement l’immigration, suite à l’entrée dans l’Espace Economique Européen (EEE), ce qui a provoqué une très forte arrivée de Polonais. Comme membres de l’Union européenne, ils ont accès sans grande difficulté au marché du travail. Alors que la situation économique n’était pas très rose en Pologne, jusqu’à la crise de l’année dernière, en Islande on manquait partout de main d’œuvre, des ingénieurs aux infirmières, dans le bâtiment, les pêcheries… JB
Dans ce pays rude et au climat hostile – l’un des plus pauvres de la planète jusqu’il n’y a pas si longtemps – il faut être fort et déterminé. Avec l’effondrement de la bulle financière spéculative il y a tout juste un an, l’Islande, qui avait développé un fort secteur financier ces dernières années, a payé le prix fort: les trois plus grandes banques du pays (Glitnir, Landsbanki et Kaupthing) se sont effondrées. En comparaison avec la taille de l’économie de l’île, la crise islandaise a été la plus importante dans l’histoire jamais subie par un pays. La crise financière a également provoqué une forte récession dans l’économie réelle, et le PIB a subi une décroissance de 5,5% en termes réels dans les six premiers mois de 2009. La couronne islandaise (króna), la monnaie nationale, a connu un sévère recul.
Alors que la crise économique plongeait le pays dans une profonde dépression, le Père Jakob Rolland, chancelier du diocèse de Reykjavik, a organisé plusieurs veillées de prières et dîners gratuits pour les paroissiens. Il constate un retour aux vraies valeurs, la famille, la solidarité, l’éducation… « Maintenant les jeunes, qui ont souvent été trop gâtés, vont retrouver les joies simples, le plaisir d’être ensemble. Et leurs grands-parents, qui en ont vu d’autres, leur apprendront à accommoder les restes de poisson ». JB
Avant la crise, l’Islande manquait de main d’œuvre, surtout dans la construction. « Reykjavik s’est construite à la vitesse « grand v » et il fallait du monde. Les Polonais sont venus surtout pour cela. Les Philippins sont venus avant, à la fin des années 70, début des années 80. Ce ne sont pas des travailleurs saisonniers. Une femme qui a épousé un Islandais a amené sa sœur, sa cousine, sa voisine, et la sœur de sa voisine….C’était tout au début uniquement des femmes, puis des familles. Elles sont venues dans le but de fonder une famille et de s’installer. Les Polonais ne viennent que quelques mois ou quelques années et ne rêvent que d’une chose, c’est de rentrer au pays avec un pactole. Les Philippines s’adaptent beaucoup mieux que les Européens, et s’intègrent, en apprenant très vite la langue ». JB
Les Philippines amènent leurs enfants à la messe, puis leur mari, car les luthériens n’ont pas le culte toutes les semaines comme les catholiques. Ils vont au culte pour les occasions spéciales, comme le baptême ou la confirmation, la pratique dominicale ordinaire est pratiquement inexistante. « Ils viennent régulièrement à la messe, et certains demandent à devenir catholiques. J’en ai préparé plus d’une centaine à devenir catholiques. On a dix à vingt convertis par an. Cela ne pose aucun problème aux pasteurs luthériens. Ils sont payés par l’Etat pour organiser les cérémonies: baptêmes, mariages, enterrements, célébrer les confirmations, et accessoirement les célébrations du dimanche. A Reykjavik, on a des cultes tous les dimanches, mais dans la campagne, c’est une fois par mois, voire tous les deux mois… « , témoigne Séra Jakob
« L’Eglise luthérienne est une Eglise d’Etat, et les pasteurs sont des fonctionnaires. Même les pasteurs ne vont pas au culte le dimanche, s’ils ne sont pas de service. Des pasteurs à la retraite deviennent catholiques, il y en a actuellement trois qui ont quitté l’Eglise luthérienne. Il ne faut pas oublier que les Islandais n’ont pas demandé à devenir luthériens, cela leur a été imposé par le roi du Danemark au XVIe siècle. Dans la mentalité des Islandais, leur pays est mort le 7 novembre 1550, lorsque l’on a exécuté l’évêque catholique Jón Arason et ses deux fils (***). C’était la fin d’une période faste pour beaucoup d’Islandais, car dans les décennies suivantes, il y a eu des changements climatiques considérables, des éruptions volcaniques et des épidémies qui ont décimé la population. Au XVIIIème siècle, la population était tombée à 30’000 habitants… «
C’était aussi l’époque de la domination absolue des rois du Danemark, avec le monopole du commerce réservé aux Danois. (****). « L’histoire de Luther et celle de ses idées sont peu connues en Islande, ce n’est même pas traduit en islandais. Les Islandais n’ont qu’une vague connaissance du luthéranisme », affirme encore le prêtre français, et il n’y a pas d’opposition à ce que certains d’entre eux deviennent catholiques. JB
Les premiers prêtres catholiques revenus en Islande après la période de répression et d’interdiction lors de l’imposition de la Réforme en 1550 furent au milieu du XIXème siècle les missionnaires français Jean-Baptiste Baudoin et Bernard Bernard. L’Islande faisait partie depuis décembre 1855 de la nouvelle Préfecture apostolique du Pole Nord, et le pays reconnut finalement la liberté de culte en 1874. Dès lors, l’Eglise catholique a pu se développer librement, l’Islande devenant alors une unité indépendante, d’abord en tant que Préfecture apostolique d’Islande, en 1923, et quelques années plus tard, comme Vicariat apostolique d’Islande, en 1929. C’est en 1968 que le Vicariat devient finalement un diocèse à part entière, avec l’érection du diocèse de Reykjavik. L’Islande n’était plus, du point de vue formel, un « pays de mission ». Mais les catholiques demeuraient une petite minorité: s’ils sont aujourd’hui près de 10’000– en majorité des immigrés – sur une population de 330’000 habitants, ils n’étaient encore qu’environ 450 en 1950. En 2008, la population catholique (officiellement enregistrée par l’Etat) pouvait compter sur 18 prêtres (dont les deux tiers de religieux) et 34 soeurs de six congrégations religieuses différentes, actifs dans 5 paroisses. Il y a eu l’an dernier 183 baptêmes et 94 confirmations pour 24 enterrements. JB
Le fait que l’Eglise catholique renaît en Islande ne pose pas vraiment de problèmes aux luthériens. « On ne nous reproche pas ici de faire du prosélytisme, c’est plutôt le contraire: ce sont eux qui nous sollicitent d’être plus présents. Certes, depuis le retour de l’Eglise catholique en Islande au XIXe siècle, il y a eu dix prêtres autochtones, dont un évêque. Finalement, ce n’est pas mal dans une communauté qui n’avait au début qu’une famille catholique! Il n’y actuellement que l’abbé Hjalti Thorkelsson, qui est curé de la paroisse St-Pierre à Akureyri, qui soit islandais, et un séminariste, Oskar Thorsteinsson, qui va faire sa théologie à la rentrée à Rome. Deux autres sont intéressés sérieusement, dont l’un va commencer ses études de philosophie cet automne également à Rome. Ce n’est pas si mal pour les quelque 10’000 catholiques officiellement enregistrés, dont seuls 3’000 sont Islandais », note Séra Jakob.
« Pour la grande majorité des pasteurs, pour l’instant l’Eglise catholique a une connotation étrangère, d’Eglise d’immigrés, qui accueille des Polonais, des Philippins, mais pas tellement d’Islandais, poursuit Séra Jakob. Donc cela ne les touche pas tellement. Certains pasteurs, par contre, sont très contents de la présence catholique, cela stimule l’Eglise luthérienne, c’est une certaine concurrence. Des pasteurs nous disent carrément qu’il faut que l’Eglise luthérienne revienne vers Rome, même s’ils ne font pas encore le pas eux-mêmes ».
« Ce que craignent nombre de pasteurs, c’est qu’étant fonctionnaires de l’Eglise d’Etat, s’ils rejoignent l’Eglise catholique, ils perdent leur statut, et cela leur poserait des problèmes économiques notamment. Je prépare une femme à devenir catholique, c’est la fille d’un pasteur qui aimerait lui-même devenir catholique, mais il ne le peut pas pour l’instant. Dès qu’il prendra sa retraite, il franchira le pas. Plusieurs l’ont déjà franchi » JB
L’Eglise luthérienne d’Islande est une institution d’Etat et elle risque l’effondrement total si le gouvernement actuel – issu des dernières élections, avec une coalition réunissant l’Alliance sociale-démocrate (Sam) et le Mouvement Gauche-Verts (Vg), – décidait de mener à bien son programme, qui comprend une rupture entre l’Eglise et l’Etat. Les sociaux-démocrates ne sont pas encore déterminés, mais les verts de gauche ont dans leur programme la séparation Eglise-Etat. « Cela signifierait que l’Eglise luthérienne n’aurait plus le soutien de l’Etat et devrait vivre de ses propres revenus et des collectes du dimanche. En peu de temps, il risque de ne plus y avoir un seul pasteur! Je ne crois pas que ce serait bénéfique pour nous. Du côté catholique, on a jusqu’à maintenant préféré le statut quo, car on ne pourrait de toute façon pas faire face et occuper la place perdue par les protestants. On n’a déjà pas les moyens de nous occuper comme il faudrait de nos propres fidèles, sans parler qu’il y a très peu de prêtres qui parlent islandais », assure Séra Jakob. « C’est mieux que nous nous rapprochions, que nous travaillions ensemble, qu’il y ait quand même un minimum de vie religieuse parmi la population, qui est déjà très sécularisée ». JB
(*) Les installations militaires américaines sur la base aérienne de Keflavik étaient stratégiques à l’époque de la guerre froide, mais ces temps sont révolus. La présence militaire anglo-saxonne en Islande a été très massive, les forces alliées atteignant 50’000 soldats en 1942-1943, sur une population de quelque 126’000 habitants à l’époque. L’impact de cette présence étrangère sur la société islandaise a été déterminant, amenant une ère de modernité qui n’a pas été sans heurts.
(**) Reykjavík (en islandais, « baie des fumées » en raison de la vapeur provenant des sources d’eau chaude) est la capitale plus septentrionale du monde. Ville la plus peuplée du pays, avec environ 120’000 habitants, Reykjavík regroupe avec son agglomération plus de la moitié de la population de l’île. Etabli sur les terres du premier colon, Ingólfur Arnarson, ce petit village s’est vu accorder le statut municipal en 1786. Il comptait à l’époque pas plus de 300 habitants. La première construction en pierre en Islande – maison bâtie par Skuli Magnusson sur l’île de Videy – date de 1753-55.
(***) Jón Arason fut le dernier évêque catholique en Islande. Il est célébré comme un poète et comme une sorte de héros populaire pour avoir lutté contre l’impérialisme danois, qui avait imposé son propre monopole du commerce. C’était une colonisation assez dure, c’est pourquoi les Islandais parlent d’un certain « âge d’or » avant la Réforme, même si l’Eglise possédait de nombreux biens, dont près de la moitié des terres. Mais tous ces revenus étaient réinvestis sur place, pour entretenir les ponts et les bacs sur les rivières, maintenir des hôpitaux, l’assistance publique, des écoles, des couvents… C’est de nouveau l’Eglise catholique qui a recommencé avec le premier hôpital de Reykjavik, en 1902, en face de la cathédrale de Landakot, avec les sœurs de St-Joseph de Chambéry venues d’Allemagne.
(****) La Réforme est un acte politique qui représente une régression sociale pour les Islandais, une rupture politique, mais au niveau religieux, plus les gens sont cultivés, plus ils deviennent conscients de leurs racines catholiques. On a plus de conversions chez les intellectuels. Le grand écrivain islandais Halldor Laxness, qui fut prix Nobel de littérature en 1955, pour avoir ressuscité l’ancienne tradition narrative islandaise, passa du protestantisme au catholicisme (il est baptisé le 6 janvier 1923), puis se fait le chantre du communisme quelques années plus tard. Laxness qui envisageait de devenir bénédictin ou jésuite, a transféré son désir ardent de croire vers l’idéologie communiste. Mais, assure Séra Jakob, « Laxness n’a jamais renoncé officiellement à sa foi catholique. Il s’était réconcilié avec l’Eglise, s’était confessé, il était présent à la réception avec le pape Jean Paul II en 1989. Très âgé, hébergé dans un home, il avait placé au bord de son lit une petite statue de la Vierge en plastique que lui avait donnée une religieuse… Il l’a gardée jusqu’à sa mort. Je lui ai donné le sacrement des malades ». .JB
Des photos de ce reportage peuvent être commandées à l’agence Apic : tél. 026 426 48 01, courriel : jacques.berset@kipa-apic.ch ou apic@kipa-apic.ch (apic/be)
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