Pologne: La thèse du complot dans l’assassinat du pape polonais refait surface

Selon un expert de l’espionnage, des prêtres polonais sont impliqués

Varsovie, 1er octobre 2009 (Apic) Un ancien agent du renseignement de l’armée des Etats-Unis, cité par l’Agence œcuménique ENI, affirme que des prêtres catholiques romains de Pologne étaient impliqués dans le complot visant à assassiner le pape Jean Paul II en mai 1981 et appelle le Vatican à rendre publics les documents sur ce sujet.

« Les services spéciaux, tant civils que militaires, de la Pologne communiste avaient de bons contacts au Vatican, et je soutiens que des ecclésiastiques polonais étaient impliqués dans le complot », a déclaré John Koehler, auteur d’un livre intitulé « Spies in the Vatican: The Soviet Union’s War Against the Catholic Church » (Des espions au Vatican: l’Union soviétique en guerre contre l’Eglise catholique », publié en août 2009.

« Il ne faut pas laisser cette affaire en suspens. L’un des crimes les plus graves reste sans explication et les personnes impliquées sont toujours en vie et peut-être même qu’elles sont en soutane », a déclaré John Koehler dans une interview accordée le 21 septembre au quotidien Polska. « L’Eglise elle-même devrait s’intéresser à mettre au clair cette histoire. »

L’ancien agent a affirmé que des prêtres polonais venus au Vatican avec Jean Paul II ont transmis des informations au KGB soviétique, recevant leurs instructions de son équivalent polonais, la Sluzba Bezpieczenstwa (SB), et du Ministère est-allemand de la Sécurité d’Etat, la Stasi.

Selon John Koehler, le pape Jean Paul II, d’origine polonaise, avait confié à un prêtre jésuite des Etats-Unis, Robert Graham (1912-1997), la tâche de démanteler le réseau en veillant à ce que les personnes impliquées soient renvoyées chez elles.

« Beaucoup de choses restent secrètes encore aujourd’hui, mais je sais que le flot de rapports provenant de l’intérieur du Vatican et destinés aux services secrets s’est tari environ deux ans après l’attentat », a affirmé John Koehler, aujourd’hui journaliste, qui a fait des déclarations similaires lors d’une interview accordée récemment au quotidien italien La Stampa.

« Nous savons de diverses personnes ayant aidé le père Graham que des prêtres polonais se trouvaient parmi les espions. Le père Graham les avait passés au crible. »

Le pape Jean Paul II a échappé de peu à la mort après avoir été blessé le 13 mai 1981 par deux balles de 9 mm parabellum tirées par Mehmet Ali Agca, membre du mouvement turc des Loups gris. L’auteur de l’attentat purge actuellement une peine de neuf ans de prison dans son pays d’origine, en relation avec le meurtre du rédacteur en chef d’un journal, après avoir été pardonné pour la tentative d’assassinat du pape et extradé d’Italie en juin 2000.

John Koehler affirme que le père Graham avait, avant sa mort en février 1997, ramené dans sa Californie natale un dossier de 25’000 pages pour être catalogué, mais que l’ordre des jésuites auquel il appartenait avait renvoyé le dossier aux archives du Vatican sur demande de Jean Paul II.

« L’archiviste qui a reçu les documents m’a dit que le pape ne voulait pas que ceux-ci soient révélés ; c’était une personne sensible, qui voulait s’assurer que ces traitres auraient du temps pour se ressaisir après sa mort », a déclaré John Koehler. « On ne peut pas considérer que ce sont des futilités et soutenir qu’il ne s’est rien passé. C’est un crime qui a suscité l’émoi dans le monde entier, et il ne sera pas résolu sans l’aide véritable de l’Eglise », a déclaré John Koehler. (apic/eni/pr)

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