C’est de sa faiblesse et non de sa force que viendra le renouveau de l’Église
Genève, 13 octobre 2009 (Apic) Son ouvrage intitulé « Confession d’un cardinal » suscite un vif débat depuis sa parution, en 2007. L’écrivain Olivier Le Gendre, était l’hôte, ce midi, du Département de la formation de l’Église catholique de Genève qui met chaque mois sur pied une rencontre publique avec un auteur.
Il fallait s’y attendre : Olivier Le Gendre, qui se présente comme un écrivain catholique, s’est refusé à dévoiler quoi que ce soit de l’identité de son fameux cardinal, affirmant néanmoins que « tout était vrai » dans son livre. Il s’inquiète du fossé d’incompréhension qui se creuse entre l’Église et le monde. Une incompréhension qui remonte, selon les uns, au Concile Vatican II et qui, selon d’autres, dont le cardinal anonyme, a des origines bien plus profondes et lointaines. « Quand nos connaissances étaient moins avancées, on avait plus tendance qu’aujourd’hui à se tourner vers Dieu. Or, si l’Église s’accroche trop longtemps à des arguments dépassés, le monde s’éloigne d’elle et elle perd de sa crédibilité ». De cette différence de diagnostic naissent des attitudes opposées, avec, pour certains, une panique qui entraîne une fermeture d’esprit.
Olivier Le Gendre – avec son cardinal – fait un constat de faillite. Cependant, la haute hiérarchie en est encore au « déni de la réalité » et s’efforce de présenter, face à l’adversité, un front uni, un « mur impénétrable », alors que diverses tendances s’affrontent en son sein. « On ne traite pas les chrétiens en adultes en niant les divisions ».
Âgé de plus de 80 ans, le cardinal anonyme consacre désormais une grande partie de son temps à une présence auprès de malades et d’enfants de la rue d’un pays d’Asie. Pour Olivier Le Gendre, c’est là la mission prioritaire de l’Église : remettre un peu d’humanité dans un monde déshumanisé qui risque d’imploser. À cette aune, les controverses sur la communion à genoux ou debout paraissent dérisoires. « Il y a une énorme perte d’énergie à se tourner toujours vers l’intérieur de l’institution. »
Cependant, nombre de fidèles mettent l’Évangile en pratique, autour d’eux ou d’une manière plus large. Cela n’apparaît pas dans les médias et, souvent, n’est pas reconnu par les évêques. « Le tissu chrétien est riche, mais la structure de gouvernement de l’Église n’en a pas conscience. » Cela fait mal. Et, de leur côté, les évêques sont souvent malheureux parce qu’ils n’ont plus prise sur la réalité. On continue de tenter de gouverner par les textes, alors que cela ne fonctionne plus.
Olivier Le Gendre pense qu’il faudra du temps – un demi-siècle, estime-t-il – avant d’assister au renouveau de l’Église. Un renouveau qui ne viendra pas « de l’or, de l’argent ou de la pourpre ». « La force n’évangélise pas », affirme-t-il. Il viendra de la faiblesse, une faiblesse bénéfique pour l’avenir de l’Église. (*) Editions Jean-Claude Lattès, Paris (apic/mba/js)
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