Donner aux femmes une voix au sein de l’autorité religieuse
Abu Dhabi, 25 novembre 2009 (Apic) Les Emirats arabes unis vont devenir le troisième pays musulman à désigner des femmes en tant que muftis, érudits ayant le pouvoir de produire des fatwas et d’autres décrets religieux. C’est ce qu’indique l’agence de presse Religion News Service aux Etats-Unis.
Pourtant, cette décision n’est pas vraiment de nature à bousculer la tradition, selon des experts de l’islam, qui affirment que les représentantes de l’autorité religieuse apparaissent tout au long de l’histoire de l’islam, indique Religion News Service dans une nouvelle reprise par l’agence œcuménique ENI.
« L’importance de cette décision vient du fait qu’il s’agit là d’un réel effort de la part d’un Etat de donner aux femmes une voix au sein de l’autorité religieuse », a déclaré Ebrahim Moosa, professeur d’études islamiques à l’Université Duke de Durham, en Caroline du Nord.
Six femmes vont entamer un programme de formation pour devenir muftis début 2010, selon le journal de Dubai The National. Le programme sera dirigé par le grand mufti officiel du pays, Ahmed al Haddad, qui a produit une fatwa en février autorisant les femmes à devenir muftis, et qui les a appelées à poser leur candidature en mai. Le grand mufti a déclaré que sa décision se fondait sur le Coran et plusieurs précédents.
La professeur d’études islamiques et auteur de « The First Muslims » (les premiers musulmans) Asma Afsaruddin, de l’Université de l’Indiana, s’appuie sur un verset qui affirme: « Les croyants et les croyantes sont solidaires les uns des autres. Ils incitent à la pratique du bien, déconseillent la pratique du mal ». Elle ajoute que les érudites donnaient des conseils non seulement sur des questions féminines, mais aussi sur la politique, l’économie et d’autres importantes affaires d’Etat. « C’était très courant. Il était accepté que les érudites transmettent le savoir et donnent des conseils. »
Historiquement, les épouses du prophète Mahomet sont à la tête d’une longue liste de représentantes de l’autorité religieuse. Ce n’est qu’à l’époque moderne que les opinions des femmes ont été marginalisées, affirment les spécialistes. Dans quelques pays, les personnalités religieuses féminines refont surface. Le gouvernement du Maroc a commencé à certifier les guides religieuses en 2007 et c’est une femme, Aisha Al-Mannai, qui est la doyenne du Collège de la charia et des études islamiques, au Qatar. (apic/eni/bb)
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