Un retour au XVIème siècle

Delémont: Mgr Lefebvre inaugure dimanche une chapelle intégriste (270790)

Delémont, 27juillet(APIC/MF) Mgr Marcel Lefebvre inaugurera le dimanche

29 juillet prochain la chapelle que les intégristes bâlois et jurassiens

ont fait construire à Delémont. Il y célébrera une messe selon le rite de

saint Pie V.

Ce rite mis en vigueur au XVIe siècle, suite à la Réforme, est un symbole significatif, mais pas le seul, auxquel s’attachent les adeptes de Mgr

Lefebvre dans le Jura (une cinquantaine environ, selon des sources intégristes). Les partisans de l’évêque schismatique disposeront donc d’un lieu de

culte dans la capitale du canton du Jura mais aucun prêtre de la Fraternité

sacerotale Saint Pie X ne résidera à Delémont. Il viendra de Bâle pour assurer les offices dans ce nouveau lieu de culte.

Malgré cela, le but de ce nouveau pied-à terre des adeptes de Mgr Lefebvre en terre jurassienne est bien d’y restaurer des méthodes pastorales

qui font un singulier retoru dans le temps. Au temps où toute évolution de

la société vers une démocratie pluraliste et de communication est exclue.

Au temps de la nostalgie cristallisée par « l’évêque d’Ecône » excommunié

en 1988, il y a les intransigeances, le refus, les condamnations. Intransigeances face aux changements de la liturgie qui est, l’histoire de l’Eglise

catholique le prouve, une perpétuelle recréation. Refus de la participation

des laïcs à la célébration de l’Eucharistie, à l’enseignement du catéchisme. Refus de laisser ces mêmes laïcs entrer en dialogue avec l’Eglise et

prendre part à ses décisions. Et condamnation sans appel de toute liberté

religieuse et de conscience. Cette liberté précieuse, essentielle, que les

Jurassiens ont inscrite en lettres d’or dans leur Constitution.

Les raisons d’un schisme

Le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre ordonnait à Ecône quatre nouveaux évêques

et provoquait par là son excommunication et un schisme dans l’Eglise catholique, malgré les efforts persévérants de Rome, jusqu’à l’ultime échéance,

pour arriver à un arrangement. Les raisons de ce schisme dépassent largement la nostalgie de la messe dite en latin. Elles vont jusqu’au non-respect des consciences. Elles jugent. Elles qualifient d’hérétiques les autres religions. La Rome de Vatican II est qualifiée de « néo-protestante »,

interdisant par là tout oecuménisme. Le dialogue interreligieux est condamné, les incroyants mis au ban de la société. Cette idéologie n’est pas sans

rappeler le « Kulturkampf » qu’ont subi les Jurassiens. Elle est un contretémoignage de l’Evangile et la négation de l’amour chrétien enseigné par le

Christ. Parce que le Christ demande à chaque chrétien d’aimer celle set

ceux qu’il approche. Et c’est seulement nanti de cet exemple d’amour, qu’il

peut alors accomplir sa mission d’évangélisation.

Ainsi, fréquenter les lieux de culte et de réunion de la Fraternité

schismatique en rejetant toute participation à la vie liturgique de la

communauté catholique, c’est se mettre en rupture avec son Eglise. Une rupture qui a des conséquences canoniques et théologiques plus graves que ne

serait par exemple, le refus, par acte notarié, de payer ses impôts ecclésiatiques.

Une tradition vivante

Le rite chrétien le plus significatif est la messe. Au soir du Jeudi

Saint, il y avait un peu de pain et de vin. Il s’agissait aussi de donner

sa vie. Cet essentiel, Jésus l’a accompli avec des gestes sobres. Des signes de sa présence. Réelle et contagieuse bien au-delà des siècles, bien

au-delà des modes et des conflits. Des modes qui n’ont pas attendu Mgr Lefebvre pour faire valoir leurs droits. En 222 déjà, un pape veut changer la

langue liturgique qui est grecque. Il s’appelle Calliste, c’est un ancien

esclave. Il propose de célébrer Dieu dans la langue vulgaire que tous comprennent alors: le latin. Une célébration qui, jusque vers le milieu du

quatrième siècle, se pratique sans habit particulier.

Avec l’apparition du chant grégorien au VIIIème siècle, des liturgies

variées prennent corps. Elles s’adaptent aux différentes sensibilités. Un

siècle plus tard seulement apparaît l’hostie, l’agenouillement et les tables de communion. Chez les Slaves, Saint Cyrille et Méthode introduisent

un alphabet et une liturgie originaux. Comme Calliste au troisième siècle,

ils choisissent la langue vivante. La liturgie commence à se figer au

XIIIème siècle. Elle se fige pour des siècles, en latin avec l’impression

en 1570, d’un missel voulu par Pie V. Cette liturgie, que Pie V lui-même

n’a jamais célébrée, est l’unique reconnue par les intégristes. Ces derniers s’y réfèrent encore présentement.

Aujourd’hui, comme aux premiers temps de l’Eglise, les chrétiens prient

dans la langue de leur vie. De plus, Vatican II leur a donné à la fois un

droit et un devoir, celui de la participation. Aujourd’hui, la communauté

catholique participe à la célébration du rite essentiel de l’Eglise: celui

de l’Eucharistie. (apic/mf/ba/gar)

Commentaire de Michèle Fringeli, Service d’information catholique du Jura

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