Mauritanie: Début d’un « dialogue spirituel » avec les prisonniers extrémistes musulmans
Nouakchott, 19 janvier (Apic) En application des recommandations d’un colloque sur « islam et extrémisme religieux », tenu à Nouakchott du 5 au 8 janvier dernier, le gouvernement mauritanien et les dignitaires musulmans du pays ont entamé hier lundi 18 janvier 2010, « un dialogue spirituel » avec les prisonniers intégristes musulmans. Oulémas, imams, intellectuels musulmans avaient proposé, à l’issue de leur colloque, un dialogue avec les fondamentalistes, afin de les amener « à se repentir ».
De nombreux extrémistes musulmans sont détenus dans des prisons mauritaniennes, à la suite d’actes de violence contre des étrangers ou contre des ambassades. A l’issue du colloque du 5 au 8 janvier, les participants avaient rappelé « la tolérance » de la religion musulmane et son « rejet » de l’extrémisme et du terrorisme.
Le dialogue spirituel a débuté à la prison centrale de Nouakchott, la capitale, sous la supervision du ministre des Affaires islamiques et de l’enseignement originel, Ahmed Ould Ninni, a rapporté l’Agence mauritanienne d’information (AMI). Ce « dialogue direct » avec 67 salafistes mauritaniens en instance de jugement pour « actes terroristes », dont les tueurs de quatre touristes français en décembre 2007 à Aleg (sud), est une première dans un pays musulmans, frappé par l’extrémisme religieux. Il vise « à renforcer la paix sociale ».
La cérémonie de démarrage de ce dialogue a eu lieu sous le signe « de la sagesse, du dialogue et des versets coraniques qui appellent à la tolérance ». « Nous sommes ici pour discuter ensemble des voies et moyens de sortir d’une crise qui menace la paix civile dans un pays connu pour son esprit de tolérance, de magnanimité et d’ouverture », a déclaré Ahmed Ould Ninni, ministre des Affaires islamiques et de l’enseignement origine, en donnant le coup d’envoi des discussions. Il a appelé les détenus extrémistes à tirer profit de ce dialogue, qui sera conduit par une vingtaine d’érudits mauritaniens, des oulémas et des imams.
Les prisonniers salafistes semblaient divisés. Une majorité est favorable au dialogue, et s’est montrée « prête au repentir ». Déjà, 47 d’entre eux avaient lancé récemment un appel à des discussions avec le pouvoir. Les opposants à ce dialogue sont dirigés par Al-Khadim Ould Semman. Détenu depuis 2008, il est poursuivi notamment pour l’assassinat des touristes français à Aleg. Il a déclaré à la délégation officielle qu’il parlait « au nom de ceux qui portent les armes pour combattre les mécréants et leurs acolytes parmi les dirigeants dans les pays musulmans ». Il brandissait une banderole au nom d’Al-Qaïda. Pour un membre de la délégation officielle, c’est le cri de désespoir d’un groupe « minoritaire parmi ceux qui ont (les mains entachées) de sang et qui ne s’attendent donc pas à être libérés ». (apic/ibc/be)
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