Litige sur une propriété religieuse
Moscou, 26 janvier 2010 (Apic) – Un tribunal français a jugé que la cathédrale Saint-Nicolas de Nice – dont l’édification, financée par l’empereur Nicolas II, s’est achevée en 1912, juste avant la révolution russe – appartient à la Russie et doit lui être restituée.
Dans le cadre d’une série de batailles juridiques ayant pour but la réappropriation des biens de l’Eglise à travers le monde, ce jugement constitue une nouvelle victoire pour le gouvernement russe et l’Eglise orthodoxe russe, qui cherchent à réaffirmer leur autorité sur une diaspora immense.
C’est une organisation de Russes émigrés placée sous l’autorité du Patriarcat de Constantinople, basé à Istanbul, qui était en charge de la cathédrale depuis les années 1920.
En juin 2009, un tribunal britannique avait rendu un jugement final en faveur du diocèse de Souroge du Patriarcat de Moscou, dans une affaire portant sur le contrôle de la cathédrale de la Dormition et de Tous les Saints à Enismore Gardens, Londres, et d’autres biens se trouvant en Grande-Bretagne.
Face au diocèse de Souroge se trouvait une organisation constituée de descendants d’émigrés russes ayant fui la révolution bolchevik et de Britanniques convertis à l’orthodoxie qui ont suivi l’évêque Basil Osborne sous l’autorité du Patriarcat de Constantinople.
Certains fidèles ont déclaré que le conflit était empreint d’une grande émotion car le diocèse était connu pour le travail théologique et pastoral du métropolite Anthony Bloom, décédé en 2003, lui-même issu de l’émigration russe. La désignation d’Hilarion Alfeyev – aujourd’hui président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou – en tant qu’évêque assistant du métropolite Anthony, aurait causé d’importantes tensions entre les anciens émigrés et la nouvelle génération, qui représente une Russie postsoviétique décomplexée.
En octobre 2009, le gouvernement israélien a reconnu que la Russie était en droit de revendiquer la propriété d’un centre de pèlerinage à Jérusalem datant de la fin du 19e siècle, la Mission Saint-Serge, nommée d’après un oncle de Nicolas II.
Le ministre russe de la Culture, Alexandre Avdeïev, qui était ambassadeur de son pays en France jusqu’en 2008, a déclaré à l’édition russe du magazine Newsweek que le litige concernant la cathédrale de Nice était une question de propriété et n’était pas de nature religieuse ou juridictionnelle.
En 2006, la Russie a intenté une action en justice pour réclamer la propriété de la cathédrale. L’édifice est l’un des points d’intérêt de la cité balnéaire et l’entrée est facturée aux touristes 3 euros. Alexandre Avdeïev a indiqué au quotidien français Le Figaro que les frais d’entrée seraient supprimés.
Nice était un des lieux de villégiature préférés des aristocrates russes. Aujourd’hui, ils ont été remplacés par la nouvelle classe de milliardaires russes, qui ont acheté des propriétés le long de la Côte d’Azur.
L’évêque Mark, président adjoint du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a déclaré à la station de radio russe Vesti FM que la décision de justice rendue en France constituait un « rétablissement de la justice historique ».
Néanmoins, il s’est montré prudent concernant toute modification majeure apportée à la cathédrale. « Nous ne sommes pas directement connectés à cette cathédrale, puisque les offices y sont célébrés par une communauté relevant d’une autre juridiction, mais nous nous réjouissons que l’Etat français ait reconnu le droit de la Russie à posséder cette église », a affirmé l’évêque Mark.
La France célèbre en 2010 « L’année de la Russie », avec des manifestations culturelles organisées dans tout le pays.
Le père Jean Gueit, recteur de la cathédrale Saint-Nicolas, professeur de droit et descendant de russes blancs émigrés, a déclaré à l’agence Associated Press que son association orthodoxe ferait appel de cette décision. (apic/eni/js)
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