Australie: La canonisation de la première sainte du pays fait débat

Excommuniée pour désobéissance avant d’être réhabilitée

Melbourne, 9 mars 2010 (Apic) L’Australie, qui, pour un pasteur écossais du 19e siècle, était « l’endroit le plus impie sous les cieux », aura pour la première fois une sainte, lorsque Sœur Mary MacKillop (1842-1909), fondatrice des Soeurs de Saint-Joseph du Sacré-Cœur, sera canonisée par le pape Benoît XVI le 17 octobre prochain. La canonisation de cette religieuse australienne particulièrement dévouée au service des pauvres et des illettrés, dont les vertus et l’engagement ne sont certes pas remis en cause, suscite pourtant des interrogations chez les protestants australiens.

Des responsables d’Eglise protestants ont en effet émis des réserves quant à la nécessité de démontrer « la preuve d’un miracle » pour que sa sainteté soit prononcée. Pour Glenn Davies, évêque du diocèse anglican de North Sydney, la notion qu’a l’Eglise catholique romaine de la sainteté ne vient pas de la Bible.

Ainsi Glenn Davies estime que « sanctifier une personne pour ses réalisations et deux miracles supposés, c’est mal comprendre ce que dit la Bible à propos des saints. » La sainteté, insiste-t-il, est un titre pour toutes les personnes dont les péchés ont été pardonnés. Ensuite, « le processus de canonisation de l’Eglise catholique romaine occulte l’importance de la description faite par Dieu de son peuple, et la remplace par une analyse humaine de la façon dont fonctionnent les miracles. » Pour l’évêque anglican australien, ce n’est pas la femme qui est en cause, mais la théologie qui est derrière cette mesure avec laquelle les anglicans ne sont pas d’accord. (Cf. www.sydneyanglicans.net)

John Bodycomb, écrivain et commentateur protestant et ancien doyen des étudiants au Collège théologique de l’Eglise unie de Melbourne, a écrit dans « Crosslight », le journal de l’Eglise unie d’Australie, que la nécessité de trouver des miracles de l’intervention divine suscite des interrogations concernant Dieu et Mary MacKillop. Il a ainsi souligné: « Je ne suis pas à l’aise avec une divinité qui peut être manipulée par Mary MacKillop ou toute autre personne se distinguant par sa bonté. »

Fille d’un immigrant catholique écossais

Mary MacKillop, fille d’un immigrant catholique romain écossais, avait, à seulement 24 ans, fondé l’ordre des sœurs de Saint-Joseph, dans le sud-est de l’Australie, à la fin du 19e siècle. Cette congrégation enseignante avait alors permis de donner une éducation de base à de nombreux pauvres des régions rurales. En 2009, la reconnaissance d’un second miracle attribué à Mary MacKillop lui a permis de passer à la dernière des trois étapes menant à la sanctification.

Pieuse et enthousiasmée, Mary MacKillop avait la réputation d’être une femme de caractère qui avait plus d’une fois tenu tête au clergé masculin de la région. A l’âge de 29 ans, elle a été excommuniée pour désobéissance. Après avoir été réintégrée au sein de l’Eglise, elle s’est heurtée à un évêque local qui se plaignait de son style non hiérarchique. Néanmoins, la religieuse a continué à répondre à sa vocation, laissant en héritage des écoles pour les pauvres, un orphelinat, un refuge pour femmes et une équipe de sœurs motivées pour poursuivre son œuvre.

De nombreux débats dans les médias australiens

A cause de la vocation initiale de l’Australie en tant que lieu de déportation des prisonniers britanniques et de la suspicion que suscitaient la religion et les gens d’Eglise au sein de la population, le pasteur presbytérien James Denny avait affirmé en 1849 que l’Australie était « l’endroit le plus impie sous les cieux ». Même 150 ans plus tard, la proposition de placer une australienne au rang de sainte suscite de nombreux débats dans les médias du pays. (apic/eni/be)

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