Berne: Assemblée générale de l’Association suisse des journalistes catholiques (ASJC)

Prix médias 2010 pour jeunes journalistes: au Genevois Rachad Armanios, du Courrier, et à Ann-Katrin Gässlein, de forumKirche

Berne, 13 mars 2010 (Apic) Une vingtaine de personnes ont participé samedi 13 mars à Berne à l’assemblée générale de l’Association suisse des journalistes catholiques (ASJC). A cette occasion, les Prix médias 2010 pour jeunes journalistes, d’un montant de Fr. 1’000.– chacun, ont été remis au Genevois Rachad Armanios, rédacteur en chef adjoint et responsable de la rubrique religions au quotidien «Le Courrier», et à Ann-Katrin Gässlein, rédactrice en chef de «forumKirche», le bulletin de paroisse des cantons de Thurgovie et Schaffhouse à Weinfelden.

Rachad Armanios a été honoré pour son interview du Français Jacques Pous, ancien moine catholique devenu agnostique, enseignant retraité de l’école genevoise, à propos de son ouvrage intitulé «La tentation totalitaire. Essai sur les totalitarismes de la transcendance» paru aux éditions L’Harmattan. Dans cette page parue le 5 septembre dernier dans «Le Courrier», Jacques Pous met en garde contre cette dérive présente dans les religions du Livre, tout en soulignant l’aspect également libérateur des monothéismes abrahamiques.

Ann-Katrin Gässlein, née à Friedrichshafen, au bord du Lac de Constance, a interviewé le chargé d’information du diocèse de Bâle, Giuseppe Gracia, spécialiste de la communication, qui parle de l’»esprit du temps» et de la nécessité de nager à contre-courant. Le texte est paru fin 2009 dans «forumKirche».

Deux femmes journalistes nommées membres d’honneur de l’ASJC

A l’occasion de cette assemblée générale, comme il est désormais de tradition, l’ASJC a également accueilli par acclamation deux nouveaux membres d’honneur. Tout d’abord la Jurassienne Michèle Fringeli, une institutrice devenue journaliste en 1986, année où elle fait ses premières armes au quotidien «Le Pays» de Porrentruy, avant de se mettre au service de la communication de la partie francophone du diocèse de Bâle. Elle y créera le Service d’information catholique, le SIC, et a dû à l’époque faire face à des dossiers plutôt délicats, comme la démission de l’évêque de Bâle d’alors, Mgr Vogel, pour raison de paternité.

C’est ensuite le passage comme rédactrice responsable de «Paroisses Vivantes», de 1996 à 1998, avant d’être appelée par Mgr Grab, alors évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Ce dernier lui demande, au nom de la Conférence des évêques, de prendre la succession d’Yvan Stern à la tête d’»Evangile et Mission», l’hebdomadaire officiel – devenu bimensuel – des diocèses de Suisse romande. Véronique Benz, qui a succédé à Michèle Fringeli comme rédactrice en chef d’»Evangile et Mission», a rappelé ses compétences professionnelles mais également ses qualités humaines, sa passion d’informer sur la vie de l’Eglise, «ses joies, ses peines, avec au centre cet amour pour l’être humain, pour l’Eglise universelle et pour l’Autre, avec un A majuscule». «Vous aviez à cœur de décloisonner les esprits de clocher et les ghettos des vicariats ou des diocèses».

Le deuxième membre d’honneur est Angelika Boesch, qui va bientôt prendre sa retraite après un bon quart de siècle à la rédaction du «Pfarrblatt» de Berne, dont un poste à plein temps depuis 1994. Elle avait auparavant dirigé la librairie œcuménique Voirol à Berne.

Angelika Boesch s’est toujours distinguée par son engagement en faveur de la théologie féministe et de la théologie de la libération, en particulier aux côtés du Brésilien Leonardo Boff et de ses projets d’aide aux enfants de la rue.

L’AJCS a toujours des finances précaires…

L’association, qui compte toujours quelque 120 membres dans toute la Suisse (une moitié en Suisse alémanique et l’autre moitié en Suisse latine, essentiellement en Romandie), a certes du mal à élargir ses rangs. Les décès et les démissions sont difficiles à compenser. Maurice Page, président de l’ASJC, a souligné à cette occasion que la crise dans le monde des médias n’était pas de nature à faciliter les choses. Les pressions sur les journalistes sont bien là, et on risque, un jour qui n’est peut-être pas si lointain, de voir des «journalistes sur appel», à qui l’on demande en plus d’être photographes, voire vidéastes… «Les menaces qui pèsent sur la profession militent pour la défense d’un journalisme de qualité, capable de prospective et pas seulement de relater l’immédiateté», a-t-il lancé, en voyant là un rôle crucial pour l’ASJC.

L’an dernier, pour la première fois depuis plusieurs années, l’association bouclait ses comptes sur un bénéfice, mais c’était grâce à un don exceptionnel de Fr. 5’000. — de la Fondation Felsengrund. Cette année, le déficit – qui est structurel – est à nouveau de plus de Fr. 2’000.– A court terme, l’ASJC est donc bien obligée de trouver de nouvelles ressources pour faire face à ce déficit qui ronge ses actifs, qui sont actuellement de moins de Fr. 8’000. Des mesures doivent donc être prises rapidement pour le maintien de l’association. Pour le moment, aucun appui financier n’a été demandé à la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), mais le comité y songe. La cotisation 2010 reste fixée à 60 francs, pour ne pas dissuader l’adhésion de jeunes journalistes. JB

Encadré

Paul H. Dembinski: «Le don, une liberté qui dérange»

Après l’assemblée générale de l’ASJC, les participants ont pu entendre l’exposé du professeur Paul H. Dembinski, directeur de l’Observatoire de la Finance à Genève et professeur associé de stratégie et concurrence internationales au sein la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Fribourg. Traitant le thème «Le don, une liberté qui dérange», Paul H. Dembinski a expliqué que le don dérange la pensée économique dominante, parce que l’économie étant une «science de l’efficacité», tout ce qui ne passe pas par le marché est considéré comme une «scorie», quelque chose d’inefficace, voire de mauvais.

«L’économiste n’aime pas le don, cette liberté du don dérange à ses yeux l’efficacité». Ensuite, le don vraiment gratuit, sans contrepartie – pas le don qui se situe dans la logique du marketing, du prix d’appel, celui qui crée l’obligation ou la dépendance – ne coïncide pas avec les postulats de base de «l’homo oeconomicus». Là, l’acteur veut maximiser, c’est de cette rationalité que découle la logique du marché: tout le contraire de «l’homo donator»… Ainsi, le don devient «l’angle mort de la pensée économique moderne».

Abordant l’encyclique du pape Benoît XVI «Caritas in veritate» (L’Amour dans la vérité), publiée l’été dernier, le professeur d’économie estime qu’elle est très forte du point de vue systémique, «c’est un grand traité contre le sentiment d’impuissance». Même si elle aborde peu les questions de la finance internationale, elle va à ses yeux au plus profond: au-delà des «effets de structure», du «péché structurel», elle fait appel à la responsabilité individuelle, elle met les hommes face à leurs responsabilités. (apic/be)

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