France: Mgr Aillet juge que le Concile a mis à mal l’identité du prêtre

Les fidèles sont «livrés à l’arbitraire du célébrant»

Bayonne, 12 mars 2010 (Apic) Intervenant lors d’un congrès sur le sacerdoce, dans la soirée du 12 mars au Vatican, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne (France), a jugé que «l’identité du prêtre et de l’Eglise» avait été «blessée» par la réforme liturgique issue du Concile Vatican II (1962-1965). L’évêque français a aussi déploré que la liturgie soit «blessée» encore aujourd’hui lorsque les fidèles sont «livrés à l’arbitraire du célébrant».

Dans son intervention, au terme de 2 journées de travail sur la ›fidélité du prêtre’, Mgr Marc Aillet a ainsi affirmé que, «contre toute attente, comme les papes Jean Paul II et Benoît XVI l’ont souvent relevé, la mise en œuvre de la réforme liturgique» avait «parfois» conduit «à une sorte de désacralisation systématique, la liturgie se laissant progressivement envahir par la culture sécularisée du monde ambiant et perdant ainsi sa nature et son identité propre». «Sans nier les fruits authentiques de la réforme liturgique, a poursuivi le prélat, on peut dire cependant que la liturgie a été blessée par ce que Jean-Paul II a appelé des ›manières de faire inacceptables’ et que Benoît XVI a dénoncé comme des ›déformations à la limite du supportable». Et de conclure que «c’est aussi l’identité de l’Eglise et du prêtre qui a été ainsi blessée».

L’ouverture n’est pas une conversion à la sécularisation

«L’ouverture au monde souhaitée par le Concile Vatican II, a encore affirmé Mgr Aillet, a souvent été interprétée dans les années postconciliaires comme une sorte de ›conversion à la sécularisation’». Si «cette attitude ne manquait certes pas de générosité», a-t-il estimé, elle conduisait pourtant «à négliger l’importance de la liturgie et à minimiser la nécessité d’observer les rites, réputés trop éloignés de la vie du monde qu’il fallait aimer et dont il fallait être pleinement solidaire, jusqu’à se laisser fasciner par lui». Aux yeux de Mgr Aillet, «il en est résulté une grave crise d’identité du prêtre qui ne percevait plus toujours l’importance du salut des âmes et la nécessité d’annoncer au monde la nouveauté de l’Evangile du Salut».

Aujourd’hui encore, a également soutenu l’évêque de Bayonne, «la liturgie est blessée lorsque les fidèles sont livrés à l’arbitraire du célébrant, à ses manies, ses idées ou opinions personnelles, voire ses propres blessures». Mgr Marc Aillet, enfin, a expliqué que la liturgie était «le lieu» d’une «tension vers Dieu qui donne à la vie un nouvel horizon et par là, son orientation décisive», mais «à condition de ne pas la considérer comme un matériau disponible à nos manipulations trop humaines, mais d’observer, avec une obéissance filiale, les prescriptions de la sainte Eglise».

La veille, au cours du même congrès théologique organisé au Vatican par la Congrégation pour le clergé, l’évêque d’Utrecht (Pays-Bas), Mgr Willem Eijk, avait pour sa part confié avoir des doutes sur la théorie selon laquelle la «confusion» concernant «l’identité du prêtre» serait «le résultat du Concile». «Il existe de nombreux signes que cette crise a commencé avant», avait-il soutenu. (apic/imedia/ami/bb)

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