La politique du président Garcia critiquée et dénoncée pour ses contradictions
Lima, 8 avril 2010 (Apic) Après plusieurs jours de grève, la Fédération péruvienne des mineurs artisanaux de la région amazonienne sud-orientale de Madre de Dios Luego (Fedemin), au Pérou, a accepté une trêve avec le gouvernement qui s’est engagé à revoir son décret d’urgence sur la réforme du secteur minier local pour raisons environnementales. La mauvaise gestion du problème des mines de l’équipe gouvernementale du président Garcia est à nouveau montrée du doigt, surtout s’agissant de sa politique contradictoire.
La grève des mineurs Fedemin sera suspendue à Madre de Dios 48 heures durant tandis que celle de la Fédération nationale des mineurs artisanaux du Pérou (Fenamarpe) sera maintenue dans le département sud-occidental d’Arequipa, où des heurts entre policiers et manifestants ont causé dimanche dernier à Chala au moins six victimes et une vingtaine de blessés.
Le président Alan Garcia a déclaré mardi que le décret était « améliorable » tout en avertissant qu’il n’y aurait aucune négociation tant que la Fenamarpe n’autoriserait pas la libre circulation sur la route Panaméricaine, bloquée par 7000 mineurs qui isolent ainsi Arequipa (seconde ville du pays) et d’autres communes du sud.
Selon les mineurs, la réforme du secteur leur ôte leur « seul moyen de subsistance » dans les régions andines et favorisera au contraire les activités des grandes compagnies étrangères.
De nombreux experts imputent à l’État une mauvaise gouvernance dans le domaine minier dont les activités irrégulières se sont développées ces dernières années en dehors de tout contrôle. La suspension de nouvelles concessions minières et l’instauration en 2009 de zones sans mines à Madre de Dios, riche en gisements d’or, lèsent en effet les mineurs irréguliers qui revendiquent leur intégration au système pour gagner de quoi vivre.
Selon l’avocat en droit environnemental de la Société péruvienne, Ramon Rivero, le gouvernement n’est pas en mesure de se confronter à un phénomène aussi vaste que les activités minières informelles. Me Rivero précise que l’État a négligé des années durant la zone de Madre de Dios, ce dont ont profité de nombreux immigrés pour exploiter les ressources locales, y compris en marge des lois.
Les autorités régionales ont quant à elles favorisé les activités minières mais sans les réglementer ni assurer le respect des droits des travailleurs du secteur, qui génère chaque année dans tout le pays un chiffre d’affaires de 600 millions de dollars, emploie 40’000 personnes minimum et produit 20 tonnes d’or.
Selon Me Rivero, il est par ailleurs peu crédible que le gouvernement parle maintenant de la protection de l’environnement pour justifier sa réforme des activités minières informelles alors qu’il encourageait il y a quelques temps encore un système d’exploitation des ressources naturelles « loin d’être écologique », à l’origine de massives mobilisations indigènes l’an dernier en Amazonie. (apic/misna/pr)
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