La tendance à la sécularisation du Québec est inexorable
Trois-Rivières, 13 avril 2010 (Apic) L’imposant monastère du Précieux-Sang, à Trois-Rivières, au Québec, sera transformé en immeuble à logements par la compagnie Olymbec. Le projet est estimé à quelque 3 millions de dollars canadiens. Olymbec s’est engagé à préserver le caractère patrimonial extérieur de cet édifice de 120 ans.
L’immeuble fait partie du patrimoine religieux trifluvien même s’il n’est pas cité par la Ville de Trois-Rivières ni classé par le ministère de la Culture. Le règlement de zonage actuel de la ville protège le caractère architectural du bâtiment. Lors de la vente de leur couvent, les soeurs du Précieux-Sang n’avaient exigé aucune clause particulière comme c’est souvent le cas lors de vente d’église ou de monastère.
Dans un autre coin du Québec, à Roberval, dans la région administrative de Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’église Saint-Jean-de-Brébeuf, fermée depuis le 26 octobre 2008, sera finalement elle aussi transformée en immeuble à logements. Onze « condominiums » y seront construits au cours des prochains mois. La transformation de cet édifice construit en style gothique coûtera environ 1 million de dollars canadiens. Les promoteurs s’engagent à respecter le cachet religieux de l’endroit. Certains éléments, tels que les bancs ou les lampes, serviront à la décoration. Les murs de l’église ne seront pas forés.
L’église Saint-Jean-de-Brébeuf a été construite pour 81’000 dollars en 1930, sur le boulevard Saint-Joseph à Roberval. Elle a été inaugurée le 13 mars 1931. Son appellation vient de la canonisation des Martyrs canadiens, dont le Père Jean de Brébeuf, le 29 juin 1930.
Si l’on compte encore actuellement quelque 3’000 églises et un millier de couvents au Québec, « il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne parle de fermeture, de vente d’églises ou de démolition de couvents », affirme Luc Noppen. Ce spécialiste de patrimoine urbain à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question. Il souligne qu’il y a encore 10 ans, la vente d’églises était exceptionnelle, alors qu’ »aujourd’hui cela fait partie de notre quotidien ». Jocelyn Groulx, directeur du Conseil du patrimoine religieux du Québec, relève pour sa part que chaque année, il y a à peu près une vingtaine d’églises qui ferment au Québec. Les églises ferment l’une après l’autre, faute de fidèles et d’argent pour les entretenir, tandis que les prêtres sont septuagénaires.
Depuis la « Révolution tranquille » de la décennie des années 1960, caractérisée par l’adoption par l’Etat québécois des principes de l’Etat-providence, la mise en place d’une véritable séparation entre l’Eglise catholique (qui était auparavant très puissante tant au niveau de l’enseignement que dans les domaines de la santé et des affaires sociales) et l’Etat, on assiste au Québec à une sécularisation assez radicale. Ainsi l’héritage catholique qui faisait jadis la fierté des Québécois a été délaissé au fil des ans. (apic/rvm/be)
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