Un militant yéménite risque la torture en cas de renvoi de Suisse
Londres/Lausanne, le 20 avril 2010 (Apic) Un militant yéménite risque la torture en cas de renvoi de Suisse. Le Yéménite Saeed Ali Shamrookh, qui a déposé une demande d’asile en Suisse le 18 février dernier, risque à tout moment d’être renvoyé au Yémen, où il court le risque d’être torturé, en raison de son lien avec un mouvement indépendantiste dans son pays.
Le requérant d’asile est actuellement détenu à la prison de l’aéroport de Zurich. Amnesty International a alerté son réseau mondial en lançant mardi une action urgente adressée à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, demandant que Saeed Ali Shamrookh ne soit pas renvoyé de force au Yémen, conformément aux conventions internationales ratifiées par la Suisse.
Saeed Ali Shamrookh a déposé une demande d’asile le 18 février 2010, à son arrivée en Suisse, mais l’Office des migrations (ODM) a rejeté sa demande le 9 mars et ordonné sa détention en vue de son renvoi. Il avait cinq jours pour faire recours contre cette décision négative, conformément aux procédures d’asile en Suisse. Son avocat, Me Marcel Bosonnet, a fait recours le 16 mars. Amnesty International est également intervenue auprès de l’autorité de recours en date du 17 mars. Dans son intervention, l’organisation des droits humains a mis en garde les autorités suisses contre les risques de persécution que ce requérant affronterait en cas de renvoi dans son pays. Le recours a cependant été rejeté par le Tribunal administratif fédéral le 13 avril. Saeed Ali Shamrookh a donc été transféré le 16 avril de la zone de transit de l’aéroport de Zurich à la prison de l’aéroport, en vue de son renvoi.
Saeed Ali Shamrookh serait en lien étroit avec Mouvement du Sud, un groupe d’opposition dans le sud-est du Yémen qui s’oppose aux politiques du gouvernement et appelle à l’indépendance de cette région. Ce mouvement a organisé de nombreuses manifestations pour dénoncer l’incapacité du gouvernement à lutter contre la discrimination dont sont victimes les ressortissants du sud du pays. Le gouvernement a sévèrement réprimé les manifestants pacifiques, et les leaders du mouvement ont été arrêtés et emprisonnés. Depuis le début des manifestations en 2007, les forces de sécurité ont arrêté, la plupart du temps de façon arbitraire, des milliers de manifestants, de sympathisants et de leaders du Mouvement du sud.
Amnesty International craint que Saeed Ali Shamrookh soit en grave danger s’il est renvoyé de force au Yémen et qu’il devienne un prisonnier d’opinion s’il était emprisonné à son retour dans son pays. C’est pourquoi Amnesty International a lancé mardi une action urgente dans le monde entier, demandant à ses membres d’écrire immédiatement à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf et au directeur de l’ODM Alard du Bois-Reymond pour que Saeed Ali Shamrookh ne soit pas renvoyé de force au Yémen, en respect des obligations internationales de la Suisse.
Amnesty International lance une action urgente quand des personnes sont arrêtées arbitrairement ou torturées, quand elles subissent des déplacements forcés ou sont condamnées à mort, ou encore menacées d’autres violations de leurs droits. L’organisation alerte via sa centrale de Londres son réseau « Actions urgentes » composé de près de 150’000 membres à travers le monde (dont environ 5’000 en Suisse). En l’espace de quelques heures, ces bénévoles envoient des lettres, des fax et des courriels aux gouvernements. Ils montrent ainsi l’attention internationale pour des êtres humains en danger. L’an dernier, Amnesty International a lancé 343 actions urgentes.
Depuis la Chine jusqu’au Zimbabwe, les actions urgentes ont pu, depuis leur création en 1973, sauver la vie d’innombrables personnes. Dans près de la moitié des cas, elles sont suivies d’améliorations: des prisonniers d’opinion non-violents sont libérés, des condamnations à mort commuées, les conditions de détention s’améliorent ou des personnes sont protégées de la torture. (apic/com/ai/chm)
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