Un vent de renouveau souffle sur l’œuvre d’entraide catholique
Givisiez/Fribourg, 22 avril 2010 (Apic) Caritas canton de Fribourg a depuis mercredi 21 avril un nouveau président en la personne de Beat Renz, qui vient tout juste de prendre sa retraite en tant que secrétaire général de la Direction de la Sécurité et de la Justice (DSJ), après 35 ans de service à l’Etat de Fribourg. Engagé en 1974 par l’Etat de Fribourg, Beat Renz a occupé la fonction de chef de service de la Direction dès 1978, puis de secrétaire général dès 1988.
L’assemblée générale de Caritas Fribourg, qui a réuni mercredi soir une cinquantaine de personnes au Centre paroissial de Givisiez, a complété son comité en élisant à l’unanimité le nouveau président, Beat Renz, juriste de formation (Fribourg), et trois autres membres: Jacques Berset (Cormérod), rédacteur en chef de l’Agence de presse internationale catholique (Apic) et conseiller communal à Misery-Courtion en charge de la Santé et des Affaires sociales; Jean-luc Bettin (Fribourg), avocat et collaborateur au Tribunal administratif fédéral à Berne, membre du Conseil général de la ville de Fribourg; Patrick Marchioni (Guin), économiste et diplômé en management de la santé, collaborateur à la Direction de la Santé publique et des Affaires sociales à Fribourg.
Après une année assez agitée, qui a vu le départ juste après l’assemblée générale 2009 de sa présidente Jeannine Godel et de son vice-président Adolphe Gremaud, et d’autres départs de son comité durant l’année pour raisons professionnelles ou de surcharge de travail, l’année 2010 part sous de meilleurs auspices, a noté le vicaire épiscopal Marc Donzé, qui exerçait la présidence ad intérim. Il a noté que la situation était désormais apaisée et que Caritas Fribourg allait rester cette année volontairement prudente pour consolider les acquis.
La seule nouveauté de cette année, a souligné Marc Donzé, est la « CarteCulture » qui permet à des personnes à petit budget d’avoir accès à la culture, à la formation et aux sports, avec des rabais allant jusqu’à 70%. Caritas Fribourg et le Service culturel Fribourg et Région, ont lancé cette initiative le 15 janvier. C’est une première en Suisse romande, le concept existant depuis quelques années dans plusieurs cantons alémaniques, dont Zurich, Berne, Lucerne et les Grisons. Déjà 70 cartes ont été délivrées, et deux nouvelles communes ont adhéré au concept: Rossens et Prez-vers-Noréaz. Elles rejoignent ainsi Avry, Belfaux, Chésopelloz, Corminboeuf, Corpataux-Magnedens, Düdingen, Fribourg, Givisiez, Granges-Paccot, Marly, Matran et Villars-sur-Glâne. Le projet CarteCulture s’inscrit dans l’ »Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ».
Au plan financier, a souligné le vicaire épiscopal, les comptes 2009, qui tournent autour d’un million de francs, bouclent sur un équilibre parfait, car le bénéfice de l’exercice de quelque 29’600 francs a été versé pour recomposer le capital propre de l’association, qui avait été entamé durant les périodes difficiles de Caritas Fribourg. « Après une année tumultueuse, nous allons vers le beau temps, a-t-il lancé, la plus petite des Caritas de la Suisse va se développer, « mais à un rythme prudent ». Après avoir remercié les participants pour leur soutien « d’autant plus précieux dans les temps de tempête » qu’a traversés l’association, Marc Donzé a rappelé que la mission d’entraide de Caritas était plus importante que jamais.
Cette stratégie prudente a porté des fruits puisque l’exercice comptable 2009 a dégagé un excédent, une situation que l’œuvre d’entraide n’avait plus connue depuis sept ans, a pour sa part remarqué la directrice de Caritas Fribourg, Petra Del Curto.
« L’homo oeconomicus n’aime pas le don »
En conclusion de l’assemblée générale, les participants ont écouté l’exposé du professeur Paul H. Dembinski, directeur de l’Observatoire de la finance à Genève et professeur associé de stratégie et concurrence internationales à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Fribourg, sur le thème « Le don, une liberté qui dérange ». Selon le conférencier, le don, par son aspect gratuit et sans contrepartie, ne rentre pas dans la logique de l’économie libérale. « L’homo oeconomicus n’aime pas le don, car dans la logique du marché, censée produire une allocation efficiente des ressources, il provoque une incompréhension totale », affirme-t-il. Commentant l’encyclique du pape Benoît XVI, « Caritas in veritate » (L’Amour dans la vérité), le professeur Dembinski rappelle que pour le pape, le don et la gratuité doivent être partie intégrante de l’activité économique, « pas à côté de l’activité économique ». « Le don ne doit pas intervenir pour réparer les dégâts ». L’orateur a proposé de remplacer la logique de « l’homo oeconomicus » par celle de « l’homo donator ». JB
Aide à la gestion de budget, CarteCulture, Ecrivains publics…, 2009 reste pour Caritas Fribourg l’année de la mise en place de ces nouvelles prestations concrètes contre la précarité. Et c’est avec un comité renouvelé et des comptes assainis que l’organisation d’entraide fribourgeoise entre avec les Caritas régionales de Suisse dans la décennie de lutte pour « réduire de moitié la pauvreté en Suisse d’ici 2020 ».
Dans le cadre de la convention de collaboration signée avec l’Etat de Fribourg, Caritas Fribourg a suivi 279 situations d’endettement, dont 167 nouveaux dossiers, en 2009. Les personnes suivies totalisaient près de CHF 19 millions de dettes, soit une moyenne de CHF 68’039.– par ménage pour un revenu mensuel net moyen de CHF 4’970.-. Depuis 2002, la dette des personnes aidées, qui était de CHF 37’000.– a ainsi quasiment doublé, note Caritas, alors que les salaires moyens des personnes concernées n’ont pratiquement pas bougé. « C’est un signe alarmant », a souligné la responsable du programme de désendettement.
Outre le conseil en matière de dettes, le suivi a notamment permis une procédure d’assainissement des dettes pour plus du tiers des dossiers (37%). En outre ce service a organisé une formation avec des professionnels (assistants sociaux, curateurs et tuteurs) en lien avec les personnes endettées et fait une séance de prévention pour 62 élèves du Cycle d’Orientation de Morat. Il a, par ailleurs, répondu à 173 demandes de renseignements brefs par téléphone essentiellement. La permanence téléphonique est ouverte tous les matins.
Une centaine de familles vivant dans la précarité ont bénéficié d’un accompagnement dans le cadre de la consultation sociale par une assistante sociale afin de stabiliser leur situation et de trouver des solutions durables. Pour de nombreux dossiers, une demande d’aide financière a été adressée à des fondations diverses, ce qui a permis d’aider les personnes pour un montant de CHF 45’000.-. La permanence d’urgence, ouverte le mardi matin de 10h à 12h, a été sollicitée par 140 personnes pour des entretiens de soutien et d’orientation avec aide d’urgence. Cette permanence s’adresse aux personnes les plus démunies, le plus souvent en recherche d’une aide alimentaire, sans compter les demandes de renseignements.
Mise en place depuis octobre 2009, avec un poste de 20%, l’aide à la gestion de budget et à la gestion administrative propose l’examen et l’élaboration du budget, des démarches administratives, ainsi que des arrangements de paiement. L’augmentation du poste à 50% a permis de traiter 48 situations dont 26 cas depuis janvier 2010. Des bénéficiaires suivis par ce nouveau service ont acquis une autonomie provisoire (31%), définitive (10%), ou obtenu un droit à une prestation (10%) ou une amélioration du minimum vital (49%).
Caritas Fribourg compte sur une centaine de bénévoles très actifs dans la Broye, la Sarine, en Gruyère et en Veveyse. De leurs réflexions sur le bénévolat sont nés les écrivains publics bénévoles en 2009. Depuis janvier 2010, ils aident les bénéficiaires en panne d’écriture en leur rédigeant des documents administratifs et des courriers personnels. Dès fin avril 2010, les demandeurs peuvent bénéficier de ce service dans les locaux de l’association LivrEchange à l’Avenue du Midi 3-7 à Fribourg, les derniers vendredis du mois de 14h à 18h. JB
Pour réduire de moitié la pauvreté dans la décennie 2010-2020, Caritas Fribourg mène plusieurs actions. Elle soutient le postulat « Rapports réguliers sur la pauvreté dans le canton de Fribourg ». Déposé au Grand Conseil fribourgeois par la députée socialiste Andrea Burgener Woeffray et le député chrétien social Bruno Fasel le 17 mars 2010, ce postulat demande une description annuelle de l’ampleur et l’évolution de la pauvreté dans le canton de manière à permettre deux fois par législature une évaluation et un suivi des politiques mises en œuvre dans ce domaine.
Alors que la Confédération vient de publier son rapport « Stratégie globale de la Suisse en matière de lutte contre la pauvreté » en réponse à une motion parlementaire, rapport salué par Caritas, Andrea Burgener Woeffray propose de faire un monitoring de la pauvreté dans le canton. « Il faut disposer d’une vue d’ensemble pour les députés et le gouvernement, poser un diagnostic, avant de proposer des actions ». Son postulat destiné au Conseil d’Etat a été transmis à la direction des Affaires sociales. Vendredi, au cours d’une conférence de presse, la députée, qui présentait son postulat demandant des « Rapports réguliers sur la pauvreté dans le canton de Fribourg », a dit qu’elle tenait à rester en contact avec Caritas Fribourg, « un acteur important pour le suivi de ce dossier ». Elle estime toutefois qu’il ne faut pas en rester à l’aide individuelle, et demande au canton et à la Confédération d’avoir une vision stratégique de la lutte contre la pauvreté. (apic/com/be)
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