Une chapelle qu’inspira une religieuse, Sœur Jacques-Marie
Rome, 29 juillet 2010 (Apic) Les Musées du Vatican ouvriront fin 2010 une salle dédiée au peintre français Henri Matisse (1869-1954) et plus particulièrement à la décoration de la Chapelle du Rosaire à Vence (France), que l’artiste a réalisée à la fin de sa vie.
La chapelle de Vence a été inspirée par une religieuse, Soeur Jacques-Marie, aujourd’hui décédée. L’Apic avait consacré cette égérie de Matisse lui consacrant un important reportage, lors d’une rencontre à Bidart, près de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).
Cinq années ont été nécessaires pour aménager l’une des salles de la section d’Art moderne religieux des Musées du Vatican qui accueillera l’imposant matériel préparatoire du peintre, a confié la responsable du département Micol Forti à I.Media.
Plans, dessins et autres maquettes avaient été légués dans les années 1970 et 1980 par l’un des fils de Matisse et par les dominicaines en charge de la chapelle. Depuis lors, ils n’avaient jamais été exposés.
Des structures spécifiques ont été nécessaires pour supporter les modèles grandeur nature ayant servi à la réalisation des vitraux de cette chapelle à l’architecture dépouillée, inaugurée en 1951. Une première ébauche de la Vierge à l’enfant en céramique qui orne les murs de la chapelle aura aussi sa place dans cette salle.
Parmi les autres pièces de la collection, l’intense correspondance de Matisse avec la mère supérieure de l’époque, ainsi que la première série de vêtements liturgiques en soie qu’il avait lui-même conçus. Le visiteur pourra aussi étudier une reproduction de l’immense flèche de métal qui domine la chapelle.
La Chapelle du Rosaire est, aux yeux de Micol Forti, symbolique du rôle «déterminant» des artistes français pendant les 10 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), alors que «l’on était encore très statique à Rome» avant l’arrivée de Paul VI (1963-1978). Selon la responsable, grâce à des artistes comme Matisse, Fernand Léger (1881-1955) ou Alfred Manessier (1911-1993), «on a connu entre 1944 et 1955 un renouveau semblable à celui de la période gothique».
Soeur Jacques-Marie, née en 1921, Monique Bourgeois, ancienne infirmière, fut modèle du peintre Henri Matisse, avant de faire le choix du voile, qui attira la colère du « fauve » de la couleur.
L’Apic avait rencontré l’égérie de Matisse, et fait quelques pas avec elle dans ses souvenirs, sur les plages de Bidart, petite ville balnéaire du pays basque français proche de Bayonne. Elle avait évoqué les 12 dernières années de la vie du « fauve » de la couleur, la profonde amitié entre le peintre et elle.
« C’est avec vous que j’ai fait mes meilleurs dessins et mes meilleurs tableaux », avait confié Matisse à cette relieuse vendéenne. De fait, c’est elle qui inspira à Matisse la chapelle de Vence, et tant d’autres peintures où elle avait servi de modèles. L’espace d’une rencontre, du côté de Bidart, Soeur Jacques-Marie avait évoqué les discussions et les anecdotes avec le « fauve » de la couleur. Se mélangeaient alors encore bien vivantesles anecdotes, les voix et les images des Chagall, Picasso ou autre Aragon, que 12 ans de rencontres avec le peintre l’amenèrent à côtoyer. La religieuse ayant confié sa douleur de ne pas avoir été là, en 1954, aux côtés de Matisse pour l’accompagner dans ses derniers jours.
Artiste dans l’âme, infirmière par vocation, Monique avait cependant confusément senti que l’appel de la vie religieuse allait un jour l’emporter. « Le plus difficile a été d’annoncer à Monsieur Matisse ma décision d’entrer au couvent », avait alors confié la religieuse à l’Apic, se souvenant aussi de la réponse de l’artiste: « Comment avez-vous pu avoir une idée pareille? Pourquoi partez-vous? J’avais l’intention de vous faire travailler le dessin… J’avais tant admiré les illustrations de vos cahiers d’infirmière ». « J’ai su, mais après coup, que Matisse est ensuite resté plusieurs mois sans travailler ». (apic/imedia/pr)
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