Une étude réalisée par une ONG contredit un rapport d’Israël sur la question
Jérusalem, 29 juillet 2010 (Apic) La rivière où a été baptisé Jésus est ’trop polluée’ pour les pèlerins. En raison d’inquiétudes pour la santé liées à la qualité de l’eau, une organisation environnementale a appelé à l’interdiction des baptêmes dans le bas Jourdain, où, selon la Bible, Jésus a été baptisé.
« Pour des raisons de santé publique mais aussi d’intégrité religieuse, les baptêmes devraient être interdits dans la rivière », a déclaré à ENI Gidon Bromberg, directeur israélien de EcoPeace/Les amis de la terre Moyen-Orient (FoEME), dont les bureaux se trouvent à Tel Aviv, Bethléem et Amman.
Les autorités israéliennes ont annoncé le 27 juillet que les résultats des tests réalisés sur l’eau du bas Jourdain indiquent que le site de Qasr al Yahud, en Cisjordanie, très fréquenté par les pèlerins pour les cérémonies de baptême, répond aux normes du Ministère de la Santé. Gidon Bromberg affirme cependant qu’aucun baptême ne devrait y avoir lieu tant que l’eau n’aura pas été dépolluée.
Qasr al Yahud, situé dans une zone militaire contrôlée par Israël, fait face à un autre site baptismal, situé quant à lui sur la rive jordanienne du fleuve. Les deux sites attirent les pèlerins venant en Terre Sainte et Israël et la Jordanie revendiquent tous deux l’authenticité du lieu où Jean le Baptiste a baptisé Jésus.
« Nous appelions à mettre en suspens les baptêmes des deux côtés du fleuve. C’est exactement la même eau polluée », a déclaré Gidon Bromberg.
Le site baptismal situé sur la rive contrôlée par Israël a été fermé pendant une journée le 26 juillet, mais il a rouvert le 27, a indiqué Gidon Bromberg, tandis que du côté jordanien, le site n’a jamais fermé et la Jordanie n’a aucunement réagi aux appels lancés par l’organisation environnementale. Gidon Bromberg a par ailleurs exhorté la communauté chrétienne à participer au débat.
« Si la même chose arrivait à un site saint juif ou musulman, ce serait un tollé général », a-t-il affirmé. Il a expliqué avoir emmené des responsables chrétiens locaux sur le site et, bien qu’ils aient exprimé leur déception vis-à-vis de la qualité de l’eau, ils n’ont pas communiqué leurs préoccupations aux autorités nationales, a-t-il indiqué.
Selon FoEME, la partie basse du Jourdain souffre depuis longtemps d’une « très mauvaise gestion », notamment à cause du détournement par Israël, la Syrie et la Jordanie de 98% de ses eaux et en raison du rejet dans le fleuve d’eaux usées non traitées, d’eaux salines et d’effluents de bassins de pisciculture, ainsi que du lessivage des terres cultivées.
Les tests menés par l’autorité israélienne en charge de la nature et des parcs ont été entrepris suite à un rapport originellement publié dans le quotidien israélien Yediot Aharonot à la mi-juillet, concernant un décret du Ministère de la Santé interdisant les baptêmes en raison de risques pour la santé des individus en cas de contact avec l’eau du fleuve.
« Ce récent avertissement sanitaire constitue un vif appel à l’action, afin que nos gouvernements œuvrent à réhabiliter la partie basse du Jourdain, de manière que les riverains et les touristes puissent jouir des sites naturels, culturels et religieux uniques du fleuve », a déclaré Munqeth Mehyar, le directeur jordanien de FoEME.
Selon un rapport de FoEME publié en mai 2010, bien que les nouvelles stations d’épuration en cours de construction en Israël et en Jordanie permettront de traiter les eaux usées et les eaux salines afin de les recycler pour l’agriculture, la rivière pourrait s’assécher d’ici la fin 2011. L’organisation environnementale a demandé urgemment la tenue d’une réunion de représentants gouvernementaux israéliens, jordaniens et syriens, ainsi que de l’Autorité palestinienne, afin de se pencher sur la question de la réhabilitation du fleuve. (apic/eni/pr)
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