Premier ministre avant la guerre, le patriarche orthodoxe de Roumanie avait ôté la nationalité aux juifs
Bucarest, 24 août 2010 (Apic) Malgré les pressions exercées sur Bucarest par les milieux juifs, notamment la direction du Musée américain du Mémorial de l’Holocauste à Washington et les juifs de Bucarest, la Banque nationale de Roumanie ne veut pas retirer du marché la monnaie commémorative à l’effigie du patriarche orthodoxe Miron Cristea. Cette personnalité religieuse, qui fut également un homme politique avant la Deuxième guerre mondiale, est accusée d’antisémitisme. La Banque nationale a déclaré qu’elle ne voulait en aucun cas envoyer un message antisémite ou xénophobe avec cette décision.
Une commission mise sur pied par la Banque nationale de Roumanie (BNR) pour reconsidérer cette décision a relevé qu’elle frappait cette série de monnaies commémoratives – qui représentent les cinq premiers patriarches de Roumanie – à la demande de la très influente Eglise orthodoxe du pays. La BNR a souhaité marquer les 125 ans de la création de l’Eglise orthodoxe roumaine en émettant une série de cinq monnaies en argent portant les effigies des cinq patriarches qui l’ont dirigée de 1925 à 2007, a indiqué la semaine dernière la Banque nationale dans un communiqué publié à Bucarest.
Premier patriarche de l’Eglise orthodoxe roumaine, Premier ministre de Roumanie du 10 février 1938 au 6 mars 1939 sous le régime dictatorial du roi Carol II, Miron Cristea avait fait retirer la nationalité roumaine à 225’000 juifs, soit plus du tiers des juifs vivant à l’époque dans le pays. Le 18 août 1937, il avait fait une déclaration appelant la nation roumaine à « combattre les parasites juifs» qui répandent « l’épidémie de la corruption » à travers la Roumanie. Il affirmait que les Roumains avaient un « devoir national et patriotique » de se protéger contre les juifs.
Accusé par ses adversaires de jouer le rôle de « Raspoutine » au sein de la « camarilla du palais », il s’était également dans les années 1920 opposé fortement à l’idée d’un concordat avec le Vatican, refusant « un traité qui subordonne les intérêts du pays et la souveraineté de l’Etat à une puissance étrangère ».
Comme homme politique, il plaida pour « l’émigration organisée de l’excédent de population juive », c’est-à-dire l’expulsion des juifs venus en Roumanie durant ou après la Première guerre mondiale. Comme Premier ministre d’un pays devenu « corporatiste » en s’inspirant de l’Etat fasciste italien, il a également pris des mesures restrictives contre les minorités protestantes.
Notons que l’ambassadeur des Etats-Unis à Bucarest Mark Gitenstein a vivement critiqué la décision de la Banque nationale roumaine de poursuivre la vente de la monnaie commémorative contestée. (apic/com/be)
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