La première église catholique construite à Lausanne après la Réforme
Lausanne, 25 août 2010 (Apic) Les catholiques vaudois sont invités à fêter samedi 11 septembre les 175 ans de la basilique Notre-Dame de Lausanne. «Notre-Dame du Valentin», consacrée en 1835, est la première église catholique construite à Lausanne après la Réforme. En 1992, elle fut élevée au rang de basilique par le pape Jean Paul II. C’est le plus grand sanctuaire catholique sur la dizaine que compte la ville.
Un pèlerinage partira de Puidoux le matin du 11 septembre pour rejoindre le quartier du Valentin en fin d’après-midi. La fête des 175 ans de la basilique Notre-Dame de Lausanne débutera par un rassemblement au pied de la « Croix de la Dame » à Puidoux. Les pèlerins rejoindront ensuite Cully en passant par Lavaux sur de vieux chemins du Moyen-Âge. Ils sont invités à s’installer dès 12h30 sur la place Major-Davel pour un pic-nic tiré du sac. Les pèlerins poursuivront leur chemin pour rejoindre le centre de Lausanne vers 16h45. Une messe solennelle aura lieu à 18 heures, suivie d’un apéritif festif sur le parvis de la basilique.
L’église Notre-Dame perpétue la tradition du pèlerinage à Notre-Dame de Lausanne qui fut très fréquenté jusqu’à la réforme protestante de 1536. JB/Com
La basilique Notre-Dame de Lausanne
Lors de l’introduction à Lausanne de la réforme protestante par les Bernois en octobre 1536, le culte catholique est interdit. Les catholiques immigrés ou de passage doivent se rendre alors à la messe à Assens, près d’Echallens. En 1792, fuyant la Révolution, la baronne Marie-Eléonore d’Olcah, accompagnée de son chapelain, se réfugie à Lausanne. Cette femme laïque regroupe alors autour d’elle la communauté catholique qui célèbre la messe dans diverses maisons privées. De 1814 à 1835, les catholiques peuvent célébrer la messe au temple de St-Etienne, sanctuaire partagé avec les luthériens allemands.
En 1828, le Conseil d’Etat vaudois autorise la construction d’une église catholique. On se met aussitôt au travail sur un terrain en pente près de l’Université, mais suite à un glissement de terrain en 1831, le bâtiment est si endommagé qu’il doit être démoli avant même d’avoir été occupé. L’architecte Henri Perregaux construit alors l’église actuelle qui est consacrée en 1835. En 1935, l’architecte romontois Fernand Dumas agrandit l’église et la dote d’un clocher (*). C’est de cette époque aussi que datent la fresque du choeur oeuvre de Gino Severini et la statue du porche de Francis Baud. Une nouvelle restauration eut lieu entre 1975 et 1977 pour adapter l’église à la réforme liturgique. JB/Com
(*) Aux termes d’une loi votée en 1810 par les jeunes autorités du canton de Vaud «sur l’exercice de l’une des deux Religions, dans une Commune où cette Religion n’est pas actuellement établie», l’édifice devait être sans clocher, et sans aucun signe extérieur indiquant sa destination. Cette réglementation, qui n’était plus alors respectée et qui fut définitivement abolie il y a quelques décennies, fut appliquée dans d’autres villes du canton, par exemple à Nyon, Morges ou Yverdon. Ainsi, la première église catholique romaine autorisée dans la capitale vaudoise depuis la Réforme ne devait pas ressembler à une église… JB
Un peu d’histoire
Lorsqu’en1536, Leurs Excellences de Berne (LL.EE.), nouveaux maîtres du pays, décrètent la Réformation, elles abolissent les «cérémonies papales». Dès lors, le culte catholique est strictement interdit dans l’ensemble du territoire du futur canton. Il subsiste toutefois dans la région d’Echallens, dans dix communes groupées en trois paroisses (Echallens, Assens, Bottens). Dans cette partie du bailliage d’Orbe-Echallens, commun à Berne et Fribourg, les votations en matière religieuse, appelées «le Plus», n’ont pas donné de majorité favorable au «Presche», c’est-à-dire à la Réforme.
Ailleurs, la célébration de la messe est tolérée dès le milieu du XVIIIème siècle dans le cadre privé des demeures de notables étrangers. La Révolution française provoque un afflux d’émigrés catholiques, de prêtres aussi, qui peuvent officier à titre privé. Mais, en juin 1796, ces réfugiés français sont expulsés par LL.EE. sous la pression du Directoire. La baronne d’Olcah, émigrée d’origine allemande arrivée en 1792, obtient toutefois qu’un prêtre reste à Lausanne et célèbre la messe dans sa maison où elle reçoit les catholiques souhaitant y assister. La Révolution vaudoise ne modifie pas la situation du culte catholique, du moins en fait.
La Constitution vaudoise de l’Acte de médiation (1803) ne garantissait la liberté du culte qu’aux communions actuellement établies dans le canton. Le nouveau canton adopta en 1810 «la loi sur l’exercice de l’une des deux Religions dans une Commune où cette Religion n’est pas actuellement établie». Cette loi ne visait en fait que la religion catholique. La permission gouvernementale de s’établir était octroyée moyennant l’engagement des requérants de pourvoir à toutes les dépenses. Le ministre du culte, soit le prêtre desservant, était nommé par le Conseil d’Etat après une triple proposition émanant des préposés de la paroisse. Cette loi ne s’appliqua qu’à partir de 1817, lorsque le gouvernement assura l’autorité diocésaine qu’il n’entendait point nommer comme curé une personne qui ne serait pas agréée par l’évêque diocésain. Dans le district d’Echallens, les ecclésiastiques étaient aussi nommés par le Conseil d’Etat, mais sur présentation de l’évêque.
Sous le régime de la loi de 1810, en vigueur jusqu’en 1970, l’Eglise catholique fonda de nombreuses paroisses ou rectorats dans le canton: Lausanne Notre-Dame (1814), Yverdon (1832), Vevey Notre-Dame (1834), Nyon (1835), Morges (1837), Rolle (1843), Aigle (1853), Vallée de Joux (1859), Montreux (1883), Bex (1885), Moudon (1886), Payerne (1887), Vallorbe (1889), Lavey-Morcles (1901), Blonay (1901), Château-d’Oex (1904), Leysin (1906), Villeneuve (1911), Orbe (1914), Renens (1915), Lausanne Sacré-Cœur (1916), Lausanne Saint-Rédempteur (1916), Saint-Prex (1917), Villars-sur-Ollon (1934), Lausanne Saint-Joseph (1936), Roche (1938), Sainte-Croix (1939), Oron (1945), Avenches (1948), Grandson (1949), Lausanne Saint-Amédée (1950), Lausanne Saint-Etienne (1950), Lausanne Saint-Nicolas de Flüe (1950), Aubonne (1950), Lausanne Sainte-Thérèse (1951), Lutry (1951), Grange-Marnand (1951), Cossonay (1952), Prilly (1956), Lausanne Saint-Esprit (1957), Pully (1958), Clarens (1960), Cully (1963), Lucens (1963), Bussigny (1964), Vevey Saint-Jean (1969). Dans le district d’Echallens, trois paroisses furent fondées au cours du XIXème siècle: Saint-Barthélémy (1801), Villars-le-Terroir (1847) et Poliez-Pittet (1868).
Les missions linguistiques (italiennes, espagnoles, germanophone, anglophone, hongroise, tchèque, portugaise et croate) furent fondées après 1940. Dès 1863, l’Etat alloua une subvention au curé de Lausanne et, dès 1956, un subside annuel de 200’000 francs pour les activités sociales et charitables des catholiques vaudois. Certaines communes ont versé des subventions aux écoles catholiques. Mis à part la région d’Echallens, les fidèles des paroisses qui se sont créées dans l’ensemble du canton au cours des XIXe et XXe siècles en ont supporté tous les frais, qu’il s’agisse de l’entretien du clergé ou de la charge des lieux de culte.
C’est en 1970 que la situation matérielle de l’Eglise catholique se modifia profondément. Après modification de la Constitution cantonale, l’Etat et les communes prirent en charge les frais du culte catholique selon les mêmes normes que ceux du culte protestant. (apic/com/be)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/la-premiere-eglise-catholique-construite-a-lausanne-apres-la-reforme/