Algérie: Relaxe dans le procès des non jeûneurs durant le ramadan

Amnesty International appelle l’Algérie à respecter la liberté de conscience et de religion

Alger, 5 octobre 2010 (Apic) Le tribunal d’Ain El Hammam, en Kabylie, a prononcé mardi 5 octobre la relaxe en faveur de deux prévenus algériens de confession chrétienne, Hocine Hocini et Salem Fellak, accusés d’avoir rompu le jeûne durant le mois du ramadan.

Amnesty International a pour sa part appelé l’Algérie à respecter la liberté de conscience et de religion et à abandonner toutes les poursuites judiciaires engagées contre les citoyens qui n’ont pas fait le jeûne durant le mois de ramadan. L’organisation engage par ailleurs les autorités à abroger les dispositions du Code pénal algérien dont la formulation vague permet de poursuivre ceux qui ne se conforment pas aux normes religieuses et sociales en Algérie.

Le procureur avait requis trois ans de prison ferme à l’encontre des deux prévenus

Dans son verdict, le tribunal d’Ain El Hammam a rejeté les accusations du procureur qui avait requis le 21 septembre trois ans de prison ferme à l’encontre des deux prévenus de confession chrétienne. « Ils sont sortis libres et soulagés du palais de justice. Les deux prévenus n’ont, d’ailleurs, pas caché leur joie par rapport à cette issue heureuse de ce procès honteux», écrit mardi le quotidien algérien El Watan, sur son site internet www.elwatan.com. Le quotidien El Watan a été lancé le 8 octobre 1990, dans le sillage des réformes politiques, par vingt journalistes regroupés dans la SPA El Watan. Il est le premier journal indépendant du matin à être édité en Algérie.

« Je remercie tous les citoyens qui se sont mobilisés pour que l’injustice soit bannie dans notre pays « , a déclaré à El Watan Hocine Hocini après l’annonce du verdict. «Après un feuilleton judiciaire qui a tenu en haleine toute l’Algérie, le tribunal d’Ain El Hamma a finalement coupé court aux rêveries fanatiques de certains cercles officiels qui voulaient bien mettre en prison ces deux citoyens», écrit El Watan.

Pour de nombreux observateurs, poursuit le journal algérien, la mobilisation internationale a été pour beaucoup dans la relaxe de Hocine Hocini et Salem Fellak. De leur côté, les cinq avocats de la défense ont salué « une victoire de la justice contre l’arbitraire ». Des centaines de personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur du tribunal pour clamer haut et fort leur soutien aux deux non jeûneurs. D’autres procès de citoyens non jeûneurs s’ouvriront prochainement à Béjaia et Larbâa Nath Irathen.

Les non jeûneurs que la justice algérienne a traînés devant les tribunaux sont coupables de «comportements immoraux» aux yeux du Haut Conseil Islamique (HCI), un organe en Algérie qui conseille dans les matières relatives à l’islam. «Le Conseil dénonce les violations par certains individus, du caractère sacré du mois de ramadan dans certains endroits du pays et les comportements immoraux affichés par ces derniers dans les lieux publics», peut-on lire dans le communiqué du HCI, qui est un organe censé, «selon les missions qu’on lui a assignées, de protéger l’Islam contre les manipulations politiciennes». El Watan rappelle que toutes les personnes arrêtées par la police durant le mois sacré de ramadan «ont été « débusquées » de leurs demeures, à savoir un espace privé que nulle législation aussi religieuse soit-elle ne peut réglementer ! Que ce soit à Ain El Hammam ou à Bejaia, les «non jeûneurs» n’ont fait que consommer des repas dans leurs propres maisons!»

Amnesty International a, de son côté, exprimé son indignation face aux propos du procureur de la République d’Ain El Hammam qui a demandé à Hocine Hocini et Salem Fellak, deux citoyens chrétiens, «de choisir l’islam ou de quitter l’Algérie». «En tant qu’Etat partie au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques (PIDCP), l’Algérie est dans l’obligation de respecter le droit à la liberté de conscience et de religion», rappelle Amnesty International qui précise que l’article 18 du PIDCP prévoit en particulier que «Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix». (apic/ew/ai/be)

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