Elle condamne la reprise des exécutions en Thaïlande
Bangkok, 12 octobre 2010 (Apic) L’Eglise catholique a condamné la reprise des exécutions en Thaïlande après six années d’interruption. Le 10 octobre dernier, elle a affiché solennellement sa position abolitionniste en participant à la Journée mondiale contre la peine capitale, avec d’autres mouvements et associations militant contre la peine de mort.
D’après l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris (MEP) « Eglises d’Asie », Mgr Banchong Chaiyara, évêque catholique d’Ubon Ratchathani, a rappelé que la peine de mort s’inscrit contre l’enseignement de l’Eglise. « L’Eglise de Thaïlande s’oppose à la peine capitale (…) et pense que la loi ne devrait pas avoir le pouvoir de retirer la vie. L’emprisonnement à perpétuité est une peine suffisante », estime le président de la Commission pour le développement social de l’épiscopat thaïlandais et directeur de la Commission « Justice et Paix » de l’Eglise catholique,
Un point de vue partagé par Phokthavi Vilaiwan, directrice du département de « Jesuit Refugee Service » (JRS) pour les prisonniers étrangers : « Nous luttons contre le suicide parce que la vie est précieuse et sacrée. Alors d’autant plus lorsqu’il s’agit de la peine de mort qui est toujours appliquée ici ! ».
Ces réflexions rejoignent celles de Boonridrerthaikul Parinya, dirigeante d’Amnesty International Thaïlande : « La peine capitale est cruelle et inhumaine. Plusieurs gouvernements se justifient de l’utiliser en prétendant qu’elle décourage le crime, mais il n’y a aucune statistique qui le démontre » Et d’ajouter : « La peine capitale est souvent imposée de façon arbitraire ou comme moyen de répression ». D’après la présidente de l’ONG en Thaïlande, cette solution définitive est le plus souvent utilisée pour les pauvres et les membres de minorités ethniques ou religieuses.
En Thaïlande, la sentence capitale est prononcée pour les homicides ou le trafic de drogue. D’après Phokthavi Vilaiwan, les tribunaux du pays ne statuent que sur la nature du crime et ne prennent pas en compte les éventuelles circonstances atténuantes : « Certaines personnes sont dans des réseaux de drogue parce qu’elles sont trop pauvres ou ont été contraintes par la force. »
Bien que la peine de mort soit prononcée de plus en plus fréquemment, dans le cadre de la lutte anti-drogue menée par le gouvernement depuis le début des années 2000, elle est le plus souvent commuée en prison à vie après demande de grâce royale. « La loi thaïlandaise autorise la peine de mort, mais la plupart de ceux qui sont dans le couloir de la mort restent emprisonnés à vie », poursuit Phokthavi Vilaiwan.
En 2009, la Thaïlande a exécuté deux trafiquants de drogue par injection létale, premiers condamnés à subir la peine de mort depuis 2003. Les exécutions avaient déjà été interrompues de 1987 à 1995. Toutes les associations militant pour les droits de l’homme en Thaïlande soulignent que, bien que la peine de mort soit a priori incompatible avec le bouddhisme- religion à laquelle adhèrent 90 % de la population – la majorité des Thaïlandais se disent favorables à son maintien.
Aujourd’hui, plus des deux tiers des nations ont aboli la peine de mort et la plupart des pays qui ont toujours inscrit la peine capitale dans leur droit ne l’utilisent plus. En 2009, dix-huit pays ont exécuté des condamnés à mort. La Chine détient le record mondial des exécutions. Parmi les autres pays asiatiques où est appliquée la peine de mort, on trouve le Bangladesh, la Corée du Nord, le Japon, la Malaisie, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam. (apic/eda/amc)
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