Etats-Unis: La stratégie politique des groupes anti-avortement pourrait affaiblir leur cause

La mort annoncée des Démocrates pro-vie

Washington, 29 octobre 2010 (Apic) A l’approche des élections de mi-mandat, qui se dérouleront le 2 novembre aux Etats-Unis, la bataille pour les sièges de la chambre des représentants se joue aussi sur la question de l’avortement. La campagne des groupes pro-vie pourrait réduire de moitié le nombre de Démocrates opposés à l’avortement. Une question qui deviendrait plus partisane encore, s’inquiète le mensuel évangélique « Christianity Today ».

D’après « Christianity Today », les Républicains – dans leur lutte pour regagner du terrain à la chambre des représentants – attaquent les sièges détenus par les Démocrates pro-vie. Les associations pro-vie, mécontentes du soutien des élus démocrates à la réforme du système de santé, suivent la même stratégie. Elles soutiennent que la loi adoptée au printemps passé permet le financement public de l’avortement. Le président Obama a cependant signé un ordre interdisant le remboursement fédéral de telles interventions.

« Il y a une réelle probabilité que le nombre de Démocrates pro-vie soit réduit suite à ces cette campagne », affirme John Green, professeur de Sciences politiques à l’Université d’Akron. « On s’est beaucoup plaint de la polarisation de la politique américaine sur des questions comme l’avortement. Les résultats de ces élections pourraient polariser plus encore la lutte au Congrès, le vote pro-vie devenant moins présent dans le groupe démocrate et plus affirmé dans le camp républicain » confie-t-il à « Christianity Today ».

Ainsi, les groupes pro-life font campagne contre les Démocrates et soutiennent leurs rivaux républicains. Le Susan B. Anthony List (SBAL), groupe dont l’objectif est d’interdire l’avortement aux Etats-Unis et de soutenir les femmes pro-vie au gouvernement, a financé une campagne de plusieurs millions de dollars intitulée « Votes Have Consequences » (Les votes ont des conséquences) et visant les Démocrates – dont certains sont parmi les plus fervents opposants à l’avortement – qui ont voté pour la réforme du système de santé.

D’après Kristen Day, directeur exécutif de « Democrates for Life of America », une organisation des Démocrates pro-vie, la stratégie est bonne d’un point de vue républicain. Ces derniers ne veulent en effet pas de voix pro-vie fortes dans le parti démocrate, enlevant ainsi un sujet de campagne à leurs adversaires. Et d’affirmer à « Christianity Today »: « Les groupes pro-choix – ceux qui sont partisans du libre choix de la femme en cas d’avortement – suivent la même logique. Je pense qu’ils sont sur la même longueur d’onde que les Républicains pro-vie, ils ne veulent pas de Démocrates pro-vie dans le parti. » De telles stratégies isolent donc ces Démocrates, aussi bien du camp des pro-vie que de celui des pro-choix.

Si les politiciens visés par la campagne devaient perdre leurs sièges, il ne resterait plus que 22 militants pro-vie dans le camp démocrate. Et bien qu’ils soient remplacés par des Républicains conservateurs pro-vie, il n’est pas certain que cette stratégie serve les intérêts de la lutte contre l’avortement. En effet, si l’avortement deviendra, avec la polarisation des camps, un sujet encore plus discuté au Congrès, la bataille risque de se jouer au détriment des pro-vie.

Stephen Schneck, directeur de l’Institut de recherche politique et d’étude catholique à l’Université Catholique d’Amérique remarque en effet: « Si le mouvement de lutte contre l’avortement essaie de restreindre la définition du « pro-vie » à celle du « Républicain », ils s’interdit toute alliance. A moins que le parti républicain ne fasse deux-tiers de l’électorat, il s’engage donc dans une impasse. Pour faire évoluer la question des cellules souches ou faire progresser l’agenda pro-vie, il faut quelques alliés démocrates. Attaquer les Démocrates opposés à l’avortement n’aide par la cause pro-vie. »

La présidente de SBAL, Marjorie Dannenfelser, ne partage cependant pas cet avis. Elle pense que l’action de son groupe va renforcer le vote pro-vie au Congrès. « Ils verront des gens qui vont perdre parce qu’ils avaient dit qu’ils étaient pro-vie et qu’ils n’ont pas agit en conséquence. (…) Ce Congrès sera très fort et nous pourrons bâtir sur cette force. »

(apic/christianity today/tg/rm/amc)

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