Kosovo: L’évêque Artemije Radosavljevic refuse d’être défroqué

Le Synode de l’Eglise serbe-orthodoxe a nommé son successeur

Belgrade, 29 novembre 2010 (Apic) Un évêque serbe-orthodoxe, accusé de mauvaise gestion financière, refuse d’accepter la décision de son Eglise, qui l’a destitué. Il affirme rester en charge de son diocèse.

« La décision de me défroquer est inconstitutionnelle. Elle est non canonique et n’a aucune incidence sur moi, c’est pourquoi je reste ce que j’ai été jusqu’à présent », a déclaré Artemije Radosavljevic. « J’ai respecté l’interdiction de célébrer les rituels religieux afin de ne pas leur donner de raisons de prendre de nouvelles mesures et je m’attendais à ce que la Sainte Assemblée des évêques résolve cette question. (…) Elle a néanmoins continué à prendre des décisions et des sanctions non canoniques », a-t-il précisé.

S’exprimant dans le quotidien serbe « Vecernje Novosti » le 22 novembre, l’évêque réagissait à la décision du Synode de l’Eglise, à Belgrade, qui avait annoncé sa destitution. Artemije Radosavljevic a indiqué qu’il avait accepté les précédentes décisions du Synode pour le bien de l’unité de l’Eglise. Il a ajouté avoir communiqué au Synode qu’il ne se conformerait pas à cette décision tant que son dossier n’aurait pas été examiné par une cour ecclésiastique.

L’évêque de 75 ans était auparavant à la tête du diocèse de Raska-Prizren, au Kosovo. En 1999, il avait fermement critiqué l’intervention de l’OTAN au Kosovo et en février 2008, la déclaration d’indépendance de la province. En mai 2010 déjà, il avait été destitué de son poste et on lui avait interdit de célébrer les offices, suite à des accusations de mauvaise gestion financière. On lui a également intimé l’ordre de rester dans un monastère orthodoxe à Sisatovac. Dans une lettre adressée au Synode, des partisans de l’évêque défroqué ont rejeté les accusations, dénonçant des motivations politiques.

Un schisme dans l’Eglise

Le 19 novembre, le Synode a cependant affirmé avoir désigné Teodosije Sibalic, l’ancien auxiliaire de l’évêque Artemije, en tant que responsable du diocèse de Raska-Prizren.

Selon un communiqué du diocèse, daté du 21 novembre, l’évêque Artemije Radosavljevic a tenté de renverser la hiérarchie en occupant d’autres monastères, donc ceux de Devine Vode et Crna Reka. Le communiqué ajoute que ces sites sont désormais libérés et sous l’autorité du diocèse et que le groupe schismatique d’Artemije Radosavljevic « ne bénéficie pas du soutien du peuple serbe. » Dans sa décision, le Synode a indiqué avoir pris connaissance de « la tentative d’appropriation du pouvoir de l’Eglise » par l’évêque avec beaucoup de regret et d’inquiétude, appelant Artemije Radosavljevic et « ses complices et partisans égarés à faire preuve de pénitence et revenir à l’unité de l’Eglise. »

« Toute l’activité de l’évêque Artemije est invalide d’un point de vue canonique et dépourvue de la grâce de Dieu », a commenté le Synode. « Nous appelons les fidèles à ne pas accepter les mensonges ni les manipulations sectaires des partisans de l’évêque. »

Dans son interview, l’évêque Artemije a cependant déclaré qu’aucune preuve de ses prétendus méfaits n’avait été présentée, ajoutant que les membres du Synode méritaient d’être défroqués pour avoir désigné son successeur de façon non canonique.

Les musulmans constituent la majeure partie des 2,2 millions d’habitants du Kosovo, dont les habitants, essentiellement d’ethnie albanaise, ont été placés sous la protection de l’ONU et de l’OTAN après une guerre contre la Serbie, en 1998-1999. L’indépendance du Kosovo a été reconnue par 69 pays, dont les Etats-Unis et la France, mais pas par la Serbie, ni la Russie, son principal allié. (apic/eni/jl/amc)

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