La peur et les préoccupations remplacent la paix de Noël
Brenkhausen (Allemagne), 3 décembre 2011 (Apic) Ici, il n’est pas question de paix de Noël. Depuis l’attaque mortelle sur des chrétiens coptes, en Egypte, la peine et le deuil se sont emparés du monastère copte-orthodoxe de Brenkhausen, en Westphalie. Dans la République allemande aussi, les coptes sont menacés, remarque Anba Damian, évêque copte-orthodoxe d’Allemagne, qui habite depuis 1993 un ancien couvent cistercien, devenu siège épiscopal de l’Eglise copte-orthodoxe.
Les coptes de Hanovre, Munich et Berlin ont été menacés au cours des derniers mois, s’inquiète l’ecclésiastique à l’imposante barbe grise et vêtu d’une longue robe noire et d’un chapeau à croix dorée. Quatre heures seulement avant l’attaque de la nuit du Nouvel an, l’évêque a écrit une lettre au ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, pour demander la protection de la police. Les deux hommes se sont rencontrés lors de la journée œcuménique des Eglises, en 2010, à Munich.
Il n’y a cependant jusqu’à maintenant aucune protection policière à Brenkhausen. Depuis 1993, l’ancien monastère est la propriété de l’Eglise copte-orthodoxe. Au 13e siècle, il a été fondé par des Sœurs cisterciennes et, après le déclin du début du 17e, a prospéré grâce aux bénédictines. C’est à cette époque qu’a été construit le grand édifice baroque à trois ailes. Après la sécularisation en 1803, le couvent connaît un nouveau déclin. Le cloître est utilisé comme étable et les ailes du monastère sont transformées en distillerie et en grange. La déchéance totale menace le bâtiment.
En 1993, les coptes d’Allemagne acquièrent les ruines du cloître pour la somme symbolique d’un mark, versé au Land Rhénanie-du-Nord – Westphalie. L’Etat exige une restauration qui corresponde aux attentes de la protection des monuments, une entreprise difficile. Il s’agit cependant d’une aubaine pour les vieux murs du cloître, auxquels est rendu leur destination première. Depuis le petit Brenkhausen, près d’Höxter peut même se glorifier d’être devenu un siège épiscopal.
Malgré l’important engagement de la communauté copte de Westphalie, le cloître est toujours en chantier et va le rester longtemps encore. La majorité des rénovations sont faites « maison ». « Nous réhabilitons actuellement l’aile nord de l’édifice », raconte l’évêque, qui conduit volontiers les hôtes parmi les froides murailles. Son allemand est presque parfait, peut-être était-il médecin dans une clinique de Souabe dans une vie précédente.
Cinq diacres coptes, qui s’y connaissent en constructions traditionnelles, sont venus aider l’évêque à reconstruire le cloître. « Ils savaient comment construire des maisons avec de la boue du Nil, de la paille et des poils des veaux », affirme l’évêque Damian en entrant dans une pièce où sèchent des briques de limon. Et d’ajouter: « C’est la technique qui correspondait le mieux aux attentes du service de protection des bâtiments ». La seule différence? Les « ouvriers » utilisent à la place de la boue du Nil la boue de la Weser et le séré de chez Aldi.
La construction des fenêtres à croisillons, pour la plupart détruites, n’était par contre par habituelle pour les Egyptiens. Mais un menuisier de la région leur a fourni de l’aide sur ce point. Il leur a transmis son savoir dans son atelier et aujourd’hui, 140 fenêtres ont été construites. Les ferrures des fenêtres ont été forgées au Caire et ramenées pièce par pièces par des voyageurs.
Les coptes de Brenkhausen ne pensent pas que beaucoup de coptes égyptiens fuient vers l’Allemagne après les attaques d’Alexandrie. « L’attaque terroriste ne venait pas d’Egypte mais était pilotée de l’extérieur », affirme un collaborateur de l’évêque. C’est pourquoi, il n’y a aucune raison de quitter le pays du Nil.
En Allemagne vivent près de 6’000 coptes, dont une grande majorité d’Egyptiens.
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(apic/kna/pem/amc)
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