Canada: Montréal se classe au 2e rang des grandes villes les plus ferventes

On est loin de la ville athée, comme d’aucuns la perçoivent

Montréal, 6 février 2011 (Apic) Ce n’est pas parce que les églises catholiques ferment que la vie religieuse prend moins de place à Montréal. Au contraire, elle s’intensifie, relève « La Presse » dans son édition du samedi 5 février. « Mais il est fini le temps des cathédrales. Les fidèles se rassemblent un peu partout, dans des sous-sols, des arrière-boutiques et d’anciennes succursales bancaires », constate le quotidien de Montréal. Contrairement aux idées reçues, Montréal est plus fervente que Toronto.

Le journal relève que des Québécois de souche se convertissent par milliers. Ainsi Montréal se classe au deuxième rang des grandes villes les plus ferventes au Canada, selon une compilation inédite réalisée par le quotidien « La Presse » grâce aux données de l’Agence du revenu du Canada (ARC).

Avec ses 1’032 organismes religieux de bienfaisance, la métropole québécoise n’est dépassée que par Winnipeg parmi les grandes villes canadiennes, note « La Presse ». Pour chaque tranche de 100’000 habitants, Montréal compte 37 organismes religieux de plus que le très multiculturel Toronto.

Avec l’immigration, la vie religieuse s’intensifie à Montréal

« Oui, la vie religieuse s’intensifie: il y a de plus en plus de pratiques sur notre territoire », affirme le président du Conseil interculturel de Montréal, Habib El-Hage. La « ville aux 100 clochers », comme on dénomme volontiers Montréal, est donc devenue la ville aux 1’000 lieux de culte. Selon le journal, la hausse a été constante depuis les années 90.

Le chercheur Frédéric Castel, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), explique cette croissance par la variété ethnique, religieuse et confessionnelle que connaît la métropole québécoise. Selon une thèse déposée à l’INRS en 2005, les immigrés francophones, notamment d’Afrique et d’Haïti, adhèrent à une plus grande variété de cultes que les Asiatiques. Or, Montréal en compte une très forte proportion (24%, comparativement à 4,6% dans le reste du Canada), alors que les Asiatiques se retrouvent plus nombreux à l’ouest du Québec.

Frédéric Castel évoque également une « pulvérisation extrême » qu’on aperçoit dans certains secteurs du monde évangélique à Montréal qui se divisent sans cesse en nouveaux groupes. « Dans les églises haïtiennes, l’appartenance est très fluide, explique le spécialiste des mouvements religieux. La communauté peut fondre de moitié à la suite d’une dispute. Il suffit de faire passer le mot pour ouvrir une autre église. Et comme les commerces, quand tout est improvisé, elles font parfois faillite. On appelle ça les ›églises champignons’ »

Des Québécois de souche changent de confession ou de religion

Autre explication: quand les immigrés gravissent l’échelle sociale, ils déménagent et ouvrent de nouveaux lieux de culte, sans nécessairement fermer les anciens. Fait important, la hausse n’est pas uniquement due aux immigrés ; elle tient aussi au fait que les Québécois de souche changent leurs manières de croire. Les Québécois qui se convertissent sont eux-mêmes à l’origine d’un grand nombre de lieux de culte. « Ils sont plus instables que bien des immigrés, qui restent plus attachés à leur religion d’origine », précise Frédéric Castel.

Les Québécois convertis au bouddhisme, notamment, sont de plus en plus nombreux. « Il y a plein de missionnaires. Les gens magasinent et passent du courant zen au courant tibétain », relève le chercheur. Chose certaine, note le journal, « ceux qui croient que la métropole est peuplée d’athées se trompent: à peine 10% des Montréalais -essentiellement regroupés dans les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et de Ville-Marie – se sont déclarés sans religion lors du recensement de 2001, alors que 25% des Canadiens l’ont fait ». (apic/lapresse/be)

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