Pas de supériorité d’une culture et d’une population
Moscou, 20 février 2011 (Apic) Ravil Gaïnoutdine, chef du Conseil des muftis de Russie, a dénoncé l’ostracisme de la majorité orthodoxe à l’égard des 20 millions du musulmans dans le pays. Il s’est exprimé, le 18 février 2011, dans le quotidien « Kommersant », soulignant que cela constituait une « bombe à retardement », a rapporté l’AFP du 18 février.
Le mufti s’est appuyé sur la Consitution, selon laquelle « orthodoxes et musulmans sont égaux en droits. Mais malheureusement, a-t-il déclaré, beaucoup d’orthodoxes estiment qu’étant majoritaires, ils font de la Russie un pays orthodoxe ». Or, « Les musulmans voudraient que les orthodoxes soient mieux disposés à leur égard et n’estiment pas qu’ils sont les seuls à avoir le droit à la vie, les autres n’étant que des sortes d’étrangers », a-t-il rapporté.
Ravil Gaïnoutdine a relevé que « L’islam est arrivé sur notre terre avant que la Russie ne soit christianisée ». Sans les musulmans, « il n’y aurait pas eu d’Etat russe », a-t-il encore indiqué.
Il a mis en garde contre la perte de foi envers le pouvoir politique et la hiérarchie religieuse: « Comment pouvons-nous lutter contre l’obscurantisme et le radicalisme, si une partie de la jeunesse (musulmane, ndlr), ayant perdu toute foi dans le pouvoir politique et la hiérarchie religieuse, se réunit dans des appartements, des caves et des hangars avec des imams douteux ». Il s’est également insurgé contre l’instauration de cours d’instruction religieuse orthodoxe à l’école. Selon lui, ils favorisent et « inculquent l’idée de la supériorité d’une culture et d’une population sur les autres ».
Le mufti a déclaré au quotidien « Kommersant » que si l’initiative est maintenue, « c’est une bombe à retardement qui sera déclenchée pour les décennies à venir, et un conflit sera inévitable ». Car, si les autorités politiques ont condamné les manifestations d’extrémisme, dues à une flambée de nationalisme russe et à la xénophobie à l’égard des populations des régions à majorité musulmane, dans le même temps, elles ont accordé des gages à la majorité russe. De son côté, le patriarcat a fait valoir la primauté de la religion orthodoxe et des traditions russes dans le pays. (apic/apf/ggc)
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