«50 ans de la DDC – au-delà de l’aide»

Berne: La Direction du développement et de la coopération (DDC) fête son demi-siècle

Berne, 9 mars 2011 (Apic) La décision du Parlement fédéral, le 28 février dernier, de porter l’aide publique au développement à 0,5% du revenu national brut (RNB) d’ici 2015, a été saluée le 9 mars à Berne par l’ambassadeur Martin Dahinden, chef de la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération.

«En temps de crise, c’est appréciable, et cette décision a suscité de bons échos de l’étranger», a lancé Martin Dahinden. Il faisait le point, mercredi à Berne, sur les 50 ans de la DDC et sur ses activités prioritaires en 2011, avec, en arrière-fond, les troubles qui secouent les pays du Maghreb.

L’exposition «L’autre côté du monde», pour témoigner de la Suisse humanitaire

La conférence de presse tenue à la Tour des prisons (Käfigturm), a également été l’occasion d’inaugurer, en présence du cinéaste Frédéric Gonseth, président de l’association «humem» (humanitarian memory), l’exposition «L’autre côté du monde – Histoires de la Suisse humanitaire».

Cette exposition interactive veut préserver et transmettre la mémoire de milliers de Suisses et Suissesses – coopérants laïcs, prêtres, religieuses –, qui se sont engagés depuis la Seconde guerre mondiale dans les pays du Sud, pour la compte de la DDC, du CICR ou d’œuvres d’entraide, montrant un pan de l’identité suisse. Il s’agit du «visage humanitaire» de la Suisse, de l’histoire de la coopération au développement et de l’engagement pour la défense des droits humains.

«Nous faisons une collection de cette histoire orale qui servira à des chercheurs, peut-être aussi accessible au public. En 2009 et 2010, notre équipe a enregistré 300 heures de témoignages auprès de 80 Suisses et Suissesses qui se sont engagés dans des régions de crise, des théâtres de guerre, après des catastrophes naturelles, dans la coopération au développement ou pour la défense des droits de l’homme», relève le réalisateur vaudois.

Ces quelque 300 heures d’interviews montrent une image variée et différenciée de l’action humanitaire et de la coopération, de 1945 à aujourd’hui. D’autres sources comme des correspondances, des rapports, des notes personnelles, des photos, des films etc. viennent compléter les archives constituées par «humem» (cf. www.humem.ch) (*)

Priorités de la DDC: l’accès à l’eau potable, la lutte contre la dégradation du climat

Depuis un demi-siècle, la Suisse est engagée dans divers continents contre la faim et pour le développement. Le 17 mars 1961, le Conseil fédéral nommait le premier délégué du Service de la coopération technique et inaugurait ainsi la coopération suisse au développement. Quel bilan peut-on dresser et quels défis doit-elle relever aujourd’hui ? Avec le slogan «50 ans de la DDC – au-delà de l’aide», la DDC invite tout un chacun, dans toute la Suisse, à participer à cet événement au travers de débats, de conférences, de cycles de films, d’actions de rue et d’une exposition itinérante illustrant les divers aspects de la coopération au développement. (cf. www.ddc.admin.ch/50ans)

Soulignant les secteurs de la coopération bilatérale où la DDC met les priorités – la question de l’accès à l’eau potable, «élémentaire pour la santé et pour lutter contre la pauvreté», et celle du climat, dans le contexte de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le climat à Copenhague –, le directeur de la DDC a aussi évoqué l’engagement multilatéral de la Suisse.

La DDC contribue ainsi au désendettement multilatéral des pays les plus pauvres et travaille, de concert avec le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), au sein de la Banque africaine de développement (BAD) notamment. La BAD est l’un des principaux partenaires multilatéraux de la Suisse.

Un facteur de la crise en Afrique du Nord, la hausse du prix des biens alimentaires

Martin Dahinden a souligné qu’un des facteurs de la crise en Afrique du Nord était en partie la hausse du prix des biens alimentaires. «On ne s’en rend peut-être pas compte chez nous, mais l’augmentation du prix des denrées de base a un effet multiplicateur pour les plus pauvres». Sans parler des structures de pouvoir autocratiques, qui ont empêché l’expression démocratique des citoyens, les pressions migratoires, l’absence de perspectives pour une jeunesse confrontée à la pauvreté.

Mais pour augmenter son engagement au Maghreb, la DDC relève que «c’est un problème politique». Elle attend les décisions des autorités politiques avant de lancer un nouveau programme dans cette direction. «Cette région est très importante pour nous», a admis Martin Dahinden, en soulignant que la pression migratoire venant du Sud de la Méditerranée touche aussi la Suisse, qui est membre de l’Espace Schengen. «La DDC a des instruments pour améliorer la situation des gens sur place».

Interrogé par l’Apic sur les critiques de certains milieux de droite – notamment de l’UDC – contre l’aide suisse au développement, le directeur de la DDC a relevé que «les regards critiques du monde politique ont accompagné toute la vie» de l’organisation. «Ce débat vif est une bonne chose, cela nous aide à identifier nos faiblesses», poursuit-il. Il relève que la population suisse en général surestime le montant du RNB affecté à l’aide au développement: «On est encore loin du 0,7% préconisé par l’ONU… la Suisse est certes dans la moyenne, mais la Norvège a déjà dépassé le 1%!».

(*) L’exposition bilingue «L’autre côté du monde – Histoires de la Suisse humanitaire», est visible à Berne, au Käfigturm|Forum politique de la Confédération, du 10 mars qu 25 juin 2011. Elle tournera ensuite dans les villes et les localités de toute la Suisse, jusqu’en 2013, année du 150e anniversaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Elle ira également à l’étranger.

Encadré

Deux catastrophes de grande envergure en 2010: en Haïti et au Pakistan

Tirant le bilan de l’année 2010 pour la DDC, le directeur a relevé deux gros événements: le tremblement de terre en Haïti, le 12 janvier 2010, qui a fait 230’000 morts et 1,5 million de sans-abri, et les inondations catastrophiques au Pakistan.

Entre 2010 et 2012, la Confédération consacre 36 millions de francs pour Haïti, pays profondément meurtri. C’est le plus grand engagement de la DDC, avec l’envoi au lendemain du séisme de 110 experts du Corps d’aide humanitaire (CSA), et l’envoi par avion de plus de 170 tonnes de matériel distribué aux victimes.

Un autre point fort l’an dernier a été le Pakistan, où les inondations de l’été ont recouvert près d’un cinquième de la surface du pays, touchant plus de 20 millions de personnes et causant la mort de 1’700 autres. La DDC a engagé plus de 10 millions de francs pour porter secours à la population. «Après une demi année, la situation sur place est encore dramatique, l’agriculture est devenue impossible dans de nombreux endroits, les champs étant dévastés, l’eau potable polluée… Heureusement que nous n’avons pas de telles catastrophes chaque année!», a lancé Martin Dahinden.

Concernant l’aide aux pays de l’Est – Roumanie, Bulgarie – le chef de la DDC, sans mentionner le mot «corruption», a souligné que «tout doit être fait pour empêcher que l’argent ne tombe pas dans de mauvaises mains, et c’est ce que nous faisons!». (apic/be)

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