Mgr Morris quitte sa charge avec éclat
Rome, 2 mai 2011 (Apic) Le pape Benoît XVI a retiré sa charge pastorale à l’évêque de Toowoomba, dans l’Etat du Queensland, en Australie, Mgr William M. Morris, a annoncé la Salle de presse du Saint-Siège le 2 mai. Dans une lettre adressée aux fidèles de son diocèse, Mgr Morris, âgé de 67 ans et évêque depuis 18 ans, annonce son départ anticipé, écrivant que le pape a «considéré que le diocèse serait mieux administré sous l’égide d’un nouvel évêque». Au Vatican, pour l’instant personne n’a voulu commenter la décision pontificale.
Selon le prélat, cette procédure de révocation fait suite à une enquête ordonnée après des plaintes concernant une lettre pastorale publiée en 2006. Dans ce document, il avait estimé, compte tenu du déficit du nombre de prêtres, que l’Eglise devait ordonner des hommes et des femmes mariés, discuter de la réintégration des prêtres ayant quitté le sacerdoce, ou encore développer la coopération avec les Anglicans et les protestants.
Dans sa lettre le prélat indique qu’il a voulu inviter loyalement tout le monde à s’impliquer dans le ministère et la mission du diocèse. Des personnes qui n’étaient pas satisfaites de sa direction ont alors choisi de déposer des plaintes basées notamment sur sa lettre pastorale de l’Avent 2006. Selon lui, ses propos « délibérément mal interprétés » ont poussé le Vatican à envoyer un visiteur apostolique et à ouvrir un dialogue avec les Congrégations pour les évêques, pour le culte divin, pour la doctrine de la foi, ainsi qu’avec le pape. « Le contenu de cette plainte n’a pas de réelle importance, » mais aujourd’hui les conséquences en sont que le pape Benoît XVI a décidé de placer le diocèse sous l’autorité d’un nouvel évêque, explique Mgr Morris.
L’évêque reproche au Vatican un manque de transparence et un déni de justice : « Je n’ai jamais vu le rapport du visiteur apostolique, l’archevêque Charles Chaput ». Et « aucune possibilité d’une défense appropriée » ne lui a été laissée. Le pape Benoît XVI l’aurait confirmé en déclarant que la loi canonique ne prévoit pas de procès concernant les évêques que le successeur de Pierre nomme, ou à qui il retire leur charge. « Ce qui a rendu ma position d’évêque de Toowoomba intenable ».
Pour l’évêque, une démission est une affaire de conscience et accepter un désistement signifierait briser la ’communio’, « ce que je réfute et rejette absolument, ce que je ne peux pas faire par amour de l’Eglise. Je n’ai jamais écrit de lettre de démission. »
Pour sortir de ce dilemme, Mgr Morris explique avoir fait une proposition de retrait anticipé, avant l’âge de 75 ans prévu par le droit canon. « Je l’ai fait avec une profonde tristesse sachant que je jouis toujours du soutien d’une vaste majorité du peuple et du clergé du diocèse. »
Des paroissiens ont d’ores et déjà annoncé la tenue de veillées de soutien à leur évêque révoqué. Le diocèse de Toowomba, suffrageant de Brisbane compte 76’000 catholiques répartis dans 35 paroisses.
La procédure de révocation par laquelle le pape peut retirer sa charge à un évêque est plutôt rare, la plupart des cas se résolvant par une démission « pour toute autre cause grave » au sens de l’art 401, 2 du droit canon.
Cette procédure inhabituelle a été utilisée en janvier 1995 lorsque Jean Paul II retira sa charge à l’évêque d’Evreux, en France, Mgr Jacques Gaillot. Le 31 mars dernier, pour la première fois depuis de nombreuses années, un autre prélat s’était vu retirer sa charge pour de «graves problèmes de gestion» au sein de son diocèse : Mgr Jean-Claude Makaya Loemba, évêque Pointe-Noire, au Congo Brazzaville.(apic/imedia/mp)
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