Donner un visage au bénévolat dans l’Eglise

Fribourg: «A la pêche aux bonnes dépêches», une campagne qui va faire mouche

Fribourg, 2 mai 2011 (Apic) Laure-Christine Grandjean, chargée de communication francophone de la Conférence des évêques suisses (CES), présente la campagne de l’Eglise catholique suisse «A la pêche aux bonnes dépêches». Dans une interview accordée le 29 avril 2011 dans les bureaux de l’agence l’Apic, elle rappelle que «l’Eglise regorge de bonnes nouvelles».

Apic: Parlez-nous un peu de la campagne «A la pêche aux bonnes dépêches»?

Laure-Christine Grandjean: «A la pêche aux bonnes dépêches», c’est la campagne 2011 de l’Eglise catholique suisse pour le Dimanche des médias, les 4 et 5 juin. Elle poursuit un double objectif: il s’agit premièrement de récolter et rendre visibles les bonnes nouvelles qui sont légion dans l’Eglise. A cet effet, nous avons créé un site internet (www.bonnesdepeches.ch) et une page facebook, sur lesquels les personnes peuvent témoigner de la vie de leurs paroisses. Deuxièmement, nous récoltons des fonds, pour soutenir les médias catholiques qui diffusent la Bonne Nouvelle, l’Evangile.

La campagne 2011 est placée sous le signe du bénévolat, en référence à l’Année européenne du bénévolat. En Suisse, 870’000 catholiques s’engagent bénévolement pour l’Eglise et la société. Ce sont eux les acteurs et témoins des bonnes nouvelles. En «donnant un visage au bénévolat» – le slogan de cette année –, les médias catholiques rendent hommage à ces chrétiens engagés.

Apic: Et qu’espérez-vous pêcher?

Laure-Christine Grandjean: Des bonnes nouvelles, bien évidemment. Toutes les contributions sont les bienvenues: une personne qui visite chaque semaine les malades dans les hôpitaux, une femme qui accompagne les jeunes, un homme qui chante dans une chorale. L’Eglise regorge de bonnes nouvelles. Comme j’aime le dire, ce n’est pas une pêche à la mouche, mais c’est une pêche qui va faire mouche!

De plus, chaque personne est libre de communiquer comme elle l’entend. Si elle n’aime pas écrire, elle peut envoyer une photo, ou pourquoi pas un petit film. Tous les moyens sont possibles.

Apic: «A la pêche aux bonnes dépêches», un slogan plein d’humour mais également une référence biblique. Quelle est son histoire?

Laure-Christine Grandjean: L’an passé, l’Eglise catholique suisse avait lancé la même campagne sous le slogan «Plus de Good News», en allemand «Mehr Good News», en italien «Buone Notizie in più». La formule francophone, un peu malheureuse je l’admets, a rencontré une résistance certaine en Suisse romande. On lui reprochait d’une part l’anglicisme, d’autre part le terme «plus», ambigu en français.

Nous avons pris en compte les critiques et décidé de changer de slogan. «A la pêche aux bonnes dépêches» a un côté bon enfant, humoristique mais fait également référence à la pêche miraculeuse, épisode de l’Evangile relaté dans Luc et Jean. Alors que les disciples ont pêché toute la nuit sans succès, la venue du Seigneur suffit à remplir leurs filets. Ainsi, où Dieu est présent, affluent les bonnes nouvelles.

Apic: La campagne 2010 avait été un fiasco, pourquoi retenter l’expérience?

Laure-Christine Grandjean: Je ne parlerais pas de fiasco. Certes, la campagne a souffert, d’une part, d’un slogan mal accepté, et d’autre part d’un contexte peu favorable. L’Eglise faisait alors face à de vives critiques, plongée dans le scandale des abus sexuels. On lui a reproché de vouloir redorer son blason. Ce n’était cependant pas le cas.

Je tiens néanmoins à relever deux aspects positifs de la campagne 2010. Premièrement, si les abus sexuels représentent un aspect très négatif de l’Eglise, le scandale a débouché sur un processus positif: l’Eglise a pris conscience et a condamné ces actes. En soi, cette attitude d’humilité et de remise en question est une bonne nouvelle. Deuxièmement, grâce à la médiatisation inattendue de la campagne, la récolte de fonds de l’année 2010 pour le Dimanche des médias s’est révélée supérieure à 2009: de 318’000, on est passé à 341’000 francs.

Apic: Mais l’Eglise n’est pas encore sortie de l’affaire des abus sexuels, comme le prouve l’histoire récente du curé de Carouge. Ne devrait-elle pas faire profil bas, comme le demandent certains?

Laure-Christine Grandjean: Faire profil bas ne doit pas signifier adopter une attitude passive. Certes, l’Eglise doit reconnaître et condamner les abus. Mais elle ne doit pas oublier la grande masse des fidèles qui, au quotidien, font le bien. C’est à eux que s’adresse la campagne, afin de les remercier et de les encourager à continuer sur la voie de l’Evangile.

Apic: Il est manifeste que l’Eglise cherche à améliorer sa communication. Elle a créé de nouveaux postes, refait ses sites internet, elle cherche à se mettre en valeur sur les réseaux sociaux. Mgr Martin Werlen, Père-Abbé d’Einsiedeln, y fait directement référence dans son message pour la 45e Journée des médias. Quel est l’avenir de la communication dans l’Eglise?

Laure-Christine Grandjean: Il faut tout d’abord rappeler que si les moyens évoluent, si les technologies changent, le message reste toujours le même. C’est le message de l’Evangile.

Pour l’Eglise, les nouveaux moyens de communication sont une chance. Le pape Benoît XVI l’a d’ailleurs souligné dans son Message pour la 45e journée des communications sociales, invitant jeunes et moins jeunes à être présents dans l’arène numérique. Bien des personnes ne fréquentent plus les églises, il faut donc les atteindre là où elles sont, même si elles se trouvent dans des univers virtuels. Facebook, Twitter ne sont pas des fins en soi, ils permettent de transmettre le message de l’Eglise vers l’extérieur.

Les nouveaux moyens de communication offrent de répondre directement aux attentes des paroissiens. Ainsi, la nouvelle plate-forme de l’Eglise catholique romande (www.cath.ch) fournit au quotidien des informations pour tous ceux qui sont «connectés».

Apic: D’aucuns diraient que les nouveaux moyens de communication représentent surtout un défi pour l’Eglise?

Laure-Christine Grandjean: Il s’agit d’une chance et d’un défi. Pour utiliser à bon escient ces nouveaux moyens, l’Eglise doit également apprendre à communiquer différemment. Avant, lorsqu’on écrivait un texte, chaque mot, chaque virgule était pesé pour rentrer dans l’éternité. Maintenant, il faut être plus rapide, plus spontané, car ce qui fait aujourd’hui l’actualité sur internet ne sera peut-être plus en ligne demain. Il faut également parler d’une autre manière, dire l’essentiel avec des mots simples et des phrases courtes. Un message Twitter, ce n’est que 140 caractères, soit une ou deux phrases. C’est un long apprentissage, mais c’est le défi actuel que doit relever l’Eglise.

Apic: On parle beaucoup de Mgr Werlen, un «Père-Abbé dans le vent» qui «twitte» quotidiennement. Représente-t-il le prototype du nouvel homme d’Eglise, celui qui sait et aime communiquer?

Laure-Christine Grandjean: Il est certain que Mgr Werlen est un communicateur. Il est d’ailleurs responsable de la Commission pour la communication et les médias de la CES. Grâce à son activité sur Twitter, il a réussi à organiser un pèlerinage, conviant ses «abonnés» à une journée de partage à Einsiedeln.

Pour moi, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’Abbé Werlen est un exemple à suivre en matière de communication. Cependant, chacun est libre d’utiliser les formes de communication qui lui sont le plus naturelles et agréables. Tous les évêques n’ont pas forcément le réflexe Twitter. Ceux qui aiment bien écrire pourraient par exemple publier un blog, parler chaque semaine de l’actualité, de quelque chose qui les a touchés, de l’Evangile. Pour les prélats, les nouveaux moyens de communication sont l’opportunité d’être plus proches des gens. (apic/amc)

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