Selon le «John Jay College of Criminal Justice», c’est pour l’essentiel de l’histoire ancienne

Etats-Unis: Présentation aux évêques du rapport sur les abus sexuels commis par des prêtres

Washington, 19 mai 2011 (Apic) Les chercheurs du « John Jay College of Criminal Justice » ont remis mercredi 18 mai à la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB) un rapport de près de 150 pages sur les abus sexuels commis par des membres du clergé. Il en ressort que pour l’essentiel, ces affaires, qui ont fortement décrédibilisée depuis une décennie l’Eglise catholique aux Etats-Unis, sont désormais en constant déclin et sont pour l’essentiel de l’histoire ancienne.

Le rapport du « John Jay College » de l’Université de New York, intitulé « Les causes et le contexte des abus sexuels commis contre des mineurs par des prêtres catholiques aux Etats-Unis, 1950-2010 », montre qu’il n’y a pas qu’une seule cause et qu’un seul élément indicateur d’abus sexuels. Résultat d’une enquête menée durant cinq ans à la demande de la Conférence épiscopale américaine, le rapport devrait fournir une réponse définitive concernant les causes des abus sexuels commis par des membres du clergé, note l’USCCB. Selon cette longue enquête, ce n’est pas le célibat sacerdotal ni l’homosexualité qui sont en cause.

« Le gros des cas a eu lieu il y a des décennies », a relevé Karen Terry, investigatrice principale de cette enquête du « John Jay College ». Pour elle, la fréquence croissante des abus dans les années 1960 et 1970 découlait des modèles de plus en plus déviants de la société à cette époque.

Pas une cause unique

En fait, note le rapport, les abus sont survenus parce que les prêtres abuseurs, mal préparés et mal surveillés, victimes de stress, ont atterri dans un contexte d’agitation sociale et sexuelle des années 1960 et 1970. Les abus sexuels de mineurs par des prêtres ont dramatiquement augmenté durant ces deux décennies « et le problème s’est aggravé quand la hiérarchie de l’Eglise a répondu en faisant montre de davantage de souci pour les auteurs de ces abus que pour les victimes », selon le rapport qui a coûté quelque 1,5 million de francs suisses.

Les chercheurs ont conclu qu’il n’était pas possible d’identifier par avance les prêtres abuseurs: ils n’ont pas de « caractéristiques psychologiques » particulières ou d’histoires dans leur développement qui les distingueraient des autres prêtres. Des occasions et des « facteurs de situation » ont, estiment-ils, joué un rôle significatif pour les amener à commettre des premiers abus et à les répéter. Etant donné la difficulté de détecter les caractéristiques particulières des prédateurs potentiels, il est « très important » de prévenir les abus sexuels en limitant les « facteurs situationnels » permettant la commission de tels actes, peut-on lire dans le rapport.

Milieux conservateurs et progressistes renvoyés dos à dos

Depuis que le scandale de la pédophilie a éclaté aux Etats-Unis, des milieux conservateurs dans l’Eglise ont affirmé que le problème venait des prêtres homosexuels, tandis que du côté des progressistes, on mettait en avant la culture uniquement masculine du clergé et le célibat sacerdotal, relève le quotidien américain « The New York Times ». Si plus de garçons que de filles ont été victimes d’abus sexuels, souligne le rapport, ce n’est pas parce que les abuseurs étaient des homosexuels (« gays »), mais simplement parce que ces prêtres avaient davantage accès aux garçons qu’aux filles dans les paroisses, les écoles et les activités avec les jeunes.

« Il est impossible de comparer avec précision le taux d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique avec les taux existant dans d’autres organisations », peut-on lire dans le rapport des experts du « John Jay College of Criminal Justice ». En effet, il n’y a pas d’études comparables menées par d’autres institutions, qu’elles soient religieuses ou laïques.

L’explication culturelle n’est pas suffisante

Si William Donohue, président de la « Catholic League », un mouvement conservateur américain, met en cause la permissivité ayant existé dans l’Eglise américaine des années 1960-1970 – en particulier dans les séminaires – et le nombre d’homosexuels devenus prêtres durant ces deux décennies, cet avis n’est pas unanimement partagé. Kristine Ward, présidente du réseau de personnes abusées « National Survivor Advocates Coalition » (NSAC), a estimé pour sa part que les explications culturelles (« c’est la faute à Woodstock », en référence au festival de musique de 1969, un argument déjà employé par divers évêques américains depuis l’éclatement du scandale des abus sexuels, nda), ne tiennent pas. Comment alors expliquer les cas d’abus sexuels qui ont éclaté au sein de l’Eglise de l’Australie et de l’Irlande jusqu’en Amérique latine. « Est-ce que l’on peut expliquer cela par la culture américaine des années 60 ? C’est difficile à croire! », a-t-elle déclaré au « New York Times ».

Selon un premier rapport du « John Jay College of Criminal Justice » à New York, rendu public par l’Eglise américaine en 2004, quelque 4’400 prêtres étaient alors accusés d’avoir agressé sexuellement 11’000 enfants aux Etats-Unis. Les cas d’abus sexuels dans les 195 diocèses et éparchies dépendant de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB) sont en baisse constante depuis 2004. Les nouveaux cas deviennent rares, grâce notamment aux politiques mises en place depuis le début des années 2000, relève l’USCCB. (apic/usccb/nyt/be)

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