Les musulmans au cœur des discussions
Dresde, 3 juin 2011 (Apic) Prière, chant et débats politiques. Le Kirchentag protestant de Dresde a connu une grande affluence le 2 juin 2011. La manifestation se poursuit jusqu’au 5 juin.
Lors de l’ouverture de la grande rencontre laïque, le 2 juin, 120’000 chrétiens de toutes l’Allemagne ont fait le voyage à Dresde. Christian Wulff, le président de la république allemande, a appelé les deux principales Eglises d’Allemagne – l’Eglise catholique et l’Eglise protestante – a plus d’œcuménisme.
Le président du Conseil central des Musulmans en Allemagne (ZMD), Aiman Mazyek, a regretté l’image de l’islam donnée par les médias allemands. Beaucoup de musulmans souffrent que leur religion, depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001, soit assimilée à la violence, la menace et les violations des droits de l’homme. « Le vrai islam, c’est celui qui est pratiqué en paix dans les 2’600 mosquées d’Allemagne », a affirmé Aiman Mazyek. Lors d’une table ronde, il a rappelé que des milliers de musulmans étaient sortis dans la rue pour manifester contre la violence au nom de l’islam après les attentats de Madrid et Londres. Et d’admettre cependant que les musulmans « doivent faire plus ».
Stephan Kramer, secrétaire général du Conseil central des juifs en Allemagne, a affirmé qu’il ne faut pas rejeter toutes les informations négatives au sujet de l’islam. Les crimes d’honneur et les mariages forcés sont des phénomènes propres aux sociétés musulmanes et à l’islam, même si une partie des musulmans n’est pas d’accord avec ses pratiques. Les terroristes islamiques se réfèrent également au coran.
Pour Aiman Mazyek, si de tels phénomènes influencent inévitablement l’image des musulmans, ils ne devraient pas dominer dans l’image qu’on se fait de l’islam. Il s’agit de mœurs héritées des sociétés archaïques, qui n’ont rien à voir avec l’islam. D’autre part, les versets coraniques qui appellent à la discrimination des chrétiens et juifs, et qui justifient la violence, doivent être replacés dans le contexte historique de la révélation. Au contraire, les versets et les paroles de Mahomet qui promeuvent un rapport charitable et pacifique avec ces communautés sont encore valables aujourd’hui.
Pour Markus Dröge, évêque protestant de l’Eglise évangélique Berlin-Brandebourg/schlesische Oberlausitz, les attentats terroristes de New York ont effectivement encouragé une image caricaturale de l’islam. Et d’appeler à une nouvelle phase dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, à l’exemple du dialogue judéo-chrétien.
Mgr Hans-Jochen Jaschke, évêque auxiliaire catholique de Hambourg, a souligné combien l’œcuménisme est vivant dans le Nord de l’Allemagne. A chaque fois qu’il rencontre l’évêque de l’Église évangélique-luthérienne du nord de l’Elbe, Gerhard Ulrich, il l’embrasse: « Ce n’est pas seulement un signe cordial, c’est l’expression de nos bonnes relations. » L’évêque catholique est resté très lié à l’ancienne évêque de Hambourg, Maria Jepsen.
L’ancienne évêque protestante Margot Kässmann a dénoncé la persécution des chrétiens. « Dans beaucoup de pays, des êtres humains risquent leur vie parce qu’ils suivent Jésus de Nazareth », a déclaré l’ancienne présidente du Conseil de l’Église évangélique en Allemagne (EKD). Et de souligner que les chrétiens sont le groupe le plus persécuté au niveau mondial. « Ils ont besoin de notre solidarité et de notre soutien ».
Dans son intervention, Margot Kässmann a fait tout particulièrement référence à la difficile situation des chrétiens en pays musulmans. Alors que musulmans et coptes manifestent ensemble pour la liberté politique, les Eglises égyptiennes sont aujourd’hui l’objet de violentes attaques. Citant l’Inde, le Pakistan et la Turquie, la protestante a estimé que la liberté religieuse n’y est pas suffisante. Elle a affirmé que, comme l’islam appartient à l’Allemagne parce que beaucoup de musulmans y vivent, le christianisme appartient à la Turquie parce que beaucoup de chrétiens y résident.
Nikolaus Schneider, président du Conseil de l’EKD, et Mustafa Ceric, grand mufti de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, ont rappelé la responsabilité commune des chrétiens, musulmans et autres croyants envers la justice et la paix. Dans une intervention très applaudie, Mustafa Ceric a déclaré: « Il n’y a aucune guerre juste, mais il y a une paix juste. Il n’y a pas de guerre sainte, mais il y a une paix sainte. »
Parlant du fardeau qui pèse sur ses épaules, lorsqu’il entend des nouvelles et voit des images sur l’islam dans les médias, le grand mufti a affirmé qu’il ne veut pas s’excuser d’être musulman: « J’en suis fier, comme je suis fier d’être européen ». Mustafa Ceric a insisté sur l’héritage commun du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Il a estimé que les trois grands défis de notre temps – le changement climatique, la menace nucléaire et la pauvreté et la faim – ne peuvent être surmontés qu’ensemble.
Nikolaus Schneider a expliqué que chrétiens et musulmans sont communément responsables devant Dieu et qu’ils doivent agir de concert. Pour le président de l’EKD, le dialogue théologique est essentiel et correspond à la volonté du Seigneur. (apic/kna/gs/amc)
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