Des adolescents face à l’Evangile de Matthieu
La Tour-de-Trême, 23 juin 2011 (Apic) S’approprier le message de l’Evangile sous une forme artistique, dans une compétition originale – le Défi-Lecture Bible -, c’est ce qu’ont réalisé les jeunes des écoles secondaires de Bulle, de La Tour-de-Trême, du Belluard, à Fribourg, et de Châtel-St-Denis le mercredi après-midi 22 juin.
Quelque 200 adolescents attaquaient en effet la deuxième manche du Défi-Lecture Bible, portant cette année sur l’Evangile de Matthieu. En cette veille de Fête-Dieu, les élèves piaffent d’impatience devant les portes de la salle de spectacle de l’école secondaire de la Tour-de-Trême. « Un élève par équipe va chercher l’ordre de passage, les autres vont s’installer par équipe dans la salle ! « , crie par-dessus la cohue un enseignant de religion.
Pour cette deuxième édition, 29 équipes accompagnées par une dizaine de professeurs et aumôniers ont répondu présent à l’appel d’Olivier Essacaz, qui enseigne la religion dans les CO de Belluard et de Bulle. « L’idée est que des élèves concourent autour d’un texte biblique. Une première manche a consisté à élaborer et à remplir un questionnaire sur l’Evangile de Matthieu, le tout Bible fermée », explique-t-il.
La première manche a donné aux équipes une première série de points, qui vont s’additionner aux points récoltés durant cette deuxième manche, ce mercredi après-midi. Les groupes ont choisi librement un extrait de l’Evangile de Matthieu et ont réalisé une œuvre artistique ne dépassant pas quatre minutes pour l’illustrer. Le jury évalue les œuvres selon ces quatre critères: la forme artistique, l’originalité, la créativité et les moyens techniques utilisés, le lien avec l’Evangile de Matthieu (sa relecture ou son appropriation). Cette compétition cantonale a attiré quatre écoles secondaires fribourgeoises: Bulle, la Tour-de-Trême, Châtel-Saint-Denis et le Belluard à Fribourg.
Enfin installés dans la salle, les élèves sont accueillis par Olivier Essacaz qui remercie les trois membres du jury: le vicaire épiscopal Marc Donzé, l’inspectrice des écoles secondaires de Fribourg Francine Rey et la directrice de l’école secondaire de Domdidier Chantal Vienny Guerry. Les résultats de la première manche sont aussi proclamés, révélant des écarts importants entre certaines équipes. Puis, les 29 groupes présentent leurs créations, des films ou des PowerPoint pour la plupart.
Et les résultats sont très…surprenants. Ainsi, le spectateur découvre Jésus en Michael Jackson et le diable déguisé en loubard encagoulé. La parabole des « jeunes filles aux lampes » est interprétée dans l’esprit du temps, les lampes étant des natels. « Des piles, on veut des piles ! », s’exclame l’un des comédiens en herbe. Enfin, dans « Miracles aux temps modernes », Jésus nourrit la foule avec…des snickers.
Quelques groupes osent le culot. Des jeunes ont ainsi édité une affiche « Wanted », le fugitif étant Jésus de Nazareth, « coupable d’avoir incité les jeunes à consommer de l’alcool en transformant l’eau en vin », révèle l’un des concepteurs.
Seuls deux groupes passent sur scène. L’un deux joue « les trois tentations du Christ dans le désert » sous forme théâtrale. Des costumes aux textes, les élèves ont tout élaboré eux-mêmes. Un autre groupe interprète une chanson de sa composition, avec des extraits de l’Evangile de Matthieu. Par ailleurs, ces deux équipes remporteront respectivement la première et la troisième place de la compétition.
Les présentations se succèdent, entrecoupées par une pause bienvenue pour ces adolescents débordant d’énergie. Cette compétition demande énormément d’investissement et les motivations pour y participer sont diverses. Un jeune explique que sa classe a voté pour sa participation. D’autres sont venus par l’intermédiaire de l’aumônerie, comme Sonia: « Nous sommes un groupe d’amis. On a même été certaines fois à la messe ensemble. On a fait le Défi-Bible l’année dernière à Fribourg, mais dans des groupes séparés. Cette année, on voulait être avec des gens avec qui on s’entend bien ».
Nathan, de Châtel-Saint-Denis, raconte: « Ce qui m’a motivé, c’est d’être avec des camarades de classe et de relever un challenge ». Sa copine ajoute qu’ils ont constitué un groupe à part, car « les autres de la classe n’aiment pas trop la religion ». Après deux heures de présentations, les jeunes auront droit à la proclamation des résultats par le jury, salués par des cris de joie. Les trois premiers groupes gagnent des prix, allant de l’entrée au bowling au vol en montgolfière. Les jeunes peinent à rester en place durant la courte célébration du vicaire épiscopal Marc Donzé, également membre du jury. Qui se dit ravi d’avoir vu « 29 productions dont la vedette était Jésus-Christ. Dans certaines, ils ont bien réussi à actualiser Jésus aujourd’hui ».
Il a apprécié les tentations du Christ, un thème qui a particulièrement inspiré les adolescents. Chantal Vienny Guerry relève « le fair-play entre les élèves » durant les présentations et salue l’originalité du concept. Francine Rey remarque que ce ne fut pas difficile de les départager. « La plupart du temps, nous étions très proches sur les appréciations ». Le niveau, selon elle, est très varié. « On sent dans certains travaux un vrai investissement. Là où nous avons été le plus partagés, ce fut sur les productions au deuxième degré ». Sa collègue Chantal Vienny Guerry abonde: « Le Jésus en Michael Jackson m’a dérangée ».
Francine Rey regrette que les jeunes en restent souvent à l’anecdote, au niveau narratif, et « n’arrivent pas à aller au-delà, au niveau spirituel ». Un avis partagé par Oliver Essacaz qui parle d’un « manque de relecture et d’appropriation du texte. On aurait pu aller plus en avant ». Un nouveau défi à relever pour le Défi-Lecture Bible de l’année prochaine ? « A condition que les aumôniers acceptent de participer », conclut l’organisateur. (apic/hg/be)
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