Nécessaire distinction entre travail des mineurs et exploitation
La Paz 27 juin 2011 (Apic) Plus de 800.000 enfants travaillent à plein temps en Bolivie, ce qui représente un cinquième de la tranche d’âge des 5-14 ans. Cristiano Morsolin, journaliste italien, expert de l’Observatoire sur l’Amérique latine SELVAS actif dans la région andine depuis 2001, vient de leur consacrer un livre intitulé « Diversità in movimento », indique l’agence missionnaire « Fides ».
Ces enfants sont cireurs de chaussures à La Paz, contrôleurs sur les autobus de Cochabamba, travailleurs sur les marchés de Salar de Uyuni, vendeurs de bouteilles d’eau aux touristes, cultivateurs de noix du Brésil ou de canne à sucre dans la jungle proche de Riberalta, manœuvres dans les mines etc.
Le mouvement des enfants et adolescents travailleurs (NATs) tient cependant à faire la distinction entre le travail des mineurs, qui représente pour eux une nécessité économique à cause de la pauvreté, et l’exploitation des enfants dans des situations pénibles et dangereuses pour leur vie, leur santé, leur éducation et leur développement.
A l’occasion de la présentation du livre, Robin Cavagnoud, de l’Institut français d’Etudes andines (IFEA) de La Paz, a souligné que dans les pays andins, la majorité des enfants des deux sexes et des adolescents qui travaillent se trouvent dans les zones rurales. La où la participation économique des enfants est liée à leur socialisation et à leur développement au sein de la communauté et de la famille mais ne représente pas une imposition de la part des parents. Les travaux des champs, les soins aux animaux… font partie d’une activité qui appartient à une identité culturelle.
Ces enfants et adolescents se sont rassemblés depuis les années 1990, au sein d’une organisation dénommée NATs (Ninos y adolescentes trabajadores, Enfants et adolescents travailleurs ndt). Présente en Bolivie, en Amérique du Sud mais aussi dans d’autres parties du monde, NATs revendique leur droit à un travail digne comprenant des horaires et des conditions adaptées à la santé des enfants leur laissant ainsi la possibilité d’étudier et de jouer.
La nouvelle Constitution bolivienne, adoptée en 2009, stipule désormais dans son article 61, que « l’Etat interdit le travail forcé et l’exploitation des mineurs. Les activités réalisées par les enfants et les adolescents dans le cadre familial et social sont orientées à leur formation intégrale en tant que citoyens et doivent avoir une fonction formative. Leurs droits, leurs garanties et les mécanismes institutionnels de protection feront l’objet d’une réglementation spéciale ».
Cette reconnaissance historique des mouvements sociaux NATs est le fruit d’une importante mobilisation des enfants travailleurs. C’est la première fois qu’une Constitution, et pas seulement le code de l’enfance, a reconnu que le travail des mineurs doit être caractérisé par des conditions dignes. (apic/fides/mp)
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