L’ancien chef de la banque du Vatican sera prêtre à Chicago
Rome, 30octobre(APIC) Le Vatican a tiré un trait sur l’ »Affaire Marcinkus ». Le pape a accepté mardi la démission présentée avec insistance par
Mgr Paul Casimir Marcinkus, 68 ans, archevêque titulaire d’Orta, vice-président de la Commission pontificale pour l’Etat de la Cité du Vatican et
ancien chef de l’Institut des Oeuvres de Religion (IOR), la banque du Vatican, qui a été impliquée sous sa présidence dans un scandale financier.
Après 40 ans au service de la Curie romaine, Mgr Marcinkus regagnera sa
ville natale de Chicago pour y exercer une activité pastorale.
La salle de presse du Saint-Siège a publié le même jour une déclaration
de Mgr Marcinkus, dans laquelle il affirme: « Je suis très reconnaissant au
Saint-Père d’avoir accédé à ma demande d’être dispensé du service du SaintSiège et de regagner les Etats-Unis. Les quarante années que j’ai passées
en dehors de mon diocèse – dans le service diplomatique, en collaborant à
la préparation et au déroulement des voyages du pape, au service de
l’Institut des Oeuvres de Religion et du Gouvernatorat (de la Cité du Vatican) – ont enrichi mon sacerdoce et m’ont donné une idée plus profonde de
l’unité et de l’universalité de l’Eglise. Elles m’ont aussi conforté dans
la conviction de la nécessité du travail pastoral dans la vie de chaque
prêtre. Le ministère paroissial a toujours été mon aspiration et, jour
après jour, j’ai cherché à être fidèle à cette vocation en abordant chacun
des aspects de mon travail dans un esprit pastoral. Maintenant que je suis
libéré de responsabilités administratives, j’ai l’intention de regagner les
Etats-Unis et de me rendre utile dans des tâches pastorales, quelles qu’elles soient, auxquelles je suis apte, comme le font beaucoup de prêtres de
mon diocèse ».
Mgr Marcinkus, d’origine lituanienne, est né le 15 janvier 1922 à Cicero, dans l’archidiocèse de Chicago. Il a été ordonné prêtre le 3 mai 1947
et consacré évêque le 6 janvier 1969.
Mgr Marcinkus, qui avait été nommé président de la banque du Vatican par
Paul VI en 1971, en a été écarté en mars 1989, lors d’une restructuration.
Il a été impliqué en 1982 dans le scandale financier du « Banco Ambrosiano »
du banquier milanais Roberto Calvi, qu’on devait retrouver pendu sous un
pont de Londres.
L’IOR était l’un des principaux actionnaires de l’ »Ambrosiano », bastion
de la « finance catholique italienne », dont Calvi était devenu le directeur
en 1971. Les relations d’affaires entre la banque et le Vatican ont fini
par rendre ce dernier débiteur pour une somme de 1’200 millions de dollars.
En cause, deux sociétés qui ne relevaient pas de l’IOR, même si celui-ci en
avait la propriété juridique, et en faveur desquelles Mgr Marcinkus avait
signé des « lettres de patronage », en septembre 1981. Des experts italiens
concluant pour leur part à la responsabilité juridique du Vatican dans les
dettes contractées, le Saint-Siège, au terme de négociations, a décidé en
mai 1984 – contre l’avis de Mgr Marcinkus et de ses collaborateurs – de
payer 244 millions de dollars, une « contribution volontaire » destinée à
calmer les banques créditrices de l’ »Ambrosiano » qui menaçaient de traîner
l’IOR en justice.
Mgr Marcinkus a fait l’objet avec ses proches collaborateurs d’un mandat
d’arrêt de la Cour suprême d’Italie pour complicité de « faillite frauduleuse ». Le 17 juillet 1987 la Cour de Cassation a débouté les magistrats italiens en suivant l’argumentation du Vatican, qui leur déniait toute compétence pour inculper les dirigeants d’un organisme du Saint-Siège. L’arrêt a
été confirmé par le Conseil constitutionnel italien le 6 juin 1988. Par la
suite, Mgr Marcinkus parvenait à assainir la situation. Mais, en mars 1989,
le pape adoptait un nouveau statut pour l’IOR et Mgr Marcinkus était écarté
de la présidence.
Des rumeurs selon lesquelles Mgr Marcinkus pourrait être nommé à la tête
d’un diocèse américain ont par la suite soulevé un tollé de la part de
l’épiscopat des Etats-Unis. Aujourd’hui que le prélat regagne le diocèse de
Chicago, des observateurs ne voient pas le cardinal Joseph Louis Bernardin,
archevêque de Chicago, lui confier une responsabilité dans sa gestion économique. (apic/jt/cip/cic/cor)
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