Fribourg: Bénédiction abbatiale de la Mère abbesse de l’Abbaye de la Maigrauge

Mère Marianne, 54e abbesse de ce monastère fondé en 1255

Fribourg, 4 septembre 2011 (Apic) La foule se pressait samedi après-midi à Fribourg dans la petite église de Notre-Dame de la Maigrauge pour assister à la bénédiction abbatiale de Sœur Marianne Zürcher, la nouvelle Mère abbesse de cette communauté qui rassemble une bonne douzaine de religieuses. Les représentants de l’Etat et de la ville de Fribourg étaient au premier rang, soulignant ainsi l’attachement des autorités à ce qui demeure le premier monastère féminin fondé à Fribourg.

C’est l’ancien Abbé d’Hauterive, Dom Mauro-Giuseppe Lepori, Abbé général de l’Ordre cistercien à Rome depuis exactement un an, qui a présidé la cérémonie, entouré d’une quarantaine de moines et des prêtres diocésains massés dans le chœur à la sobre architecture cistercienne.

Dans son homélie, Dom Mauro-Giuseppe a rappelé l’importance, dans l’Ordre cistercien, de cette liturgie de bénédiction abbatiale. « Ce n’est pas un sacrement, mais une bénédiction qui demande à Dieu de permettre à Mère Marianne de vivre sa vocation de baptisée et de moniale dans le cadre d’une particulière responsabilité pastorale et maternelle au cœur de sa communauté et dans l’Ordre cistercien », a-t-il précisé.

L’abbé ou l’abbesse « tient la place du Christ dans le monastère »

Et Dom Mauro-Giuseppe de regretter que, dans son Ordre, il existe parfois l’usage de ne plus bénir les supérieurs, surtout les abbesses, qui sont élus pour un temps déterminé. Pour lui, qu’il soit bref ou long, chaque abbatiat doit être béni « pour être une parole bonne que Dieu prononce, une Parole de Dieu qui, quoi qu’il arrive, accomplisse la mission dont Dieu la charge ».

Dom Mauro-Giuseppe souligne que l’abbé ou l’abbesse, comme le rappelle saint Benoît, « tient la place du Christ dans le monastère ». Et de relever encore qu’une communauté monastique, aussi petite soit-elle, « reflète cet immense dynamisme du Salut, comme une goutte d’eau reflète tout le soleil ».

Dom Mauro-Giuseppe interroge la nouvelle Mère abbesse

La nouvelle abbesse – la 54e de ce monastère fondé en 1255 -, présentée par deux moniales de sa communauté, vient se placer en face de l’Abbé général. Ce dernier commence l’interrogatoire de la nouvelle élue « afin que notre assemblée sache et se rende compte que la nouvelle abbesse est décidée à remplir sa tâche comme il convient ». Mère Marianne s’engage alors à rester fidèle à son engagement monastique selon la Règle de saint Benoît. La religieuse, dans le rituel de prostration, s’allonge ensuite sur le sol pendant l’invocation des saints, puis l’abbesse élue se relève, s’approche de l’Abbé général, et se met à genoux pour la prière de bénédiction.

Dom Mauro-Giuseppe lui remet la règle de saint Benoît « pour gouverner et garder les sœurs que Dieu vous a confiées, autant que le permet la faiblesse humaine, et avec la force de Dieu ». L’abbé procède finalement à la remise des insignes abbatiaux: l’anneau, « signe de fidélité », puis le bâton de pasteur. La nouvelle abbesse reçoit le baiser de paix de l’Abbé général, des autres abbés et abbesses, ainsi que des sœurs de sa communauté. A la fin de la cérémonie, Mère Marianne Zürcher, une religieuse d’origine thurgovienne, a tenu à remercier chaleureusement celle qui l’avait précédée à cette charge, Mère Gertrude Schaller, qui a donné sa démission ce printemps… après 37 ans d’abbatiat.

Encadré

Ancien étudiant de l’Université de Fribourg, ancien Abbé de l’Abbaye cistercienne de Notre-Dame de Lérins, sur une île en face de Cannes, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, actuel archevêque de Tours, avait tenu à faire le déplacement sur les bords de la Sarine, à l’instar de l’Abbé Anselm van der Linde, président de la Congrégation cistercienne de Mehrerau. Dom Marc de Pothuau, Abbé d’Hauterive et « Père Immédiat » de la communauté de la Maigrauge, assistait également à la bénédiction abbatiale, ainsi que Sœur Marie-Ruth Ziegler, supérieure générale des Sœurs Franciscaines de la Divine Providence de Baldegg, et des responsables d’autres communautés féminines.

Encadré

#Les autorités politiques soulignent l’importance de la Maigrauge pour le monde contemporain

Les représentants de l’Etat et de la ville de Fribourg – les conseillères d’Etat Isabelle Chassot et Anne-Claude Demierre, et le syndic de la capitale Pierre-Alain Clément – ainsi que le conseiller aux Etats Urs Schwaller étaient aux premiers rangs pour assister à la célébration. « Leur présence confirme les relations de confiance mutuelle tissées au fil du temps entre les autorités cantonales et notre communauté », a d’ailleurs souligné la nouvelle Mère abbesse à l’issue de la solennité.

Dans sa courte allocution, apportant les salutations du Conseil d’Etat, Isabelle Chassot a remarqué que ce n’était pas tout à fait par hasard que le gouvernement fribourgeois s’était fait représenter à cette cérémonie par ses deux membres féminins.

Relevant un passage de la Règle de saint Benoît où il est écrit « Que l’abbé fasse toujours prévaloir la miséricorde sur la justice », la conseillère d’Etat s’est demandé comment préférer la miséricorde, c’est-à-dire le pardon mêlé à l’amour, à la justice, « garantie d’un bon fonctionnement d’un Etat, que l’on appelle chez nous d’ailleurs l’Etat de droit ». Et de remarquer que saint Benoît, en l’occurrence, en faisant prévaloir la miséricorde sur la justice, n’était pas particulièrement « politiquement correct », si l’on s’en tenait aux règles du monde contemporain.

Dans son intervention, Pierre-Alain Clément, syndic de Fribourg, a souligné l’attachement de la ville à la Maigrauge, « lieu de prière, de ressourcement, et ce n’est pas un vain mot dans le monde actuel ». Relevant quelques leçons que l’ordre monastique est appelé à donner au monde moderne, le syndic de Fribourg a cité « Dieu premier servi », « alors que la tendance est plutôt à l’oubli alors que la dimension divine fait partie de notre essence ». Il a encore souligné l’importance de la prière et de la vie intérieure, « base de tout équilibre », et l’exemple de pauvreté que nous donnent les moines et les moniales, « à une époque de course aux plaisirs ». JB

Des photos de la bénédiction abbatiale (prix CHFR 80.– pour la première, CHFR 60.– pour les suivantes) peuvent être commandées auprès de l’Apic: apic@kipa-apic.ch, Tél. 026 426 48 11 (apic/be)

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