Fribourg: Portrait du Père Pascal Marquard, Cordelier

Un Père à la poursuite de 3 millions

Fribourg, 13 septembre 2011 (Apic) Le délabrement du couvent des Cordeliers de Fribourg contraint le benjamin de la communauté à renoncer à son poste d’aumônier de l’Université. Nommé responsable de la restauration du couvent et de la campagne de récolte de dons, le Père Pascal Marquard part à la recherche de plus de 3 millions de francs. Portrait d’un homme entier et actif, qui sait apprécier la vie.

Dès le 1er septembre, le Père Pascal est parti à la recherche de plus de 3 millions de francs. Des professionnels l’épaulent, et une Association, les « Amis du couvent des Cordeliers Fribourg », a été créée pour aider financièrement la communauté. Rien pourtant ne destinait cet ancien enseignant à se muer en administrateur.

Donner ce que l’on peut

Issu d’une famille aisée, Pascal a été séduit par « le style simple de la vie franciscaine et le comportement vis-à-vis des biens matériels », comme il aime à le souligner. En entrant chez les Cordeliers, il a épousé « Dame pauvreté ». La décrépitude du couvent de la rue de Morat, dont la dernière rénovation remonte au début des années 1940, le lui rappelle chaque jour. Ne sachant plus à quel saint se vouer, les Frères de la communauté le nomment responsable de la restauration et de la campagne de récole de dons. Impossible de concilier sa fonction d’aumônier avec ses nouveaux engagements. A regret, le Père Pascal laisse ses étudiants, qu’il a accompagnés dans leur recherche professionnelle et leur orientation de vie. Le religieux a un « bon sens des contacts, précise son collègue le Père Dominicain Philippe de Roten. Il laissera un vide à l’aumônerie de l’Université, car il a pris beaucoup d’initiatives originales et personnelles ».

Pascal est direct, ouvert. Blaise Fasel, étudiant en droit et collaborateur à l’aumônerie, le définit comme « hyperactif ». De fait, le Père bouillonne. Des projets et des initiatives, il en a à revendre. « On a parfois du mal à le suivre ». Le Cordelier aime travailler sur plusieurs chantiers en même temps. « Deux pas en avant mais un de trop », reconnaît humblement l’homme de Dieu.

Recevoir ce dont on a besoin

Rien n’arrêtera cette forte personnalité. Dans son habit noir de Cordelier, le personnage en impose avec son 1 mètre 80. A 36 ans, s’il a parfois regretté son choix de vie lors des moments de crises, il n’en reste pas moins déterminé dans son oui à Dieu. « Vivre dans un couvent ne fait pas de nous des saints », reconnaît-il. Il confesse – et les confrères le lui rappellent en guise de correction fraternelle – son « manque de diplomatie ».

Qu’est-ce qui peut ébranler le jeune religieux, si ce n’est peut-être l’offense d’une personne à qui il a donné sa confiance? Et encore, le benjamin avoue posséder « une capacité de pardonner ». Sa consolation, il la puise ailleurs. Elle lui vient du Seigneur. Il l’éprouve lorsqu’il célèbre la Liturgie. « Je reçois beaucoup de force et je vis des moments intenses avec mon Seigneur et la communauté ».

La rencontre déterminante, il l’a faite à 17 ans, lors d’un séjour linguistique à Gênes en Italie. Par hasard, il sympathise avec de jeunes Frères Cordeliers, dont la vie communautaire et de prière le touchent. A son retour en Suisse, il se demande si cette vie est faite pour lui.

La religion, il la connaît. Issu de deux familles zurichoises non réformées, le petit Pascal baigne dans le catholicisme. Des souvenirs d’enfance l’habitent encore, comme sa maman se retirant pour prier en silence dans la chapelle mariale de Disentis dans les Grisons, où la famille possède un appartement de vacances. Et cet autre, où élève à l’école secondaire Saint Michel de Zoug, il ne supporte plus les homélies et s’improvise prédicateur en herbe, avec l’accord des Pères. L’homilétique (la science de la prédication, ndlr) est déjà son dada. Il en fera son sujet de mémoire à la faculté de Würzburg (Allemagne), étudiant les textes de Mgr Franz Kamphaus, ancien professeur de théologie pastorale et homilétique. « Peut-être pas un saint, mais un prophète sans doute », précise le Cordelier. L’évêque émérite de Limbourg n’a pas sa langue en poche. Son témoignage de vie est profondément évangélique. Il a refusé les privilèges liés à son état épiscopal: grosse voiture, chauffeur, salaire… Il a offert son logement à une famille émigrée d’Erythrée. On comprend mieux la fascination exercée sur le disciple de François d’Assise.

Fidèle au fondateur, le Père Pascal cultive les rencontres et les relations. Cela remonte à sa prime enfance. « Enfant seul » selon son expression, il a souffert de la différence de 7 ans avec le puîné. Très optimiste, il en a tiré cette leçon: « Il faut bien savoir rire dans la vie et ne pas rester trop sérieux ». Et de temps en temps, « boire un bon verre de bière ou de vin ». (apic/ggc)

La première rencontre de l’Association « Amis du Couvent des Cordeliers Fribourg » aura lieu le 2 octobre 2011, à 17h à l’église des Cordeliers, rue de Morat 6. Plus d’informations sur www.cordeliers.ch.

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