Pour sa première mission, le Père Lucas Marandy sera envoyé au Brésil
Chittagong, 14 septembre 2011 (Apic) L’Eglise catholique au Bangladesh – une petite minorité de 3 millions de fidèles sur une population totale de plus de 150 millions d’habitants – est fière d’avoir son premier missionnaire d’origine aborigène. Le Père Lucas Marandy, d’origine santal, a été ordonné prêtre le 9 septembre dernier, dans le diocèse de Dinajpur, situé dans la partie septentrionale du pays, à la frontière avec l’Inde. Pour sa première mission, le Père Lucas Marandy sera envoyé au Brésil.
Mgr Moses M. Costa, évêque de Chittagong, a ordonné ce prêtre de 36 ans, membre de la Société de St-François Xavier pour les Missions étrangères (*), à l’église du Sacré-Cœur de Jésus à Khalippur. « Jésus a lavé les pieds de ses disciples par amour. Je veux essayer chaque jour de me souvenir de cet exemple d’amour et l’imiter », s’est engagé le nouveau missionnaire xavérien à l’issue de la célébration.
L’ordination du jeune Santal marque une étape importante pour cette région septentrionale du Bangladesh, tout comme pour la communauté aborigène à laquelle il appartient. « C’est un événement historique pour les Santals, se réjouit le Père Joseph Marandy, vicaire général et administrateur du diocèse de Dinajpur. Il a rendu possible ce que nous n’avons pas pu accomplir ».
Les Santals (**) forment aujourd’hui une part importante de la communauté catholique du diocèse de Dinajpur, où ils sont également l’ethnie dominante. Selon le Père Anthony Sen, secrétaire de la Commission « Justice et Paix », les catholiques représentent à peine plus de 0,2 % de la population du diocèse.
L’Eglise a toujours été particulièrement active auprès de la communauté santal, qui souffre au sein de la société bangladaise de fortes discriminations et d’une marginalisation grandissante. Mais si la première vague d’évangélisation du diocèse de Dinajpur remonte au XVIIème siècle, la conversion des Santals y est récente.
Les premiers missionnaires dans la région furent des baptistes américains au début du XIXème, suivis par les missionnaires catholiques de l’Institut pontifical des Missions étrangères PIME en 1855. Ces derniers, toujours très présents dans l’encadrement ecclésiastique, furent les premiers évêques du diocèse, érigé en 1927 (situé dans le nord-est de l’Inde à l’époque).
Il apparaît comme très probable que la forte implication de l’Eglise dans les domaines éducatif, médical et sanitaire, ou encore juridique avec la défense des droits des aborigènes, ainsi que la multiplication des activités missionnaires et paroissiales sont à l’origine des nombreuses conversions de ces dernières années dans la communauté santal (5). Selon des sources ecclésiastiques locales, aujourd’hui plus de 50’000 des 225’000 Santals du Bangladesh sont chrétiens, parmi lesquels on compte 70 % de catholiques.
Si l’ordination d’un missionnaire aborigène est une première pour l’Eglise catholique du Bangladesh, cette dernière peut se targuer d’avoir tout récemment envoyé des missionnaires bangladais porter l’Evangile à l’étranger. Une manifestation concrète du dynamisme et de la croissance de son clergé local, et ce malgré une représentation qui reste très minoritaire avec 2 % de chrétiens au sein d’une population à près de 90 % musulmane.
Aujourd’hui, le Bangladesh compte 45 groupes ethniques différents, dont les Adivasis ou les Jumma, qui sont des populations aborigènes et tribales, soit au maximum 3 millions d’individus (sur une population totale de 150 millions). Les peuples indigènes du Bangladesh sont parmi les groupes les plus marginalisés et exclus de la société, et leurs terres – qui n’ont jamais été cadastrées -, sont convoitées. Sur les quelque 300’000 catholiques du pays, plus de 50% appartiennent aux minorités ethniques. Les relations des catholiques avec le reste de la population sont bonnes, que ce soit avec la majorité musulmane (plus de 90% de la population), avec les hindous (moins de 10%) ou avec les bouddhistes. L’islam au Bangladesh a été toujours très tolérant, même s’il existe une petite minorité extrémiste.
(*) La Société de Saint François Xavier pour les missions étrangères (Missionnaires Xavériens) a été fondée par Guido Maria Conforti (1865-1931), qui sera canonisé le 23 octobre prochain, lors de la Journée missionnaire mondiale.
(**) L’ethnie santal est considérée comme la plus importante du sous-continent indien. D’origine mal connue, elle est aujourd’hui essentiellement présente dans les Etats indiens du Jharkhand, de l’Orissa, du Bengale-Occidental, de l’Assam et du Bihar, ainsi que dans certaines régions du Bangladesh et du Népal, parfois depuis des millénaires. On évalue leur population entre 5 à 10 millions d’individus. Les Santals sont très représentés dans le nord-est du Bangladesh où ils sont majoritaires parmi les aborigènes. (apic/eda/be)
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