Fribourg: Dix ans d'une adoration ininterrompue

Fribourg, 22.10.2015 (cath.ch-apic) « Il faut rendre hommage à ces fous qui ont cru à ce projet », glisse Mgr Alain de Raemy à l’issue de la messe festive qui marquait, le 21 octobre 2015, les dix ans de l’adoration perpétuelle à Fribourg. Grâce à « ces fous », le Saint-Sacrement est adoré nuit et jour, sept jours sur sept, depuis le 19 octobre 2005 en ville de Fribourg.

« Cela fait dix ans que ça marche », sourit Charles-Henri de Roten, qui se présente comme « le responsable entre guillemets » de la démarche. « Nous avons 110 adorateurs, ce qui ne suffit pas. Chaque semaine, il faut trouver quelques personnes pour remplir les dernières cases vides », explique-t-il en sortant de son cartable la grille horaire hebdomadaire sur laquelle l’une ou l’autre case blanche attend encore preneur.

Réponse à l’appel de Jean-Paul II

Cette aventure commence en 2005, en réponse à un appel du pape Jean-Paul II qui demandait, durant l’année de l’Eucharistie (2004-2005), de « favoriser le développement de l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement ». Une proposition que Charles-Henri de Roten et trois autres laïcs fribourgeois, Nicolas Carron, James Gottofrey et Olivier de Lannoy, prennent au sérieux. Avec le soutien du curé de la paroisse du Christ-Roi, Alain de Raemy – aujourd’hui évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg – ils mettent en place une adoration non-stop de deux mois à la basilique Notre-Dame de Fribourg. Et ces deux mois sont devenus dix ans.

La démarche a dû s’accommoder de quelques changements – de lieu pour commencer, puisque de la basilique Notre-Dame, l’adoration s’est poursuivie dans l’église voisine des Cordeliers. Le jour, les « adorateurs » se retrouvent dans la chapelle latérale, à droite du chœur principal; chaque nuit, avec le Saint-Sacrement, ils rejoignent la chapelle de l’ermitage, au fond de l’église, ce qui permet aux frères cordeliers de fermer les grilles de la nef principale.

« Sauver le monde »

Pour le Valaisan d’origine, c’est moins l’absence d’interruption que le type de prière qui importe. « Le monde sera sauvé par l’adoration », explique, convaincu, cet ancien chef de l’Office des mineurs de 81 ans. « Je cite souvent cette parole du Père Nicolas Buttet: ‘le monde ne sera pas sauvé dans les laboratoires, mais à genoux devant l’ostensoir' ». Il n’y a, pour lui, rien de paradoxal dans cet immobilisme apparent, « puisque c’est là que je demande au Seigneur de veiller activement sur ce monde ».

Si elle est aujourd’hui ancrée dans le paysage catholique fribourgeois, cette démarche a également suscité un certain scepticisme. « Ces fous, expliquait Mgr Alain de Raemy au terme de l’Eucharistie, avaient contre eux certains conseils de paroisse et certains prêtres, tous très mesurés et prudents… Mais ils y ont cru ». « Nous n’avions pas un soutien évident », étaye Charles-Henri de Roten qui, aujourd’hui, se réjouit que les prêtres actuels de l’unité pastorale Saint-Nicolas se soient inscrits pour une heure d’adoration hebdomadaire.

Un avenir incertain

Depuis dix ans, cette adoration perpétuelle s’est déployée. Autour d’elle s’articulent, chaque mois, une « messe festive » et, chaque année, une « journée eucharistique ». Ces célébrations ont vu la présence de personnalités importantes de l’Eglise, à l’instar du cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, présent à Fribourg le 26 septembre dernier. « C’est l’occasion d’inviter des personnalités d’Eglise qui viennent stimuler notre prière », explique Charles-Henri de Roten. Un encouragement nécessaire, car la démarche reste fragile. « L’organisation est fastidieuse et ce n’est pas simple de trouver de nouveaux adorateurs, confie-t-il. La plupart ont déjà un certains âge et quand l’un ou l’autre s’absente, il n’y a pas forcément quelqu’un derrière pour le remplacer. C’est ténu. Mais des personnes m’ont dit que l’adoration perpétuelle a changé la vie spirituelle de Fribourg ».


Encadré: Une nouvelle adoration perpétuelle en Valais

Si l’avenir de cette démarche fribourgeoise est sans cesse à confirmer, il semble qu’elle fasse des émules. A Sion, une démarche similaire est sur le point de voir le jour. A partir du 9 novembre prochain, une adoration continue aura lieu du lundi au samedi à l’église du Sacré-Cœur. Plus de 130 personnes ont répondu à cet appel des paroisses sédunoises. (apic/pp)

Pierre Pistoletti

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