Les épiscopaliens ne comptent pas revenir sur le mariage gay

Plusieurs leaders épiscopaliens avertissent que leur Eglise ne reviendra pas sur son ouverture vis-à-vis de l’homosexualité. Le synode de la communion anglicane a décidé, début janvier 2016, de suspendre durant trois ans la participation de sa branche américaine à toutes les instances dirigeantes, à cause de son acceptation du mariage gay.

«Nous pouvons accepter ces décisions avec grâce et humilité, mais l’Eglise épiscopalienne ne reviendra pas en arrière», assure Jim Naughton, ancien spécialiste de droit canon de l’archidiocèse épiscopalien de Washington, à l’agence de presse américaine Religion News Service (RNS). «Nous ne pouvons pas nous repentir de ce qui n’est pas un péché», ajoute-t-il.

Archevêques et évêques représentant une quarantaine de pays, réunis à huis clos dans la crypte de la cathédrale de Canterbury, au sud de l’Angleterre, ont explicitement condamné le mariage de personnes de même sexe comme une «rupture fondamentale» avec l’enseignement anglican traditionnel. Ils ont dans la foulée décidé de suspendre, pour les trois prochaines années, de toute participation aux organes dirigeants la branche américaine de l’anglicanisme, qui reconnaît officiellement le mariage gay.

«Un couple qui fait chambre à part»

Kevin Eckstrom, directeur de communication pour la cathédrale nationale de Washington, admet que la suspension de son Eglise est reçue avec tristesse par ses membres. Il souligne toutefois que cela faisait déjà un moment que l’Eglise épiscopalienne suivait une voie divergente de celle de la communion anglicane. «Cela ressemble à un couple ayant des problèmes relationnels et qui font chambres à part», relève-t-il. «Peut-être vont-ils maintenant formaliser leur séparation».

L’accord de janvier évite la perspective du schisme dans la Communion anglicane, qui revendique 85 millions de membres dans le monde. Il représente également un succès personnel pour le primat Justin Welby, qui a fait de la réconciliation un élément clé de son mandat. Mais il sera aussi considéré comme un coup de semonce pour l’Église anglicane face aux appels croissants pour qu’elle bénisse les unions de même sexe.

Beaucoup se sont engagés pour que notre Eglise soit une maison de prière pour tous

Même si le «deal» est fragile, on souligne globalement qu’il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Les prélats conservateurs relèvent une incertitude supplémentaire en soulignant que cet accord ne doit pas être considéré comme une fin, mais comme un début. Ils déplorent que les Américains n’aient pas été invités à la repentance.

Désaccord sur l’homosexualité

L’évêque Michael Curry, qui dirige l’Eglise épiscopalienne, confirme que les sanctions seront vécues douloureusement par de nombreux fidèles. «Beaucoup d’entre nous se sont engagés à ce que notre Eglise soit ‘une maison de prière pour tous’, comme le dit la Bible, où tout le monde est vraiment le bienvenu», assure le prélat anglican.

La communion anglicane est dans la tourmente depuis plus d’une dizaine d’années sur la question de l’homosexualité. Depuis notamment que l’Eglise épiscopalienne a ordonné le premier évêque ouvertement homosexuel, Gene Robinson du New Hampshire. Les traditionalistes estiment que ce mouvement équivaut à un abandon de l’enseignement biblique et accusent les Américains d’hérésie. Les relations se sont encore tendues récemment lorsque l’Eglise épiscopalienne a changé son canon officiel du mariage pour inclure les couples de même sexe. (cath.ch-apic/rns/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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