Le primat anglican Justin Welby a reconnu la partipation de l'Eglise anglicane au commerce d'esclaves  © Flickr/Commonwealth Office
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La communion anglicane évite le schisme

Le synode de la communion anglicane a décidé de suspendre durant trois ans la participation de l’Eglise épiscopalienne des Etats-Unis à toutes les instances dirigeantes. En cause ses positions sur l’homosexualité. Après quatre jours d’intenses débats, le schisme est évité de justesse.

Archevêques et évêques représentant une quarantaine de pays, réunis à huis clos dans la crypte de la cathédrale de Canterbury, ont explicitement condamné le mariage de personnes de même sexe comme une «rupture fondamentale» avec l’enseignement anglican traditionnel. Ils ont dans la foulée décidé de suspendre, pour les trois prochaines années, de toute participation aux organes dirigeants la branche américaine de l’anglicanisme, l’Église épiscopalienne qui reconnaît officiellement le mariage gay. L’Eglise anglicane du Canada, aux positions similaires sur l’homosexualité, n’est pas sanctionnée, car elle n’a pas approuvé officiellement le mariage homosexuel.

L’accord, après quatre jours de pourparlers, évite la perspective du schisme dans la Communion anglicane qui revendique 85 millions de membres dans le monde. Il représente également un succès personnel pour le primat Justin Welby, qui a fait la réconciliation, un élément clé de son mandat. Mais il sera aussi considéré comme un coup de semonce pour l’Église anglicane face aux appels croissants pour qu’elle bénisse les unions de même sexe.

Même si le «deal» est fragile, on souligne globalement qu’il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Les prélats conservateurs relèvent une incertitude supplémentaire en soulignant que cet accord ne doit pas être considéré comme une fin, mais comme un début. Ils déplorent que les Américains n’aient pas été invités à la repentance.

Une communion dans la tourmente

La communion anglicane est dans la tourmente depuis plus d’une dizaine d’années sur la question de l’homosexualité. Depuis notamment que l’Eglise épiscopalienne a ordonné le premier évêque ouvertement homosexuel, Gene Robinson du New Hampshire. Les traditionalistes estiment que ce mouvement équivaut à un abandon de l’enseignement biblique et accusent les Américains d’hérésie. Les relations se sont encore tendues récemment lorsque l’Eglise épiscopalienne a changé son canon officiel du mariage pour inclure les couples de même sexe.

Plusieurs Églises locales ou régionales ont rompu leurs liens avec l’Eglise épiscopalienne et l’Église anglicane de tendance libérale du Canada pour former une église anglicane d’Amérique du Nord, plus conservatrice. D’autres communautés ont demandé à rejoindre l’Eglise catholique.

En 2008, de nombreux conservateurs ont boycotté la Conférence de Lambeth, qui réunit les évêques anglicans tous les dix ans. Ils ont convoqué une conférence rivale à Jérusalem, et ont créé un centre de contre-pouvoir connu sous le nom de GAFCON (Global Anglican Future Conference).

Les observateurs craignaient que la réunion de Canterbury ne se termine par un échec avec un débrayage massif des évêques du Gafcon. Mais de fait, seul l’archevêque de l’Ouganda, Stanley Ntagali, a quitté la séance. Les prélats ont exprimé leur désir de continuer à marcher ensemble. Mais ils ont lancé un avertissement aux Eglises du Canada et d’Ecosse où des mouvements poussent à approuver les unions de même sexe, notant que «les développements possibles dans d’autres provinces pourraient encore aggraver cette situation». (cath.ch-apic/ag/mp)

Le primat anglican Justin Welby a reconnu la partipation de l'Eglise anglicane au commerce d'esclaves © Flickr/Commonwealth Office /CC BY 2.0
15 janvier 2016 | 11:45
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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