Anne et Marco Mayoraz: 25 ans d'aventure au service des familles

Anne et Marco Mayoraz s’apprêtent à passer les rênes du Service diocésain de la pastorale de la famille et de la vie de Sion. Retour sur 25 ans d’aventure au service de la famille, cette «Eglise domestique». Le couple poursuivra sa mission différemment en allant à la rencontre des gens.

«Il faut soigner l’Eglise domestique qu’est la famille!» Anne et Marco Mayoraz en sont plus que jamais convaincus. Le couple s’apprête à passer les rênes du Service diocésain de la pastorale de la famille et de la vie après avoir œuvré pendant 25 ans pour les familles et les couples du diocèse de Sion.

Le 22 novembre 1992, le cardinal Henri Schwery, alors évêque de Sion, a célébré la messe clôturant le «Triennat de la famille»: une réflexion de trois ans ayant abouti à  la naissance du Service de la pastorale de la famille du diocèse, dont il a ardemment souhaité la création. Il a placé Anne et Marco Mayoraz à la tête du Conseil pastoral de la famille. Marié depuis deux ans, le couple a accepté sans hésiter. «Le cardinal Schwery a été prophétique, estime Anne Mayoraz, il a voulu donner un sens chrétien à l’existence du couple et de la famille. Ce service diocésain était une première en Suisse romande».

«Le cardinal Schwery a été prophétique»

L’aventure n’a pas été de tout repos. Une telle nouveauté a surpris en effet le milieu catholique et agacé certains. «A l’époque beaucoup ne voyaient pas l’utilité d’un tel service». Jusqu’aux mouvements dédiés au couple et à la famille implantés dans le diocèse qui parlaient de concurrence: les Equipes Notre-Dame (END), les Foyers franciscains ou  l’Action catholique générale (ACG). «Nous avons dû les convaincre que nous n’étions pas un mouvement de plus, mais que nous nous mettions à leur service».

Le Festival des familles

Pour favoriser les échanges, ils ont lancé, en 1995, un bulletin trimestriel d’information à l’usage des familles pour faire connaître ces mouvements et les initiatives lancées dans le diocèse. Ce désir de mise en réseau des mouvements débouche, en mars 1997, sur la création du Festival des familles. La manifestation est devenue un incontournable carrefour catholique diocésain d’une journée où se bousculent chaque année de 1’500 à 2’000 personnes autour d’une trentaine de mouvements.

Jamais à court d’idées grâce à leur complicité et à leur situation de jeunes parents, Anne et Marco créent la Montée vers Pâques rassemblant les familles à l’hospice du Simplon pour y vivre la Semaine Sainte . «Pour les familles avec des enfants en bas âge», précisent-ils. L’idée a germé au cours d’une réflexion sur l’impossibilité de laisser leurs enfants à leurs parents pendant tout le triduum pascal.

Malgré des froncements de sourcils et la peur de certains curés de les voir siphonner les églises à Pâques, ce fut un succès immédiat, «d’abord en raison de la contrainte que nous avions et qui était celle de nombreuses familles, et surtout parce que les gens avaient l’occasion de vivre cette fête avec des petits, en communauté, sans craindre de gêner les fidèles plus âgés». L’hospice du Simplon a même fini par adapter ses chambres, à l’époque sans salle de bain, à l’usage les familles.

En éveil

Toujours en éveil, ils ont su faire évoluer leur Montée vers Pâques et le festival en écoutant les suggestions et les critiques. Ils ont imaginé des «Soirées avant le oui» de préparation au mariage ou des soirées «Elle et lui» pour les couples mariés. En s’inspirant souvent de ce qui se faisait ailleurs. «C’est une bonne formule pour des gens qui ne souhaitent pas s’engager dans des mouvements». Tous deux militent pour la communication dans le couple, la clé selon eux de la longévité. «On enfonce une porte ouverte en disant cela, mais c’est la cause de la majeure partie des séparations». Ils évoquent ces couples «hyper organisés» pour la gestion du foyer et de la vie professionnelle mais qui souffrent d’un manque de communication.

«Plongés» dans la réalité des familles

Loin d’être inconciliables comme le craignait Mgr Norbert Brunner, leur travail au foyer du collège des Creusets et leur activité au service du diocèse leur a permis de rester  «plongés dans la réalité des familles». Cela n’aurait pas été possible dans un bureau à la maison Notre-Dame du Silence.

A côté des nombreuses joies et satisfactions, Anne et Marco ont aussi vécu des souffrances. Ils témoignent de la souffrance des jeunes touchés par la séparation de leurs parents. Ils évoquent l’explosion des séparations de couples et la banalisation du divorce depuis les années 1990. «La souffrance des enfants ne doit pas être banalisée». Comment faire pour ne pas faire comme mes parents, leur a demandé un jour un jeune. «Dans les cas extrêmes de négligence et de violence, nous orientons les gens vers les structures spécialisées. C’est un sujet encore tabou.»

«La famille reste la plus belle aventure humaine»

Le synode sur la famille  de 2016 permettra de panser les blessures des personnes divorcées qui se sentent exclues de l’Eglise, mais au prix d’un long travail d’explication et de pédagogie, préviennent-ils. Pour le moment il est encore difficile d’avoir le recul nécessaire. En 2011 déjà ils avaient imprimé un flyer en 2011 pour expliquer les conséquences d’un divorce et pour dire, en citant Jean Paul II, que l’Eglise ne rejetait pas les personnes divorcées. Leur expérience démontre que les catholiques pratiquants ne sont pas plus épargnés que les autres par l’évolution de la société vers la primauté de l’apparence, du consumérisme et du profit.

Anne et Marco ont vu, au fil des années, une autre famille émerger qui les laisse malgré tout optimistes. Celle où les pères s’impliquent beaucoup dans la vie quotidienne et l’éducation de leurs enfants. «La famille reste la plus belle aventure humaine. C’est un laboratoire magnifique pour la société et l’Eglise. Même si de temps en temps ›des éprouvettes explosent’. C’est un lieu d’apprentissage de la résolution de conflits, d’écoute, de vie en communauté et d’amour.»

En fin de compte, ils ont de belles satisfactions. A les écouter raconter des anecdotes, parler de leur expérience, on devine que la pastorale de la famille n’est pas derrière eux. Ils sont heureux de passer le relais à Casimir Gabioud (le clown Gabidou), agent pastoral à Orsières (VS), et à son épouse.

En route pour les familles

«Nous continuerons à tout mettre en œuvre pour soutenir la famille», lance Marco Mayoraz. Le couple continuera à travailler au foyer des étudiants du collège des Creusets, contrairement à la rumeur qui les dit partants. Mais il devient nomade en concrétisant à sa manière ›l’Eglise en sortie’ du pape François dans le cadre de la Fondation Maison de la Famille. «Comme nous avons commencé à le faire, nous irons à la rencontre des gens pour des soirées d’information». Au programme, entre autres, des conférences pour «Les parents d’ados», des soirées sur «l’art d’être grand-parent». «Notre but n’est pas de rassembler des centaines de personnes mais de pouvoir répondre à des attentes et d’aider ceux qui en ont besoin». (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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