« Nous sommes des bénévoles de la première heure. L’AGORA n’est pas la seule à avoir pris trente ans, nous aussi ! », lance Marianne Madoery. Elle assiste avec son mari à la célébration œcuménique de clôture du trentième anniversaire de l’Aumônerie Genevoise Oecuménique auprès des requérants d’asile (AGORA). « Cela fait sens d’accueillir AGORA au Centre œcuménique de Meyrin. Ici, l’Eglise protestante et l’Eglise catholique font toit commun », indique Philippe Golaz, pasteur de la paroisse protestante. Il ajoute, « d’ailleurs les deux communautés accueillent un important brassage de population ». La salle s’emplit peu à peu, au détour des conversations, on distingue de l’arabe, de l’espagnol ou du tigrigna. Cette mosaïque de langues viendrait presque contredire les mots d’Etienne Sommer, pasteur et président de l’AGORA. « Nous sommes esclaves des cours monétaires et des marchés financiers. Nous n’accueillons pas suffisamment parce que cela coûte trop cher », s’indigne-t-il.
Raad, un irakien installé en Suisse depuis seize ans avec sa famille témoigne de la qualité de l’accueil. « Venir en Suisse, c’était mon rêve. J’en entendais parler comme d’un lieu de paix et je remercie ce pays de m’avoir donné la chance de vivre ici ». Il complète, « je ne trouve pas les gens racistes, au contraire, nous avons été bien accueillis ».
Anne-Madeleine Reinmann, aumônière protestante à l’AGORA, souhaite que Dieu « fasse de nous des multiplicateurs de liens ». De fait ces liens se constatent durant cette matinée, à travers la diversité culturelle, mais aussi religieuse. Raad fait partie d’une communauté chaldéenne (catholique orientale ndlr), et s’est déplacé de Fribourg avec sa famille. « Je suis venu pour partager ce moment avec d’autres chrétiens. Nous prions le même Dieu », précise-t-il avec un sourire.
Les trois églises chrétiennes reconnues se sont jointes à la prière au travers des voix de leurs représentants respectifs. Le pasteur Emmanuel Fuchs de l’Eglise protestante de Genève et l’assistante pastorale Aurélie Ethuin-Lanoy de l’Eglise catholique chrétienne, ont adressé des prières de reconnaissances et d’humilité. Quant à l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal de l’Eglise catholique romaine, il a conclu ce temps de prière par des paroles d’action de grâces.
Le souci porté aux exilés et à la migration par les autorités religieuses touche particulièrement Anne-Madeleine Reinmann. « Le président de l’Eglise protestante de Genève, Emmanuel Fuchs, m’appelle régulièrement pour savoir ce que l’église peut faire pour nous aider concrètement ». Pour Nicole Andreetta, aumônière catholique à l’AGORA, le bilan de cette semaine de festivités est très positif. Elle s’est d’ailleurs sentie très encouragée par les propos et les prises de positions de l’évêque de Bâle Felix Gmür. « L’évêque a donné le ton de la semaine lors de son allocution d’ouverture des festivités », déclare-t-elle. Elle nuance tout de même, « parfois, j’aimerais que l’Eglise se positionne plus fermement en faveur des questions de migration et pas simplement qu’elle délègue ce travail à l’AGORA ». Nicole Andreetta pointe une petite affichette épinglée sur un tableau dans le hall du centre œcuménique : la déclaration de l’AGORA signée par les trois églises chrétiennes. Elle rappelle la dernière phrase de cette déclaration, « que nous ayons la force d’écouter notre conscience, afin que Genève soit et reste une terre d’accueil ». (cath.ch/myb/mp)
Retrouvez l’intégrale de la matinée œcuménique au Centre œcuménique de Meyrin, pour fêter les 30 ans de AGORA, diffusée sur Espace 2 le 16 septembre de 9h à 11h:
[rts:audio:9814655]Maurice Page
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