ANAVON inspire la communication de l'Eglise

Une bonne centaine de personnes ont participé le 29 septembre 2018 à Berne à la 1ere ‘journée d’inspiration’ ANAVON. Cette rencontre, convoquée par la Commission des médias de la Conférence des évêques suisses, a été l’occasion de débattre de la transmission de la foi et de communication de l’Eglise envers les jeunes.

Les locaux de la paroisse de la Trinité, à Berne, se sont transformés en vaste forum où les jeunes et les responsables de jeunesse ont pu échanger leurs expériences et débattre des meilleurs moyens de communiquer la Bonne Nouvelle. «En sortant d’ici chacun doit avoir pris conscience qu’il est lui-même un communicateur de la foi», a souligné Mariano Tschuor, président de la commission pour la communication et les relations publiques de la Conférence des évêques suisses (CES). ANAVON, un mot romanche qui signifie «en avant», veut y inciter.

A la veille de partir à Rome pour participer au Synode sur la jeunesse, Mgr Alain de Raemy, évêque de la jeunesse et des médias, a repris en début de journée, l’appel du pape François pour la journée des médias 2018 : «Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix. Fais-nous reconnaître le mal qui s’insinue dans une communication qui ne crée pas la communion. (…) Aide-nous à parler des autres comme de frères et de sœurs…».

Comment communiquer l’espoir?

Comment communiquer l’espoir? Pour répondre à cette question, les organisateurs avaient invité trois personnalités d’horizons très différents. Mais que l’on soit entraîneur de football, journaliste et blogueuse, ou responsable d’un monastère, la notion d’espoir occupe une place centrale dans la communication. Et les attitudes fondamentales sont finalement proches.

Pour une équipe de foot, l’espoir de gagner est de toute évidence un élément essentiel, témoigne Martin Schmidt, entraîneur valaisan en Bundesliga allemande. Mais l’espoir seul ne suffit pas, il faut lui adjoindre obligatoirement la foi et l’amour. La foi en ses capacités, en l’équipe et l’amour de ce que l’on fait. L’entraîneur de football est engagé dans une constellation d’acteurs qui tous auront une influence sur le message qu’il veut faire passer à son équipe. Il y a les dirigeants du club, les supporters, les médias. Dire à chacun ce qu’il a envie d’entendre ne suffira généralement pas à insuffler l’esprit nécessaire pour avancer dans la compétition. Pour Martin Schmidt, les trois valeurs fondamentales, l’espoir, la foi et l’amour transcendent en fait les appartenances religieuses. Les porter passe par la relation de personne à personne. «Outre de foot, je parle aussi beaucoup avec les joueurs sur les questions familiales, sociales et même religieuses», explique-t-il.

Communiquer la joie et l’espoir de la maternité

Sarah Maria Graber, journaliste, blogueuse, communicatrice et jeune maman, a appris lors de sa formation de journaliste, que les bonnes nouvelles ne sont pas des nouvelles. Mais elle s’est vite sentie mal à l’aise avec cette conception. Elle a alors cherché à trouver le moyen de partager aussi les bonnes nouvelles notamment à travers les réseaux sociaux. Ayant eu la joie de vivre une première maternité comme une forte expérience non seulement humaine, mais aussi spirituelle voire mystique, elle a tenu à la faire partager lors de sa deuxième grossesse à travers un blog régulier. «Aujourd’hui, je ne communique que sur ce dont je suis moi-même persuadée.»

L’Eglise doit écouter et apprendre avant d’enseigner

Urban Federer, Abbé du monastère d’Einsiedeln, a apporté au débat l’expérience bénédictine. Une heureuse coïncidence veut qu’ANAVON ait lieu le jour où l’Eglise célèbre les trois archanges Michel, Gabriel et Raphaël qui sont par excellence les messagers de Dieu. Dieu communique avec l’homme beaucoup et souvent, dans toute la Bible, et finalement par son fils Jésus.

Aujourd’hui, la communication de la foi et de l’Eglise se heurte à de nouvelles difficultés. La foi n’est plus une évidence. Elle est confrontée à des sujets brûlants. Elle a perdu sa prééminence. L’Eglise avant d’enseigner doit écouter et apprendre. Saint Benoît, fondateur des bénédictins, donne quelques conseils dans ce sens. Le premier est l’exemple authentique. L’obéissance, dans son sens originel d’écoute, vient ensuite. Le discernement, cher aux jésuites et au pape François, est la troisième qualité nécessaire. La sérénité permet de distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Urban Federer y ajoute l’humour qui permet aussi de faire passer un message.

Ne jamais dire à quelqu’un: ‘Tu n’as rien compris!’

Interpellés sur la gestion de crise, les trois intervenants convergent dans leur point de vue. Pour Martin Schmidt, il faut d’abord faire une bonne analyse sans chercher des coupables à l’extérieur, l’arbitre, les supporters ou les médias. «Il ne faut jamais dire à quelqu’un: ‘Tu n’as rien compris!»

Se laisser toucher, accepter de montrer ses faiblesses est aussi une attitude essentielle, rebondit Sarah Maria Graber. Urban Federer y ajoute la notion de pardon et le désir de reconstruire la relation.

Projets innovants

Après le repas concocté par le curé-cuisinier de la paroisse et un temps d’échange en ateliers, l’occasion était donnée aux participants de découvrir des projets de communication innovateurs conçus par des jeunes. Slam, production vidéo, création d’un food truck, débats transmis sur Youtube, spectacle musical, élaboration d’un magazine papier, chanson, peinture artistique, les jeunes suisses ont montré qu’ils ne manquaient pas d’imagination pour entrer en dialogue, pour rejoindre ceux qui cherchent, pour entendre ceux qui critiquent, pour dépasser les frontières.

La commission des médias de la CES a également profité de ce rassemblement ANAVON pour remettre le Prix catholique de la communication. Cette année, il récompense le cinéaste Beat Bieri pour son très beau documentaire sur le quotidien d’une famille paysanne du canton d’Uri et sur le drame qui la touche. (cath.ch/mp)

 

Maurice Page

Portail catholique suisse

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