Père Frédéric Fornos. «Il faut croire en la fécondité de la prière»

Il vaut mieux trois fois une minute de prière par jour qu’une seule fois 20 minutes par semaine. Le Père Frédéric Fornos en est convaincu. Le directeur international du Réseau mondial de prière du pape mise aujourd’hui sur internet et les réseaux sociaux pour rejoindre le plus grand nombre de personnes dans le monde entier, entre autres avec l’application Click to pray et la Vidéo du pape.

Invité du rassemblement Prier Témoigner, le 11 novembre 2108, à Fribourg, le jésuite français Frédéric Fornos entend tirer le meilleur des nouvelles technologies pour propager les bienfaits de la prière. Auteur d’un b.a.-ba de la prière, mêlant dialogue, conseils pratiques et dessins humoristiques, il parle avec une abondance toute méridionale de la tradition de la prière développée depuis les premiers temps de l’Eglise. «Il faut croire en la fécondité de la prière comme une relation d’amour», explique-t-il. «On ne prie pas seulement pour soi. La prière est probablement le meilleur anti-dépresseur, mais elle va aussi plus loin. Elle peut agir dans le cœur des autres et dans le monde.»

L’amour, ça s’apprend

Pour le Père Fornos, «la prière est certes une relation d’amour spontané, mais l’amour demande aussi un apprentissage. Prendre le temps de la prière est d’abord un combat pour retrouver le silence. C’est ainsi que l’on descend de la tête au cœur. Il s’agit de se rendre vraiment présent, avec sa vie, avec ses tripes pour rejoindre le cœur de Jésus.»

A l’instar du pape François, jésuite comme lui, le Père Fornos rappelle que «sans la prière, nous sommes vulnérables tous les vents. Le diable peut alors facilement nous diviser». Prier signifie fondamentalement «s’ajuster au Christ pour rendre grâce, remercier, affronter les obstacles et choisir la vie».

Click to pray

L’idée de l’application Click to pray, lancée en 2015 reprend ce principe très simple. En trois fois une minute, le matin, durant la journée et le soir, elle invite à offrir sa journée, à se réorienter et à faire le bilan de son engagement. Disponible pour l’heure en six langues, l’application accompagne 35 millions de fidèles dans le monde. «En 60 secondes, on peut vivre beaucoup de choses. Il suffit de se poser, de s’arrêter dans sa course. C’est probablement plus efficace que de prendre la résolution de prier 20 ou 30 minutes une fois par semaine que l’on ne tiendra pas, note le Père Fornos. C’est comme la goutte d’eau qui tombe régulièrement et finit par user la pierre.»

 

L’Apostolat de la prière

L’intuition n’est pas nouvelle, elle remonte au moins à 1844, lorsque les jésuites de Toulouse proposent aux laïcs de s’associer par la prière aux missionnaires partis au Tamil Nadu, au sud de l’Inde. Ainsi naît l’Apostolat de la prière qui connaît une extension fulgurante dans un grand nombre de pays. Quelque temps plus tard, toujours avec la même idée, se crée en 1915, la Croisade eucharistique devenu le Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ)en 1962. Présent dans 59 pays, avec 1,6 million d’adhérents, il est aujourd’hui un des plus grands mouvements mondiaux de jeunesse après le scoutisme.

La globalisation et l’évolution des technologies de la communication au XXIe siècle offrent de nouvelles possibilités à ce qui est devenu le Réseau mondial de prière du pape. La règle de base reste la même: prier ensemble pour la mission de l’Eglise. «Dans une Eglise aussi diverse dans ses pays, ses régions ses continents et ses sensibilités, la prière commune joue un rôle essentiel pour la communion», rappelle le jésuite. En tant que directeur international, il a déjà parcouru pas moins de 68 pays.

La vidéo du pape

«Sans concordance avec la vie, pas de véritable prière. Elle doit transformer nos gestes et nos manières d’être. Elle nous rend disponibles pour les autres et pour le monde», insiste le Père Fornos. C’est ce qui ressort aussi des intentions de prières que le pape transmet chaque mois. Naguère sous forme écrite, elles sont transmises depuis 2016 sous forme de vidéos de 60-80 secondes soigneusement mises en scène et en musique et montées à l’instar des clips publicitaires.

 

La vidéo du pape cartonne. Il faut dire que le Réseau ne lésine pas sur les moyens. La production se fait en collaboration entre les trois unités de Rome, de Buenos Aires et de Barcelone. Il y a d’abord un travail préliminaire de conception du scénario. Un premier script est transmis au pape qui reste libre de l’adapter avant l’enregistrement. «Très souvent, pour cet enregistrement, le pape François se tient devant le tableau de la Vierge qui défait les nœuds, il y tient beaucoup», confie le jésuite.

Ensuite viennent l’illustration et d’habillage sonore confiés à des professionnels du cinéma. Le bureau de Barcelone se charge habituellement de la production finale. Il y a enfin le travail de doublage en dix langues, dont le chinois. Nouveauté encore, le pape ne s’adresse pas seulement aux catholiques, ni même aux chrétiens, mais à tous les hommes de bonne volonté. Pour 2018 le pontife a abordé entre autres les questions des minorités religieuses, de la famille, des réseaux sociaux, des jeunes d’Afrique ou de l’économie.

«Le Seigneur ne veut pas agir sans nous. A l’aveugle Bartimé qui crie pour attirer son attention, Jésus demande: ‘ Que veux-tu que je fasse pour toi?’ Il veut qu’il exprime librement son désir. ‘Que je voie Seigneur!’  Alors Jésus peut le guérir», conclut le Père Fornos. (cath.ch/mp)

Maurice Page

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