Bâle-Ville: un prêtre condamné pour abus sexuel renonce à diriger une paroisse

Le prêtre Stefan Küng, condamné en 2012 pour des actes sexuels sur un mineur, a renoncé le 15 janvier 2019 à occuper le poste de curé de la paroisse de Riehen (BS). Un article de presse révélant les détails de son acte serait à l’origine de sa démission.

Stefan Küng n’aurait pas uniquement massé les pieds d’un jeune de 15 ans. Il l’aurait également caressé sous son t-shirt et donné un baiser dans le cou. Ces détails ressortent de l’ordonnance pénale rédigée dans le cadre de la condamnation du prêtre en juin 2012 par le ministère public de Thurgovie. Le prêtre avait été condamné à une amende de 4’000 francs avec sursis. L’agression aurait eu lieu alors qu’il travaillait dans la paroisse thurgovienne d’Aardorf, entre 1999 et 2010. Des informations rendues publiques le 15 janvier 2019 par le quotidien Basellandschaftliche Zeitung (BZ), qui a eu accès au document.

Charge psychologique trop intense

La commission électorale paroissiale de Riehen avait élu en septembre 2018 le prêtre au poste de curé, avec – comme c’est la procédure à Bâle– l’autorisation du diocèse, qui y voyait un moyen de «resocialisation» de l’ecclésiastique. Lors d’une séance d’information paroissiale sur le cas, le 10 janvier 2019, Stefan Suter, président de la commission électorale, ainsi que Stefan Küng avaient au cependant assuré que l’acte sexuel en question ne concernait qu’un massage des pieds. L’évêché et la commission paroissiale avaient-ils ainsi connaissance de la totalité des faits? Il ressort en tout cas que pour des raisons de protection des données, le transfert du contenu de l’ordonnance pénale par le Ministère public aux médias ne s’est effectué qu’au 15 janvier 2019.

Suite aux révélations du BZ, la commission électorale paroissiale a publié un communiqué annonçant que Stefan Küng renonçait à sa candidature. «La charge psychologique a atteint un tel niveau qu’il n’est plus possible d’y faire face sans dommages à sa santé», explique le communiqué relayé par le média alémanique SRF.

Dégâts d’image pour l’Eglise

Pour cette tentative de resocialisation, «L’Eglise supporte à présent un lourd dégât d’image», a commenté Hansruedi Huber, porte-parole du diocèse de Bâle. Il a assuré que l’évêque s’était efforcé d’obtenir une décision «juste» et avait délibérément choisi la voie la moins aisée, après avoir consulté les dossiers et des experts. Il était déterminant pour Mgr Gmür que les élections se déroulent démocratiquement et de façon ouverte au public. L’élection de Stefan Küng s’était en fait tenue, en septembre 2018, de façon tacite entre les membres de la commission. Mais, ayant appris par voie de presse le passé du prêtre, des paroissiens avaient lancé une pétition référendaire afin de recourir à une élection publique. La dite procédure aurait dû avoir lieu le 10 février 2019.

Défaut de transparence

Hansruedi Huber qualifie «d’erreur décisive» le fait que beaucoup de questions n’aient pas trouvé de réponse, lors de la réunion d’information du 10 janvier. «Un processus de resocialisation ne peut se faire que dans une totale transparence». Il avait rappelé à kath.ch, en septembre 2018, que l’évêque avait mis près d’un an à donner son aval à l’élection du prêtre. Le prélat avait suivi également les recommandations de la Congrégation pour la doctrine de la foi, au Vatican, qui avait déjà évalué le cas de Stefan Küng en 2012. L’instance avait alors ordonné à l’évêque de ne donner au prêtre qu’une «sévère réprimande». (cath.ch/kath/gs/arch/rz)

Bâle-Ville: un prêtre abuseur réintégré dans une paroisse

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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