La journée, qui déclinait conférences et ateliers sur le thème des « chantiers » de l’Eglise , a suscité un grand intérêt. Davantage de personnes que prévu ont afflué à la Pfalzkeller de Saint-Gall pour souhaiter bon anniversaire au SPI.
« Les responsables de l’Eglise auraient commis une erreur s’ils n’avaient pas créé le SPI, il y a 50 ans », a déclaré Mgr Markus Büchel, évêque de Saint-Gall et responsable du Département de la pastorale à la Conférence des évêques suisses (CES). Le fait que l’Institut existe encore aujourd’hui est un signe de la force de persuasion qu’il a montrée, ainsi que de sa volonté de persévérer et « de s’accrocher à une tâche reconnue comme nécessaire », a ajouté le vice-président de la CES.
L’histoire du SPI est étroitement liée aux catholiques de Saint-Gall, qui ont l’ont fondé à la fin des années 1960. Un parcours dûment retracé par l’évêque, qui a expliqué comment l’Institut avait été marqué par le Concile Vatican II (1962-1965). Mgr Büchel a également rappelé ses principales réalisations. Le prélat saint-gallois a souligné que ces travaux l’avaient aidé, alors qu’il était aumônier et prêtre, à ne pas perdre de vue les changements de la société. Ils l’ont incité à comprendre la pastorale comme « un chemin avec les personnes » dans une « ouverture sans crainte ». On doit aux responsables d’Eglise successifs d’avoir insufflé un tel esprit dans le diocèse de Saint-Gall. Ces derniers ont été encouragés à avancer dans cette direction grâce aux impulsions données par le SPI.
La création par les évêques de la Commission suisse de planification pastorale, suite aux décisions du Synode 72, a constitué un jalon important, a assuré Mgr Büchel. Elle a permis de faire fructifier, également au niveau des diocèses, les résultats des recherches en sociologie pastorale.
L’évêque a exprimé des remerciements particuliers pour le travail accompli par l’Institut dans le cadre du Synode des évêques sur la famille (2016) et du Synode des jeunes (2018). Il a mentionné également la publication La diversité des modèles familiaux au sein de l’Eglise catholique (SPI 2015).
« Le plus vieux SPI de l’histoire de l’Eglise était la salle d’écriture de l’évangéliste Luc », a relevé Daniel Kosch, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). Le représentant de l’association des corporations ecclésiastiques, qui co-finance le SPI, a étayé cette affirmation par des arguments bibliques. Il a rappelé que l’évangile de Luc commençait par « une réflexion sur les méthodes » et que les Actes des apôtres avaient « un bon sens de la recherche sociale qualitative ».
Pour Daniel Kosch, la sociologie pastorale, comprise comme une préoccupation du concret, a toujours fait partie de l’ADN de l’Eglise. Il a également souligné l’importance de l’histoire du Salut et de la tradition de l’Eglise pour la planification pastorale. « Sans le long souffle donné par l’histoire du Salut », cette planification serait aujourd’hui à « bout souffle ». Il s’est donc réjoui qu’au SPI, non seulement la sociologie, mais aussi la théologie soient valorisées.
Il a rappelé que l’impulsion de la création du SPI – « une importante réalisation commune de la pastorale et des instances de droit ecclésiastique » – provenait des autorités de droit ecclésiastique, plus précisément d’Urs Cavelti, l’ancien président du Conseil de la corporation ecclésiastique du canton de Saint-Gall. Ce dernier rappelait constamment que chaque décision de droit ecclésiastique ou financière était précédée d’une décision pastorale. Il était convaincu que les mesures pastorales et financières avaient besoin d’une « base de décision ancrée dans la réalité sociale concrète ».
Au cours de la soirée, d’anciens membres du SPI ont été invités par le directeur Arnd Bünker à prendre la parole. « Notre travail a toujours été imprégné d’un soupçon de tristesse », a confié Alois Odermatt, directeur de l’Institut de 1977 à 1984. Dans le passé, il est apparemment arrivé assez fréquemment que les évêques n’aient pas procédé aux démarches nécessaires, du point de vue du personnel du SPI. « On avait fait de gros efforts. Et soudain un ‘non’ est tombé, alors qu’au début les évêques avaient dit oui », a affirmé l’historien.
Claudia Mennen, membre de la Commission de planification pastorale de 1996 à 2003, a réalisé, à un moment donné, que sa marge de manoeuvre était limitée. « J’ai compris que je ne savais pas entrer dans le jeu de pouvoir, et que je ne voulais pas y entrer ». Sur un ton critique, la théologienne allemande a souligné que l’on ne pouvait conseiller qu’une institution qui le voulait. Pour Claudia Mennen, l’Eglise est toujours en marche pour devenir une institution synodale. Une avancée qui « ne tombera pas du ciel ». Pour la théologienne, certaines personnes devraient lâcher du pouvoir afin que d’autres puissent s’impliquer davantage.
Plus de participants que prévu
La journée du SPI a suscité un grand intérêt. Selon Arnd Bünker, environ 200 personnes se sont inscrites, alors que de 120 à 150 étaient attendues. Des personnalités éminentes de l’Eglise en Suisse ont participé à l’événement, dont Mgr Urban Federer, Père-Abbé d’Einsiedeln, ainsi que Markus Thürig et Guido Scherrer, respectivement vicaires généraux du diocèse de Bâle et de Saint-Gall.
Outre les conférences, la journée a proposé de nombreux ateliers sur les « chantiers » de l’Eglise, avec des thèmes tels que la diaconie, le manque de vocations, la pastorale pour handicapés ou encore la reconversion des édifices religieux. A la fin de la manifestation, les participants se sont faits offrir le livre du jubilé du SPI intitulé « Putting people in the centre » [Mettre les personnes au centre]. (cath.ch/kath/bal/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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