L’humilité des dinosaures

Je suis en escale pour trois jours à Kinshasa, avant de rejoindre mon Kasaï. Je loge dans une pension religieuse. Entre ma chambre et la chapelle, je traverse une cour goudronnée et poussiéreuse, royaume de gigantesques et placides lézards gris à tête rouge ou verte ou presque bleue. Chemin faisant, nous nous regardons comme des monstres. Je me prends à penser aux dinosaures des temps jadis.

Or je fais fausse route: les animaux descendant des dinosaures seraient, disent les paléo-biologistes plutôt les poules que les lézards à crêtes rouges. Me revient à la mémoire une lecture de Michel Serres récemment disparu. Dans un petit ouvrage vivifiant C’était mieux avant, l’auteur réfléchit sur le désarroi des «grands-papas ronchons» qui voient que la France n’est plus la puissance qu’elle était. Etait-ce vraiment mieux avant, au temps des millions de morts de l’Empire napoléonien, par exemple?

«La seule chance de survie d’une espèce est dans l’humilité et la petitesse»

Et de poursuivre par une réflexion plus large et féconde. Alors qu’on croit facilement que la puissance dominatrice est le salut, le passé de la terre montre le contraire. La seule chance de survie d’une espèce vivante est dans l’humilité et la petitesse.

Tous les dinosaures ont disparu… mais en fait pas vraiment: sont restés ceux qui ont eu l’humilité d’évoluer en paisibles volatiles…

Le salut ne vient que de l’humilité, la discrétion et la petitesse. Cela fait des siècles que les Eglises propagent cette parole d’évangile. Elle deviendra peut-être enfin efficace quand les Eglises elles-mêmes la pratiqueront. De gré ou de force.

Guy Luisier

30 juin 2019

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