Brésil: 20 ans après sa mort, Dom Hélder Câmara bientôt béatifié?

Dom Hélder Câmara, l’apôtre d’une Église pauvre pour les pauvres, est mort le 27 août 1999. L’évêque d’Olinda et Recife, dans la région du Nordeste brésilien, incarnait la non violence et l’opposition au gouvernement militaire de l’époque (1964-1985). Le 5 septembre, débutera au Vatican l’examen de la demande de béatification.

Après une vie dédiée aux causes sociales et à la défense des droits humains, Mgr Hélder Câmara est toujours plus proche d’être considéré comme un saint par l’Église catholique. Ouvert officiellement en février 2015, le procès en béatification s’appuie sur un dossier de 197 pages, incluant la biographie du religieux et 54 témoignages de personnes qui ont vécu avec Dom Hélder Câmara, nommé à quatre reprises pour le prix Nobel de la Paix. Le document a été préparé par Jociel Gomes, frère franciscain responsable de la demande de béatification au nom de la hiérarchie de l’Église brésilienne.

Dans la mesure où Dom Hélder Câmara est considéré comme «vénérable», des témoignages de miracles sont compilés et analysés par des spécialistes du Vatican. L’archevêque pourrait devenir bienheureux dès que son premier miracle sera reconnu par l’Eglise. La canonisation à proprement parler n’interviendra que lorsque sera obtenue la confirmation d’un second miracle.

Architecte des Communautés ecclésiales de base

Connu comme le «messager de l’espoir», Dom Hélder Câmara a été nommé archevêque de Olinda et Recife en 1964. Il a très vite incarné la résistance à la dictature militaire brésilienne. Le prélat a même été surnommé «l’évêque rouge» et a été persécuté par les militaires. Déclaré Patron brésilien des Droits Humains en 2017 à travers une loi fédérale, il a été l’un des grands responsables du renforcement des communautés ecclésiales de base qui ont lutté contre ce régime autoritaire.

Mgr Hélder Câmara a été ordonné prêtre à l’âge de 22 ans. Son engagement social a été en permanence au centre de son activité religieuse. En plus d’être responsable de la Jeunesse Ouvrière Catholique, le religieux a fondé en 1933 le Syndicat ouvrier féminin, une entité qui a lutté pour les droits des employées domestiques et des lavandières.

Durant la 2e Guerre mondiale, il a accueilli des migrants et réfugiés arrivés sur le territoire brésilien. Il est devenu évêque en 1952, année durant laquelle il a fondé la Conférence Nationale des Évêques du Brésil (CNBB).

«Un exemple de sainteté»

Interrogé par le journal «Brasil de Fato», le théologien et moine bénédictin Marcelo Barros, ordonné par Hélder Câmara en 1969, estime que le Vatican ne va faire que valider des points déjà connus. «Les gens simples, les gens de l’archevêché d’Olinda et Recife et même de l’ensemble du Brésil, qui ont accompagné la vie de Dom Hélder, savent que c’est un saint. C’est même un exemple de sainteté. Tous ceux qui l’ont connu sont d’accord avec ça. Le processus de béatification va simplement confirmer cela officiellement», déclare celui qui a travaillé à partir de 1976 comme secrétaire et conseiller de l’archevêque.

Le théologien assure également qu’avec cette béatification, les nouvelles générations pourront entrer en contact avec les paroles et exemples de Dom Hélder Câmara au côté des plus démunis. En outre, sa lutte pour la défense des droits humains n’est pas seulement actuelle mais urgente.

«Je l’ai rencontré dans sa maison dix jours avant sa mort, ajoute Marcelo Barros, et il m’a dit: «Ne laisse pas tomber la prophétie !». La prophétie de Dom Hélder, le travail au nom de Dieu consistait à défendre le droit de tous les peuples, de tous les pauvres, le droit de la nature. Il a été le témoin que le projet de Dieu pour le monde est la Communion, la Justice et la Paix.


Don Hélder en Suisse

En Suisse, Dom Hélder Câmara a fait sensation en juin 1989. Près de 5’000 personnes étaient présentes à la patinoire Saint-Léonard, à Fribourg, pour écouter un concert exceptionnel. Sous la direction de l’abbé Pierre Kaelin, quelque 400 choristes, un orchestre de jazz, une orchestre symphonique de 50 musiciens avaient interprété «La Symphonie des deux Mondes». Le texte était signé Dom Hélder Câmara, sur une musique de Pierre Kaelin. Et l’archevêque émérite œuvrait comme récitant.

Interviewé à ce propos, Mgr Pierre Mamie (1920-2008), évêque émérite de Lausanne, Genève et Fribourg, témoignait: «Je l’ai vu, écouté, regardé, admiré ce soir-là dans la patinoire de Saint-Léonard. Il était comme un très grand acteur, dépouillé de tout, comme les pauvres qu’il aimait tant. Cela ne s’oublie pas et conduit chacun à suivre, même si cela n’est pas facile, un tel exemple».

Dix ans plus tard, en février 1999, pour marquer les 90 ans de l’archevêque brésilien, et en souvenir de l’événement musical que créa sa rencontre avec l’abbé Pierre Kaelin, le Chœur symphonique de Fribourg avait organisé une messe d’action de grâces à la cathédrale St-Nicolas de Fribourg. (cath.ch/jcg/arch/gr)

Grégory Roth

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