Sortant de leur habituelle discrétion, des médecins catholiques belges ont lancé un appel à l’ensemble des parlementaires belges. Leur propos vise à une défense de l’éthique médicale, leur éthique. C’est le cas de Henri Marechal, médecin généraliste à Anderlecht depuis 30 ans et nouveau président de la Société Médicale Belge Saint-Luc.
Déjà le 12 novembre dernier, les évêques belges s’inquiétaient du fait que l’avortement soit à l’avenir considéré comme « une intervention médicale ordinaire », avec tout ce qui en découle. Dans une prise de position commune signée par le cardinal Joseph De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique, les évêques de Belgique déploraient qu’un an à peine après avoir sorti l’avortement du Code pénal, une nouvelle révision de la loi sur l’IVG était envisagée. « On veut élargir la possibilité de pratiquer un avortement jusqu’à la dix-huitième semaine de grossesse et réduire le délai de réflexion obligatoire de 6 jours à 48 heures… »
Dans leur courrier adressé aux parlementaires, les médecins catholiques belges disent leur crainte quant à la possible extension de la loi sur l’avortement. Le docteur Henri Marechal confirme à CathoBel redouter une atteinte, voire une restriction, à la liberté de conscience individuelle des médecins.
« C’est clair. Beaucoup de gens s’occupent des répercussions sur les femmes. Ici, j’ai voulu prendre un autre angle d’attaque. La liberté de conscience [des médecins, ndlr] est progressivement restreinte et risque de disparaître. Il y a d’ailleurs des pays européens, comme la Norvège et la Suède, qui ne la reconnaissent pas.
Ces dernières années se développe l’idée commune selon laquelle « les médecins sont là pour pourvoir aux droits des patientes » et comme l’avortement est un droit, il n’y a qu’un pas vers une obligation à pratiquer l’acte lui-même. Les médecins catholiques craignent d’y être contraints, par exemple en cas de garde ou lors du remplacement d’un médecin absent.
Convaincu que « l’avortement inflige une blessure », que c’est « un acte extrême », le docteur Henri Marechal reconnaît toutefois que la décision n’est jamais facile. « Il est impossible de revenir en arrière. C’est poignant de voir les interférences et les répercussions graves d’un avortement dans la vie ». Aussi éprouve-t-il « de la compassion par rapport aux victimes » que sont pour lui ces femmes. Et de conclure avec l’histoire d’une jeune femme enceinte d’un père inconnu, qui a choisi de garder son bébé. « Vingt-cinq ans plus tard, cet enfant, devenu un homme et père à son tour, lui donne une famille. La seule qu’elle possède… » (cath.ch/cathobel/be)
Jacques Berset
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