Les voyages du pape en 2019: un pontificat «itinérant»

En 2019, le pape François a effectué sept voyages apostoliques internationaux dans onze pays. Un nombre record de déplacements pour un «pontificat itinérant» qui se concentre sur les périphéries géographiques et existentielles.

«Je vais vous dire une chose: je n’aime pas voyager». Ce sont les paroles apparemment surprenantes que le pape François a prononcées le 8 juin dernier en s’adressant à un groupe de jeunes reçus au Vatican dans le cadre de l’initiative «Le Train des enfants». Le pape a ajouté au sujet des voyages: «Ce qui m’est arrivé est ce qui arrive aux enfants capricieux: vous n’aimez pas la soupe? Deux plat! Tu n’aimes pas les voyages? Vous allez faire des voyages… C’est vrai que dans les voyages vous trouvez toujours des gens, des gens bien et vous apprenez beaucoup», rapporte Vatican News.

Dans cette réponse, si simple et directe, se trouve le sens profond du voyage du pape: rencontrer des gens, connaître les contextes. D’une certaine manière, comme le Washington Post l’a également noté récemment dans un article de Chico Harlan, le pape utilise les voyages apostoliques pour «réformer l’Eglise» en se concentrant sur les périphéries, d’où il puise la sève pour lancer de nouveaux processus d’évangélisation.

L’esprit du voyageur

Pourtant, lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio quittait rarement son diocèse. Il a effectué peu de voyages internationaux, principalement en Amérique latine ou à Rome, pour les Synodes et le Consistoire. Mais le pape a toujours gardé l’esprit du voyageur, un esprit missionnaire qui, très jeune, lui a fait rêver d’aller au Japon sur les traces de Saint François-Xavier.

Un désir que, d’une manière imprévisible pour le jeune jésuite argentin, Bergoglio a pu réaliser cette année comme pape en visitant le Pays du Soleil Levant. Dans son immense diocèse de Buenos Aires, le futur Pape a beaucoup voyagé mais presque toujours en transports publics.

Une «chose normale» pour l’évêque puis le cardinal d’alors et qui avait suscité une grande sensation lorsque, immédiatement après son élection, on a fait circuler des photos du nouveau pape assis comme un voyageur de banlieue dans un bus de la capitale argentine. Le nouveau pape a immédiatement senti que son diocèse était le monde et qu’il devait repartir, avec le même esprit qui l’avait animé jusqu’à présent, mais dans un espace beaucoup plus grand.

Un pontificat «itinérant», «synodal», comme le montre de façon frappante cette année 2019, année record pour les voyages apostoliques internationaux. François en a fait jusqu’à sept, visitant onze pays sur quatre continents. Il faut revenir à 1982 et à saint Jean Paul II pour enregistrer le même nombre de visites du successeur de Pierre au-delà des frontières de l’Italie.

La culture de la rencontre

En relisant les sept voyages de cette année, on peut aussi retrouver les grands points de l’action pastorale de Bergoglio: les jeunes, dans le voyage au Panama pour les JM; le dialogue interreligieux, dans les voyages aux Emirats arabes et au Maroc; le dialogue œcuménique, dans les visites en Bulgarie et en Macédoine du Nord, puis en Roumanie.

Aussi, la protection de l’environnement et le soin des pauvres dans le voyage au Mozambique, à Madagascar et à l’île Maurice; enfin, la paix et la promotion des droits des femmes et des enfants comme points clés du voyage asiatique en deux étapes en Thaïlande et au Japon.

C’est précisément en saluant les journalistes qui ont pris le vol pour la Thaïlande que le Pape a observé qu’il «est si bon pour les gens d’être informés et aussi de connaître les cultures qui sont loin de l’Occident». Avec ses voyages, François apporte en effet la lumière dans des coins du monde où les mass media ne vont jamais, mais qui grâce à sa présence deviennent «visibles» pour la communauté internationale, appelée à prendre soin de peuples et de terres autrement oubliés.

La «culture de la rencontre» fait son chemin aussi grâce à ses voyages. Des voyages qui durent bien au-delà du moment où le pape monte dans l’avion pour retourner à Rome. Non seulement pour les gens, mais aussi pour lui qui, dans une interview, a confié qu’il portait dans son cœur les personnes rencontrées au cours de ses voyages, qu’il prierait pour elles pour les situations douloureuses et difficiles «afin que les inégalités que j’aie vues se réduisent». (cath.ch/vatnews/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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