Première visite au pape du nouveau chef des finances du Vatican

Le nouveau chef des finances du Vatican, Juan Antonio Guerrero Alves, a effectué le 23 janvier sa première visite au pape. Rien n’a filtré de cet entretien. Entré en fonction alors que le Saint-Siège est ébranlé par un scandale de corruption, il est attendu sur une difficile réformes des finances.

Le jésuite espagnol Juan Antonio Guerrero Alves, 60 ans, est entré en fonction le 1er janvier dernier en tant que préfet du Secrétariat aux affaires économiques, un poste que l’on peut assimiler à celui de ministre de l’économie. Nommé le 14 novembre 2019 par le pape François, il succède au cardinal australien George Pell, condamné le 21 août 2019 pour abus d’enfants. Aucun détail n’a été donné sur sa première rencontre avec le pape François.

Responsable de toutes les activités économiques du Saint-Siège et de l’Etat du Vatican, il occupe l’une des positions les plus influentes dans la direction de l’Eglise catholique. Son mandat est de cinq ans, renouvelable. Selon un accord entre l’ordre des jésuites et le pape François, Juan Antonio Guerrero Alves ne sera pas ordonné évêque. Il restera un simple prêtre, afin de pouvoir retourner au service religieux à la fin de son mandat.

Un jésuite à la formation polyvalente

Né à Mérida, dans le sud-ouest de l’Espagne, Juan Antonio Guerrero Alves est entré dans l’ordre des jésuites à l’âge de 20 ans. Il a fait ses études en Espagne, au Brésil, en France et aux États-Unis, obtenant des diplômes en économie, philosophie, littérature et théologie. Après avoir enseigné plusieurs années la philosophie sociale et politique, il a été responsable dès 2003 de la formation des jésuites en Espagne.

En 2008, il est devenu Provincial de la congrégation des Jésuites d’Espagne. En 2015, il a pris en charge la gestion économique des projets de l’Eglise au Mozambique. Il supervisait depuis 2018 les jésuites au service des organismes jésuites dépendant de la Curie généralice et des institutions du Saint-Siège.

Transparence et maîtrise des coûts

La gestion des conséquences du scandale qui a ébranlé le Vatican l’an dernier sera la mission première de Juan Antonio Guerrero Alves.  «La réforme financière se poursuit, sur le versant de la transparence et de la maîtrise des coûts», a promis le Saint-Siège à travers son organe de communication, Vatican News, dans un article de fin d’année tirant le bilan 2019 du pape François.

L’administration financière du Vatican avait fait la une des journaux en raison de la spéculation immobilière et des enquêtes internes pour corruption. Déjà sous le cardinal Pell, préfet économique de 2014 jusqu’à son congé en 2017, une lutte ouverte était en cours à la Curie pour le contrôle des finances.

La reprise en main du pape

Dès l’automne 2019, comme les résistances au changement semblaient toujours aussi fortes dans la Curie, le pape François a pris les choses en main. Après la nomination de Juan Antonio Guerrero Alves, le 14 novembre, il a remplacé le 28 novembre le président de l’Autorité d’information financière (AIF), l’avocat suisse René Brülhart, par l’Italien Carmelo Barbagallo, haut cadre de la Banque d’Italie. Avant cela, il avait nommé en octobre 2019 le procureur anti-mafia Giuseppe Pignatone président du Tribunal de l’Etat du Vatican. Une façon de montrer sa détermination à mener le combat contre les graves dérives financières du Vatican.

Avec le nouveau président de l’AIF, Carmelo Barbagallo, Juan Antonio Guerrero Alves devra poursuivre la réforme tout en gérant un déficit en 2018 de 70 millions d’euros, le double par rapport à l’année précédente selon les médias italiens, pour un budget s’élevant à environ 300 millions. Loin de les maîtriser, le pape, défenseur d’une «Eglise pauvre pour les pauvres», réclame donc une «réduction des coûts» (cath.ch/kath.ch/ag/cic/cp)

Le scandale qui a ébranlé le Vatican

Les caisses du Vatican ont été victimes ces dernières années de détournements de fonds, de fraudes et de blanchiment d’argent dans une affaire mêlant corruption et abus de pouvoir. Selon l’hebdomadaire L’Espresso, à l’origine de ces révélations en automne 2019, le Saint-Siège se trouve face à un «scandale ayant peu de précédents dans l’histoire récente». Ses enquêtes démontrent comment des centaines de millions d’euros, destinés aux œuvres de bienfaisance du Vatican, ont en réalité été investis dans la plus grande opacité.
Autre affaire, l’automne dernier, avec les révélations sur un immeuble de Londres vendu au Saint-Siège en 2014 sur la promesse d’un investissement lucratif. Bien que l’achat ne rende pas, l’archevêque Edgar Peña Parra, nouveau dirigeant de la Secrétairerie d’Etat, préfère acheter toute la construction. Il réclame les liquidités nécessaires à l’IOR, la Banque du Vatican, pour «raisons institutionnelles». Son directeur général, Gian Franco Mammi, ouvre une enquête interne, qui se transformera en plainte auprès de la justice vaticane. Le pontife autorise en juillet 2019 l’ouverture d’une enquête pénale. (cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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